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mercredi 18 juin 2014

Grèves à la SNCF ? RTL ou France Cu ?

Même si France Cu (entendre par là France Culture) est parfois insupportable, tant par les propos qui s'y tiennent et le pédantisme qui les marque que par le ton sur lequel ils nous sont infligés (je pense ici surtout à Alain Finkielkraut, désormais académicien-people, mais toujours pas agrégé de philosophie (même s’il le laisse dire) et simplement de lettres modernes, modeste « cloutard » qu'il est pour ne pas avoir réussi à intégrer la rue d’Ulm !). Cette chaîne gagne pourtant à être fréquentée plutôt que les radios-bignoles du matin comme RTL, Europe1 ou, la pire de toutes, RMC où règne l'ineffable Bourdin, qui se prend désormais pour le sel de la terre journalistique alors qu'il est qu'un modeste sous-produit de l'Equipe ! Sur France-Cu évitez néanmoins les dimanches matins où, bizarrement dans une radio d’un Etat réputé laïque, on n’entend que des curés, des imams ou des rabbins (j’ai choisi pour les citer, vous l’aurez noté, un ordre alphabétique prudemment républicain).

Bref !  Nombreux sont les sujets qui me sont offerts car j'écoute souvent les « matins de France Culture », aux alentours de 8h30 ;  je l'ajoute, pour ma défense, que je le fais en promenant mon chien, si toutefois le ciel provençal, aussi capricieux que Sud-Rail,  m’en offre la possibilité, ce qui devient de plus en plus rare, en ce mois de juin qui prend des allures aoûtiennes par les pluies et les orages (aux champignons près !).

J'ajoute avant de l'oublier que, dans le site de France Culture, il y a souvent des commentaires extrêmement drôles, ce qui donne à penser que si ceux qui écoutent France Culture et en commentent les émissions sont plus marrants que ceux qui y  causent. Je vous recommande en particulier les commentaires sur  Brice Couturier, pilier des « Matins » comme des émissions de Calvi sur la Cinq. À propos de l’émission qui s'intitulait je crois « La SNCF, vers quel aiguillage ? », ce 17 juin 2014, ce brave sondeur est habillé pour l'hiver et je ne résiste pas au plaisir de vous citer deux brefs extrait de ces savoureux commentaires :
« Fidèle auditeur de l'émission matinale de France Culture depuis 1992 (année de création de Culture matin par Jean Lebrun) j'ai mis fin à ce compagnonnage il y a près de deux mois. L'écoute des éditoriaux de Brice Couturier et sa participation aux "débats" me sont devenues proprement insupportables : omniscience revendiquée outrecuidante, manque de courtoisie, amour immodéré des think tanks anglo-saxons présentés comme autant de Saints-Jean bouche d’or, sans oublier le catéchisme néolibéral, et j'en passe…
 » ( jmajb 17)   
 « Inénarrable Brice Declosets qui mérite bien son fauteuil de vieille ganache antisyndicale insufflant la haine entre les salariés pour mieux nous détourner des confortables piscines remplies d'euros dans lesquelles baigne une bourgeoisie française de plus en plus riche et qui, frappée d'impuissance industrielle, n'investit plus. Remercions-le de nous prévenir du futur choc de la privatisation du train. Nous nous tenons prêts à voir exploser les prix de notre billet de train comme ce fut le cas du marché des télécoms. » (Anne 17)

Mais venons en au second et vrai sujet du jour. J'ai entendu surtout dans cette émission ce qu'indiquait sur la SNCF et ses grèves, Monsieur Alain Bonnafous,  professeur d'économie émérite à l'université de Lyon 2 (et non Lyon 3, comme pourrait le faire craindre ce titre). Cet universitaire est apparu particulièrement informé sur les problèmes du chemin de fer français, moins en raison directe de sa spécialité que  dans la mesure où il avait été (dans des conditions que j'ai oubliées et qui importent peu ici) membre d'une commission d'experts chargée de l’étude de ces sujets. Je ne retiendrai de son propos qu'un seul détail car il me paraît significatif et essentiel.

Après avoir rappelé que la précédente réforme (création de RFF qui avait, pour but principal, de respecter, au moins en apparence, les exigences bruxelloises d’exercice de la concurrence et de planquer sous le tapis de RFF la quarantaine de milliards de dettes de la SNCF qui ne sont d’ailleurs qu’une goutte d’eau dans l’océan de notre ardoise globale), A. Bonnafous a surtout souligné le caractère fallacieux des motifs invoqués par les cheminots pour cette grève. Le « statut » n’est (hélas !) en rien menacé et le projet tendrait même plutôt à le conforter. Le point important dans les revendications syndicales de la CGT et de Sud Rail réside en fait, pour que la concurrence puisse exister réellement en Europe, dans l'élaboration de conditions et de coût du travail identiques pour les conducteurs de train de toute l'Europe puisque, en théorie du moins, toutes les compagnies européennes y feront librement circuler leurs trains. En fait on devine déjà aisément que les réseaux nationaux de voies ferrées ne faciliteront pas les choses aux compagnies étrangères !

Pour faire simple et grossier, la CGT et Sud-Rail veulent évidemment que les autres Etats européens alignent les conditions de travail de leurs conducteurs de train … sur celles des conducteurs français et non l’inverse !

La chose pourrait sembler logique (ici comme dans tous les autres domaines où l’on n’y songe pourtant guère) et ne pas paraître excessive si les études que Monsieur Bonnafous a faites n'avaient pas fait apparaître que les « roulants » français doivent chaque année 160 jours de roulage (qui, de leur propre aveu et sans réelle contestation possible, « les yeux dans les yeux », en sont plutôt 130), alors que, dans les autres pays, le nombre des « jours de roulage » est de 210 ! Selon les termes employés durant cette émission, la grosse question, dont personne ne parle, et surtout pas à la CGT et à Sud-Rail, est donc celle de savoir où sera mis « le curseur » pour le nombre de « jours de roulage », à 130, à 160 ou à 210 ?

On devine aisément quelle est, sur ce point, la position des syndicats français en grève, mais il apparaît douteux qu'elle soit partagée par les compagnies de chemins de fer des autres Etats européens. La discussion sera donc rude vu l’énormité de l’écart.

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