Messages les plus consultés

jeudi 1 mai 2014

Alstom et General Electrics ? Le vrai problème et la vraie stratégie.

Il n'est bruit, depuis quelques jours, que de deux entreprises, l'une française Alstom (TGV et turbines), l'autre américaine General Electrics (partiellement implantée en France et bien plus importante que la première) qui, entre autres, se regardent en chiens de faïence, de part et d'autre d'une place de la bonne ville de Belfort, les ouvriers des deux entreprises prenant même leurs repas dans une cantine commune.
On a soudain beaucoup parlé de cette affaire ; elle a surtout donné l'occasion à Monsieur Montebourg de se livrer à l’un de ses numéros favoris et de tenir des propos, carrément insultants, lors d’une intervention, devant les caméras bien sûr, à l'Assemblée nationale ; ce n'est sans doute pas la meilleure façon d'attirer dans notre pays les investisseurs étrangers que veut séduire, en revanche,  notre Président. Montebourg a-t-il été inspiré, s’agissant, entre autres lieux, de Belfort, par la pensée et l’ombre de Chevènement, le miraculé du Territoire ? Allez savoir ! Nous allons voir,  de toute façon dans la suite, que le problème n'est absolument pas là semble-t-il et que les vraies motivations de General Electrics ne sont peut-être pas celles qu'on lui prête. On nous prend, une fois de plus pour des imbéciles !
Il y a trois jours en effet, j'ai entendu, sur je ne sais quelle radio, une information tout à fait nouvelle et étonnante, puisque, dans la masse des propos qui avaient été tenus sur ces deux entreprises, il n'en avait jamais été question un seul instant.
On y affirmait en effet que si General Electrics voulait acheter Alstom 10 ou 12 milliards (de dollars ou d’euros, peu importent le nombre et la monnaie, car quand on aime, on ne compte pas !), ce n'était pas en fait pour accroître et restructurer son domaine industriel, mais, tout simplement, pour investir un trésor dont elle dispose en France, qu’elle ne peut rapatrier sans dommage  et qui échappe, pour le moment, à l'impôt étasunien en vertu d’une particularité du système fiscal américain.
La chose m'a étonné, car je n'en avais jamais entendu parler nulle part par qui que ce soit, alors qu’on ne parlait guère que de cet achat par General Electrics dans nos médias. Vérification faite, cette information s’est révélée exacte et elle a même été reprise, peu après, par les Echos (29 avril 2014 à 8h11). Cet article mentionne d'ailleurs une « source AFP », ce qui donne à penser que tout le monde est plus ou moins au courant de cette disposition fiscale essentielle dont pourtant personne ne parle.
Elle est d'ailleurs d’une grande simplicité. Les entreprises américaines, en effet, voient soumis à l'impôt l'ensemble de leurs bénéfices, mais elles ont le droit curieux d'en « stocker » une partie à l'étranger, indéfiniment pour le moment du moins, à l'abri du fisc. C'est ce qui fait que, selon le cabinet AuditAnalytics cité par les Echos, 2000 milliards de dollars seraient ainsi stockés hors des EU. La seule façon pour ces entreprises d'échapper définitivement à l'impôt est donc d'investir cet argent, sans rapatrier leurs fonds aux Etats-Unis, et donc d'acheter des entreprises à l'étranger, ce qui explique un certain nombre de stratégies comme celle de General Electrics ou celle, analogue au UK, de Pfizer dont on a également parlé. La chose devient un peu urgente car tous les experts américains jugent cette mesure stupide voir nocive pour les EU et il est fortement question de mettre un terme à ce système. Donc panique à bord ! Devant la menace, on ne va pas mégoter pour quelques malheureux milliards sur le prix d’Alstom!
À la suite de cette information, et, dans un premier temps pour la vérifier, j'ai consulté Google et n'y ai pas trouvé confirmation, sur le moment, ce qui m'a conduit à regarder l'émission d’Yves Calvi, sur  France 5, mercredi 30 avril 2014 , puisqu'elle était consacrée aux problèmes Alstom- General Electrics.  Il y avait là des économistes ou réputés tels : Ghislaine Oppenheimer (de Challenges), Elie Cohen  ( CNRS et maints autres lieux) et l’inévitable et étrange Nicolas Bouzou. Ce dernier est un très curieux personnage qui fait surtout en ces lieux la publicité de son officine financière, mais dont le formation comme les activités sont très floues dans toutes ses biographies (« diplômé » en économie… et « enseignant » - ce qui n’est en rien un titre ni une qualification académiques – à Paris 2 (ce qui annonce la couleur politique), à Sciences Po (mais qui ne l’est pas à part peut-être le concierge ?) et à Canal +… ).
J'ai été stupéfait de constater qu'au cours de cette émission, en une heure, il n’a été fait aucune allusion à cette disposition fiscale singulière qui évidemment explique l'intérêt de General Electrics pour Alstom, puisque le rachat de cette entreprise lui permet à la fois de conquérir une partie du marché (quitte à liquider comme c'est probable une partie du personnel d'Alstom et de récupérer le reste ), tout en réalisant surtout une très belle opération fiscale puisque 12, 13 ou même 15 milliards de dollars pourront ainsi échapper au fisc (à 35 % d’impôts ça fait déjà gagner 5 milliards !).
Les économistes distingués qui étaient là nous ont fait, comme Elie Cohen un cours d’histoire économique française pour le domaine, sans souffler mot de cette affaire fiscale pourtant essentielle. Ce n'est qu'en toute fin de l'émission, au moment des questions posées par les téléspectateurs et sans qu'une question ait été posée là-dessus. Seule la journaliste Ghislaine Oppenheimer, la moins xyloglossique de tous, a évoqué, en passant cette question, brièvement,  de façon tout à fait annexe et sans avoir été interrogée à son propos. Calvi tient à ses places juteuses à France-Télévision !
Il est tout de même hautement improbable, pour ne pas dire totalement impossible car ce serait alors scandaleux, que de tels invités spécialisés ne soient pas au courant d'une information qui a assez largement circulé pour atteindre un pauvre diable comme moi ! Il est donc très clair que ces gens-là n'entendaient pas en parler et il a fallu, en toute fin d'émission et sans être interrogée à ce sujet, que Ghislaine Oppenheimer y fasse allusion, sans s'y attarder toutefois et comme si c’était là un détail anecdotique alors que c’est assurément la motivation centrale de General Electrics dans cet achat.


La question se pose donc : Pourquoi mentent-ils, ne fût-ce que par omission ? Si vous avez la réponse, je suis preneur !

Aucun commentaire: