Il n'est bruit, depuis quelques
jours, que de deux entreprises, l'une française Alstom (TGV et turbines),
l'autre américaine General Electrics (partiellement implantée en France et bien
plus importante que la première) qui, entre autres, se regardent en chiens de
faïence, de part et d'autre d'une place de la bonne ville de Belfort, les
ouvriers des deux entreprises prenant même leurs repas dans une cantine
commune.
On a soudain beaucoup parlé de
cette affaire ; elle a surtout donné l'occasion à Monsieur Montebourg de
se livrer à l’un de ses numéros favoris et de tenir des propos, carrément
insultants, lors d’une intervention, devant les caméras bien sûr, à l'Assemblée
nationale ; ce n'est sans doute pas la meilleure façon d'attirer dans
notre pays les investisseurs étrangers que veut séduire, en revanche, notre Président. Montebourg a-t-il été
inspiré, s’agissant, entre autres lieux, de Belfort, par la pensée et l’ombre
de Chevènement, le miraculé du Territoire ? Allez savoir ! Nous
allons voir, de toute façon dans la
suite, que le problème n'est absolument pas là semble-t-il et que les vraies motivations
de General Electrics ne sont peut-être pas celles qu'on lui prête. On nous
prend, une fois de plus pour des imbéciles !
Il y a trois jours en effet, j'ai
entendu, sur je ne sais quelle radio, une information tout à fait nouvelle et étonnante,
puisque, dans la masse des propos qui avaient été tenus sur ces deux
entreprises, il n'en avait jamais été question un seul instant.
On y affirmait en effet que si
General Electrics voulait acheter Alstom 10 ou 12 milliards (de dollars ou
d’euros, peu importent le nombre et la monnaie, car quand on aime, on ne compte
pas !), ce n'était pas en fait pour accroître et restructurer son domaine
industriel, mais, tout simplement, pour investir un trésor dont elle dispose en
France, qu’elle ne peut rapatrier sans dommage et qui échappe, pour le moment, à l'impôt étasunien
en vertu d’une particularité du système fiscal américain.
La chose m'a étonné, car je n'en
avais jamais entendu parler nulle part par qui que ce soit, alors qu’on ne
parlait guère que de cet achat par General Electrics dans nos médias. Vérification
faite, cette information s’est révélée exacte et elle a même été reprise, peu
après, par les Echos (29 avril 2014 à
8h11). Cet article mentionne d'ailleurs une « source AFP », ce qui
donne à penser que tout le monde est plus ou moins au courant de cette
disposition fiscale essentielle dont pourtant personne ne parle.
Elle est d'ailleurs d’une grande
simplicité. Les entreprises américaines, en effet, voient soumis à l'impôt
l'ensemble de leurs bénéfices, mais elles ont le droit curieux d'en « stocker »
une partie à l'étranger, indéfiniment pour le moment du moins, à l'abri du
fisc. C'est ce qui fait que, selon le cabinet AuditAnalytics cité par les Echos, 2000 milliards de dollars
seraient ainsi stockés hors des EU. La seule façon pour ces entreprises d'échapper
définitivement à l'impôt est donc d'investir cet argent, sans rapatrier leurs
fonds aux Etats-Unis, et donc d'acheter des entreprises à l'étranger, ce qui
explique un certain nombre de stratégies comme celle de General Electrics ou
celle, analogue au UK, de Pfizer dont on a également parlé. La chose devient un
peu urgente car tous les experts américains jugent cette mesure stupide voir
nocive pour les EU et il est fortement question de mettre un terme à ce
système. Donc panique à bord ! Devant la menace, on ne va pas mégoter pour
quelques malheureux milliards sur le prix d’Alstom!
À la suite de cette information, et,
dans un premier temps pour la vérifier, j'ai consulté Google et n'y ai pas
trouvé confirmation, sur le moment, ce qui m'a conduit à regarder l'émission
d’Yves Calvi, sur France 5, mercredi 30
avril 2014 , puisqu'elle était consacrée aux problèmes Alstom- General
Electrics. Il y avait là des économistes
ou réputés tels : Ghislaine Oppenheimer (de Challenges), Elie Cohen ( CNRS
et maints autres lieux) et l’inévitable et étrange Nicolas Bouzou. Ce dernier
est un très curieux personnage qui fait surtout en ces lieux la publicité de
son officine financière, mais dont le formation comme les activités sont très
floues dans toutes ses biographies (« diplômé » en économie… et
« enseignant » - ce qui n’est en rien un titre ni une qualification
académiques – à Paris 2 (ce qui annonce la couleur politique), à Sciences Po
(mais qui ne l’est pas à part peut-être le concierge ?) et à Canal +… ).
J'ai été stupéfait de constater
qu'au cours de cette émission, en une heure, il n’a été fait aucune allusion à
cette disposition fiscale singulière qui évidemment explique l'intérêt de
General Electrics pour Alstom, puisque le rachat de cette entreprise lui permet
à la fois de conquérir une partie du marché (quitte à liquider comme c'est
probable une partie du personnel d'Alstom et de récupérer le reste ), tout en
réalisant surtout une très belle opération fiscale puisque 12, 13 ou même 15
milliards de dollars pourront ainsi échapper au fisc (à 35 % d’impôts ça
fait déjà gagner 5 milliards !).
Les économistes distingués qui
étaient là nous ont fait, comme Elie Cohen un cours d’histoire économique
française pour le domaine, sans souffler mot de cette affaire fiscale pourtant essentielle.
Ce n'est qu'en toute fin de l'émission, au moment des questions posées par les
téléspectateurs et sans qu'une question ait été posée là-dessus. Seule la
journaliste Ghislaine Oppenheimer, la moins xyloglossique de tous, a évoqué, en
passant cette question, brièvement, de
façon tout à fait annexe et sans avoir été interrogée à son propos. Calvi tient
à ses places juteuses à France-Télévision !
Il est tout de même hautement improbable, pour ne
pas dire totalement impossible car ce serait alors scandaleux, que de tels
invités spécialisés ne soient pas au courant d'une information qui a assez
largement circulé pour atteindre un pauvre diable comme moi ! Il est donc
très clair que ces gens-là n'entendaient pas en parler et il a fallu, en toute
fin d'émission et sans être interrogée à ce sujet, que Ghislaine Oppenheimer y fasse
allusion, sans s'y attarder toutefois et comme si c’était là un détail
anecdotique alors que c’est assurément la motivation centrale de General Electrics
dans cet achat.
La question se pose donc : Pourquoi
mentent-ils, ne fût-ce que par omission ? Si vous avez la réponse, je suis
preneur !
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