L'affaire de la Marseillaise et de Madame Taubira est depuis longtemps close et même oubliée, fort heureusement, mais nul n’a songé, dans cette affaire, alors qu’on faisait grand cas de la Syrie et des Français qui s’y rendaient, à rapprocher la Marseillaise d'un autre chant français qui la remplaça un moment, surtout sous le Second Empire, même s'il était né sous le Premier.
Ce fut alors une sorte de chant national officiel, alors que Napoléon III (« le petit ») avait plus ou moins fait interdire la Marseillaise, jugée républicaine voire révolutionnaire. Il s'agit d'un chant qui aurait été composé par Hortense de Beauharnais, sur un texte de 1807 écrit par Alexandre de Laborde. Ce poème rapproche, sans le dire, la campagne d'Égypte du général Bonaparte d'une prétendue croisade de Jean de Dunois (1402-1468), le « bâtard d'Orléans » qui, si je me souviens bien, s’est limité en fait à un projet de croisade. Les premiers vers furent une véritable « scie » à cette époque et tout le monde fredonnait le début de ce chant :
« Partant pour la Syrie, / Le jeune et beau Dunois… ».
Ces jours-ci, le « jeune et beau Dunois » a été remplacé par Madame Souad Merah dont on ne savait pas trop si elle était, elle aussi, « partie pour la Syrie ». Cette dame avait connu déjà un moment de gloire, après les assassinats commis par son frère et sa mort lorsqu’elle exalta ses crimes (vous souvenez sans doute qu'il avait massacré des enfants juifs et un professeur ainsi que trois parachutistes, ce qui constitue assurément un titre de gloire pour la famille Merah). Elle fut quelque peu inquiétée par la police pour ses déclarations jugées provocatrices, mais fut très rapidement mise hors de cause, à juste titre en dépit de ses opinions.
Comme ces derniers jours, elle avait disparu avec ses quatre enfants, on s'interrogea sur sa destination, sa mère affirmant qu'elle était en vacances à Djerba tandis que la police la soupçonnant, Dieu sait pourquoi, d'être partie pour la Syrie (comme le jeune et beau Dunois en son temps !) avec ses quatre lardons pour y rejoindre un mari, un concubin ou un amant qui, semble-t-il, était déjà sur place.
J’avoue assez mal comprendre pourquoi notre police, qu’on dit fort occupée, aurait pu ou dû surveiller cette matrone à moins qu'on ne soupçonnât la présence, sous son voile intégral, de quelque barbu poseur de bombes. Le ministère de l'intérieur, un moment largué, vient de nous faire savoir qu'avec ses quatre marmots, Souad aurait gagné la Syrie par un chemin assez compliqué ; à partir de Barcelone puis d’Istanbul, elle aurait en effet rejoint la frontière turco-syrienne.
Je comprends guère l’émoi qui entoure ce départ et je ne vois pas de raison légale de s’y opposer ! Je suis même plutôt tenté de dire « Bon vent et surtout bon débarras ! » car nous voilà enfin débarrassés de cette famille qui risque fort de subir là-bas, de la part de Monsieur Bachar el Assad, un traitement autrement radical et expéditif que celui des services français. Je n'aurais pas été jusqu'à suggérer qu'on leur offrît le billet d'avion (aller simple !) mais je ne suis pas loin de le penser.
À la différence du « jeune et beau Dunois » (dont je pense qu'il n'a jamais véritablement en œuvre son projet de voyage vers la Syrie), Madame Souad a donc débarrassé notre territoire national sans qu’on ait besoin de l’expulser et je crois que, loin de nous inquiéter, nous ne pouvons que nous en féliciter.
Elle n'a même pas l’espoir, à la différence du jeune et beau Dunois, de rencontrer là-bas une belle Isabelle puisqu'elle est déjà pourvue d’un barbu de service conjugal. Donc une fois encore "Bon vent et surtout ne songez pas à revenir !"
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire