La claire déconfiture des manifs du samedi 6 octobre 2010 a conduit, comme on pouvait s'y attendre et comme les propos discordants de la plupart des dirigeants syndicaux le laissaient prévoir, à la fin de l'unité syndicale. C'est un peu dommage car quelques leaders majeurs du syndicalisme français à la télé comme Messieurs Olive (de l’UNSA) et Le Rest (de la CGT SNCF mais avec de peu democratiques majuscules) sont désormais en retraite et ils allaient pouvoir, dans la pleine verdeur intellectuelle et physique de leurs 55 ans et en dépit de la pénibilité manifeste de leur très brève carrière professionnelle passée , se consacrer à l'activité syndicale et à la novation en matière de revendications. L’innovation a même commencé et, à la manif. de samedi où, à défaut du million de manifestants annoncé, on pouvait voir, en ce qui me concerne pour la première fois, CCChhhérèque coiffé d’une superbe casquette rouge modèle CGT qui m’a fait croire un instant, en attendant qu’il ouvre la bouccchhhe qu’il avait soudain changé de camp !
L'échec des manifestations, inévitable et prévisible dans la mesure où elles se prolongeaient très au-delà du raisonnable, devrait conduire à concevoir d'autres formes d'action qui, on le devine déjà, vont consister essentiellement dans des blocages.
Je ne suis pas complètement sûr que bloquer les routes, les accès aux aéroports, à divers lieux de stockage de produits et de carburant ou les dépôts d'ordures, soit réellement inscrit dans le droit de grève. On entend volontiers user, depuis quelque temps, d’une distinction jugée subtile mais totalement fausse et même absurde entre « légal » et « légitime » (la loi sur les retraites serait « légale » mais non légitime). Ce distinguo aberrant a été, me semble-t-il, inventé par Jean Claude Mailly, Secrétaire général de FO, qui tourne au révolutionnaire sur ses vieux jours syndicaux et tente de déborder sur leur gauche la CGT et la CFDT, ce qui doit faire bouillir le nonagénaire Bergeron (le syndicalisme conserve mieux que le travail!). Il faudra, un de ces jours, que je vous fasse une galerie de portraits de ces grands syndicalistes français dont le principal trait commun est qu’ils représentent d’autant mieux les travailleurs qu’ils n’ont eux-mêmes à peu près jamais travaillé de leur vie. Mailly, surnommé non sans raisons « l’apparatchik », est ainsi depuis trente ans permanent de FO. Comme il a 57 ans (le pauvre est l’un des seuls à ne pas voir un régime de retraite « spécial » à 55 ans) et qu’il est entré à la CNAM en 1978, je vous laisse le soin de calculer le nombre d’années durant lesquelles il y a « effectivement » « travaillé », exerçant là l’harassant et dangereux métier de « chargé d’études », tout en commençant a gravir, à temps partiel, les premiers échelons du syndicalisme professionnel.
Bref, revenons à la sémantique qui devrait figurer dans la formation de base des dirigeants syndicaux, ce qui leur éviterait de dire pareilles âneries que les journalistes se gardent bien de souligner, étant sans doute ignorants eux-mêmes du sens exact de ces termes. De telles entraves au travail comme à la circulation sont à la fois, pour le coup, aussi illégales qu’illégitimes, mais le gouvernement semble tout à fait s'en accommoder, ce qui pourrait conduire à penser et à s’interroger.
On est en train d'envisager à Paris, nous dit-on, le blocage total des dépôts d'ordures, ce qui permettra de créer dans notre belle capitale, à peu de frais pour les grévistes comme l’ai montré dans un post précédent, la situation qui a été celle de Marseille pendant plusieurs semaines et qui a conduit à l'exaspération totale une bonne partie de la population locale, qui pourtant, au départ, paraissait majoritairement favorable aux revendications.
Après l'aéroport de Marseille, on a bloqué celui de Toulouse et quelques autres ; j'ai ainsi pu voir à la télévision d'innocents voyageurs en détresse se lancer, à travers champs, avec leurs bagages pour tenter d’aller prendre leur avion. Je pense en particulier à une vieille dame qui traînait à grand peine sa valise en direction de l’aérogare. Je ne doute pas un instant que tous les voyageurs réduits à le faire, manifestement et légitimement forts mécontents, voteront en masse pour Nicolas Sarkozy aux prochaines élections présidentielles, ne serait-ce qu'un souvenir de ces tribulations.
Qu'il s'agisse d'ordures, d'essence ou d'aéroports, les blocages sont les meilleurs modes de recrutement que le Président de la république puisse mettre en oeuvre, à peu de frais, pour se gagner, sans mal, des électeurs lors du prochain scrutin. A coup sûr chacune de ces affaires lui apporte des milliers de suffrages. Je ne pense pas que les organisateurs de ces mouvements soient assez stupides pour ne pas s'en rendre compte !
En revanche, je comprends mal quelle satisfaction ils peuvent trouver à organiser de tels blocages et moins encore quels résultats ils en attendent. Certes, ils permettent à deux ou trois représentants syndicaux de la CGT (on ne voit qu’eux sans doute car ce sont les plus pittoresques dans leurs propos comme par leur accoutrement) de venir, pleins de manifeste satisfaction, pérorer devant micros et caméras. Toutefois, des esprits pervers pourraient imaginer, vu le rôle de la CGT, que, comme d'aucuns le prétendent, une alliance objective unit les secrets commensaux Bernard et Nicolas dans de sombres desseins qu’ils trament, partagent et mènent de conserve, avec naturellement des buts bien différents !
En tout cas, s'ils veulent être efficaces et provoquer réellement le gouvernement comme ils le prétendent, je suggère vivement aux matamores contestataires de la CGT d'aller bloquer la rue de Varenne (accès à l'hôtel Matignon) ou la rue du Faubourg Saint-Honoré (accès à l'Élysée). Je ne doute pas un instant que la réaction du gouvernement soit alors aussi rapide qu’efficace.
Évidemment, il est plus simple et moins susceptible de réaction vive d'empêcher une vieille dame toulousaine d'aller prendre son avion pour aller voir son petit-fils à Paris où un brave Marseillais d'aller passer sa semaine de vacances annuelle à Marrakech ! Quant aux ordures parisiennes, j'espère, pour le salut national, que les secteurs de la rue de Varenne et de la rue du Faubourg Saint-Honoré seront épargnés par l’accumulation des ordures !
Comme disait notre Buonaparte, devant l'église Saint-Roch en 1795, avant de commander le feu ; « Que les honnêtes gens rentrent chez eux, je ne tire que sur la canaille ! »
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4 commentaires:
bonjour Usbeck, belle envolée!
Nos chers leaders syndicaux ont poussé le bouchon:
"et encore, on aurait pu déclencher une grève générale!"
De l'arrêt de la production au blocage de son acheminement la différence est justement le nombre d'employés frileux à perdre leur salaire par leur seule décision à l'intérieur de chaque entreprise
Il est plus lâchement efficace de faire des grillades parties pour bloquer les non grévistes
Mais tout ce barnum est pitoyable et signe que quelque part nos impôts servent des organisations sociales disparates incapables de négocier avant le veto parlementaire
Et là nous en sommes à 20 ans de non avancée
Ce qui permet à la génération des cheminots de Monsieur Lereste d'échapper à la loi
Quelle pire violence que ce camouflet envers une masse salariale prise en otage
Cher Usbek, douteriez-vous que nous ayons actuellement les plus grands syndicalistes du monde? André Bergeron, Marc Blondel, Louis Viannet? De la gnognotte je vous dis! Ceux d'aujourd'hui sont tout simplement colossaux!
Bien le bonsoir!
curieux que vous ayez oublie le syndicat SUD......vous le trouvez trop ....accomodant?
olivier from usa
Du tout cher Anonyme, il est juste moins colossal que les autres!
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