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mercredi 26 février 2014

Stages en RCA

J'ai toujours pensé que tout  gouvernement devrait prendre en compte davantage, comme le faisaient les Anciens, les signes discrets que le hasard nous accorde pour orienter nos choix et nos décisions et parfois pour nous en faire prendre certaines que nous n’avions pas envisagées. 

Ainsi, les Grecs ou les Latins prenaient-ils une décision selon qu'ils avaient vu tel ou tel oiseau à droite et à gauche ou que les entrailles d’un animal sacrifié à cette fin avaient une apparence ou une autre. Plus près de nous, nos aïeux passaient une journée d’inquiétude s‘ils avait vu un chat noir le matin sur leur gauche ou, pire encore, redoutaient sept ans de malheur pour avoir cassé un miroir !
Sans aller jusque-là, on pourrait toutefois tirer un meilleur profit des signes discrets que nous adresse le hasard. Ainsi notre Assemblée nationale a-t-elle délibéré en 24 heures à la fois, sur la rémunération des stagiaires (lundi 21février) et sur le contingent français en RCA (mardi 22). Comment ne pas voir en cette curieuse conjonction un signe discret du destin ? « Quel rapport entre la RCA et la rémunération des stages ? », vous impatientez-vous déjà, suspicieux lecteur et impétueuse  lectrice ? La relation me paraît pourtant évidente !

Quelques mots d'introduction sur l’un et l’autre de ces sujets vont assurément vous éclairer et je l'espère vous convaincre!

Les stages sont devenus une spécialité française en matière d'éducation et de formation, comme les fromages et les grenouilles le sont en matière gastronomique. Le stage a de gros et multiples avantages : soulager les enseignants (les cours disparaissent parfois pendant les périodes de stage en particulier pour les étudiants dans les universités) ; fournir la matière d'un vague travail final personnel pompeusement et fallacieusement baptisé rapport de stage ; mais surtout le stage a l'immense avantage de donner à penser que, par là, les jeunes (car maintenant on est en stage à partir de la troisième) sont, par cette voie concrète, initiés à la vie professionnelle et bénéficient d'éléments de formation qu'ils pourront faire figurer dans leur curriculum vitae. Chacun sait bien que, le plus souvent, tout cela n'est que de la foutaise et que la plupart des stagiaires n’acquièrent guère une réelle expérience professionnelle que dans la photocopie et le café. Les seuls à recevoir quelque formation que ce soit sont les malheureux enseignants quand ils ont la conscience étrange de vouloir trouver des stages pour leurs élèves ou leurs étudiants qui en ont besoin, mais dont nul ne veut.

00Ce point de vue date un peu bien sûr, puisque depuis que notre assemblée nationale s'est penchée, lundi 21 février 2013, sur ce problème. Le rapporteur Chaynesse Khirouni (les Chinois sont décidément partout) est, en fait, une rapporteuse qui a découvert, non sans mérite, la vraie vérité sur les stages à l'occasion des nombreuses auditions auxquelles elle s'est livrée, même s'il n'était guère besoin d'en faire tant pour se rendre compte de ce qu’il en est.

Madame Chaynesse a rendu la gratification obligatoire pour tous les stages à partir de deux mois ; elle sera due, dès le premier jour, grâce à un amendement à la proposition de loi socialiste sur les stages. Le PS n'a pas condescendu à laisser passer le modeste amendement du Front de gauche qui voulait étendre cette généreuse initiative au premier jour de tout  stage ; il en a été de même pour l'amendement écologiste visant à d'abaisser le seuil minimal de la rémunération. Voilà qui ne va pas améliorer les relations du gouvernement avec son aile écologique qui profite odieusement de son avantage stratégique avant les élections.

 On aurait pu aisément traiter dans la foulée de la réforme des stages, en ce lundi 21 février 2013, les modifications de la durée du séjour et de l'importance du contingent français en République Centrafricaine qui sont, au fond, une espèce de stage pour nos bidasses mais dont on a traité que le mardi !

 Il est vrai que, dans ce cas des militaires, le problème des rémunérations ne se pose guère ! Les soldes sont très largement augmentées pendant ces périodes de stage baptisées "opérations", sans compter les bonifications d'ancienneté. On constate, depuis décembre 2013, que ces stages sur le terrain devraient être faits bien plutôt par les responsables de notre armée et du ministère de la défense, avant qu’ils conçoivent et décident eux mêmes des stages destinés à nos soldats dans les pays en cause, dont nos décideurs semblent tout ignorer.

On se souvient, en effet, qu'au moment de l'envoi des 400 premiers soldats français en RCA, nos plus hautes autorités gouvernementale et militaires nous avait assuré, le torse bombé, que ce stage centrafricain serait de courte durée, ne nécessiterait la présence que de faibles contingents de stagiaires et qu'au fond, il serait dans un genre différent, sur le modèle classique « photocopies café »), la seule présence de nos beaux militaires suffisant à terrifier les fauteurs de troubles, d’un bout à l’autre de la RCA, grande comme la France et sans frontières bien sûres !

Le nombre de nos stagiaires militaires a déjà pratiquement doublé ou triplé, comme la durée de leur stage qui devait être compté, au départ en mois, et semble devoir désormais être évaluée en années. Je pense que si l’on avait eu la prudence d'envoyer en stage à Bangui Messieurs Hollande, Le Driant, Fabius et quelques généraux dont l'amiral qui commandait à ce moment-là nos forces armées, ils auraient pu, à condition toutefois, de sortir du Salon VIP de l’aéroport de Bangui, de l’ambassade de France comme du Hilton et du Hyatt, prendre une connaissance un peu plus précise et étendue du terrain centrafricain.

 Dans un pays sans gouvernement réel depuis des décennies et qui accueillait sans contrôle ni autorité tous les traîneurs de kalachnikovs des Etats limitrophes, les conflits interethniques traditionnels ont pris désormais l’allure d'une insolite guerre de religions. Cette particularité est d’autant plus étrange qu’elle est en fait plus sociale que religieuse et qu’elle oppose des croyances minoritaires (les animistes ou réputés représentent 35 % de la population - en fait bien plus - et les protestants 25 %, les catholiques n'étant que 25 % et les musulmans 15 %.  (Ces données viennent du site de la CIA, dont je recommande la lecture à nos gouvernants comme à nos militaires plutôt que celle des rapports de nos postes diplomatiques). Tout cela  n'a d'ailleurs pas grand sens dans le contexte africain, car les problèmes de la RCA sont venus pour une bonne part de l'extérieur, lointain (Emirats) ou proche. À partir du moment où les conflits soudanais puis libyen et enfin malien ont rendus disponibles et oisifs des milliers de mercenaires fortement armés, il leur fallait bien de nouveaux terrains pour leurs exactions et leurs pillages !

Le Mali a tourné la tête à nos gouvernants qui ont, de plus, en ligne de mire les imminents chiffres du chômage 2013, alors que l’Ukraine commence à se régler pour leur malheur et  sans doute aussi plus encore pour le nôtre car nous allons, si j'ose dire, "casquer" ! Quant aux généraux, ils ne pensent qu’au budget de la défense au plan collectif, et aux intérêts immédiats les leur et  de l’armée  (supplément de soldes et de retraite en opération). 

A quoi bon avoir une armée si coûteuse si l’on ne s’en sert pas, scrongneugneu !

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