Ce « bal tragique » est bien entendu (la précision qui suit est destinée aux jeunes qui, par hasard, liraient ce post) celui du titre fameux de Charlie Hebdo après la mort de De Gaulle(« Bal tragique à Colombey : un mort »). Il entraîna d’ailleurs la condamnation de ce journal. J'y ai repensé hier en entendant Stéphane Guillon parler de ses rapports avec le nouveau directeur de France-Inter Philippe Val qui a également viré, sur ordre, G. Dahan ! En 1970, Val était à Charlie hebdo ! Ne le dites surtout pas au Président mais on ne pouvait guère imaginer alors qu'il deviendrait, aujourd’hui le chien de garde du pouvoir dans la radio nationale. Seule sa tête de Savonarole pouvait donner à penser qu'il ne lui déplairait peut-être pas de dresser des bûchers et des potences !
En revanche, aujourd’hui, c'était bien la fête au village à Colombey et les imprécations de Galopin de Vilouzeau n’y ont rien fait. Nicolas Sarkozy et François Fillon y sont allés mains dans la main et se sont mués, pour la circonstance et pour un jour, en gaullistes historiques, quoique cette tenue ne leur aille guère.
En écrivant ces lignes, je m'avise soudain que j'ai déjà parlé du Général De Gaulle, il y a quelques jours, en relation avec le film de Moati que j'avais d'ailleurs choisi de ne pas avoir, étant entendu que les révélations qu'il prétendait apporter étaient déjà tombées dans le domaine public depuis 40 ans.
Aujourd’hui, on nous a évidemment repassé, à satiété, le film de l'annonce faite par Georges Pompidou du décès de De Gaulle, le lendemain de sa mort : « Le Général De Gaulle est mort. La France est veuve. ». Je ne trouve pas la formule très délicate pour Mme De Gaulle et, me semble-t-il, Georges Pompidou aurait pu faire mieux. A-t-on oublié que De Gaulle l'avait choisi au départ, en demandant qu'on lui trouvât « un agrégé sachant écrire ». En l'occurence la formule de l'oraison funèbre pompidolienne continue à me sembler ni très heureuse ni de très bon goût. Peur-être Pompidou, l’auvergnat retors l’a-t-il fait exprès ! Les relations entre les deux hommes étaient devenues des plus mauvaises. Le Général De Gaulle avait interdit qu'on laissât Pompidou venir saluer sa dépouille sur son lit de mort ; Pompidou ne put d'ailleurs le faire, les dispositions du défunt ayant été respectées et le corps du Général transporté ailleurs dès après sa mort. Comme quoi...
Il est devenu commun de s'interroger sur ce qui distingue les hommes politiques et les hommes d’Etat. Il est clair que les seconds sont infiniment plus rares que les premiers. De Gaulle a sans doute été le dernier de nos hommes d'État, ce qu'aurait pu peut-être pu être Pierre Mendès-France, si ses amis socialistes lui avaient en laissé l’occasion et le temps.
Ce qui me frappe le plus dans le Général De Gaulle, en dehors de ses qualités manifestes d'homme d’État (Dire que les imbéciles lui reprochent d'avoir dit à Alger « Je vous ai compris !»! Que pouvait-il de dire d'autre là-bas alors qu'il avait décidé dès le départ de rendre l'Algérie indépendante) est à la fois son style, toujours gouverné par la précision des termes (sauf pour le « quarteron ») et le rythme ternaire, est une honnêteté et une rigueur morale qu'il a poussées toujours l'une et l'autre jusqu’aux limites du raisonnable. Faut-il rappeler qu'il n'a jamais voulu avancer dans la carrière militaire au-delà du grade qu’il avait en 1940, qu’il a refusé la pension de Président de la République (mais oui Monsieur Chirac !) et qu’il a toujours remboursé scrupuleusement à l'Élysée tout ce qu'il jugeait devoir (ce détail significatif a été donné autrefois par Michel Jobert, mais son exemple n'a guère été suivi par les présidents qui lui ont succédé).
Pour finir sur une note un peu drôle en une circonstance qui ne l’est guère, je me souviens d’un dessin du Canard enchaîné où l'on voyait le général et Yvonne de Gaulle à une cérémonie au moment de la Marseillaise. Yvonne se penchait vers son mari et lui glissait à l’oreille d'un air tendre : « Charles ! Notre chanson !).
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1 commentaire:
Cher Usbeck,
"Bal tragique à Colombey, un mort"
Et Choron a sauté son équipe et son journal: Hara Kiri
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