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samedi 11 décembre 2010

Brise-Neige et les sept menteurs.

Il était une fois dans un petit village bordé d'aulnes, nommé initialement Aulnaie et qui se trouvait au pied de grands bois (d'où le nom que lui donnaient les gens du pays Aulnay-sous-Bois), sept policiers qui étaient placés sous l'autorité d'un grand chef qui résidait dans la capitale et qu'on appelait Brise-Neige suite à une grande victoire qu’il avait remportée sur les neiges.

A la différence d'un autre récit dont les héros étaient aussi au nombre de sept mais étaient des nains (alors que dans ce pays les policiers doivent avoir une taille minimale pour faire peur aux larrons) et portaiett tous des noms différents (Dormeur, Grincheux, Joyeux...), ces sept policiers portaient tous le même nom « Menteur ».

Debut septembre 2010, deux menteurs, qui se trouvaient chacun à la tête d'un véhicule de police, firent sottement entrer en collision leurs deux voitures. Ne voulant pas assumer leurs responsabilités dans cette affaire, pourtant bien mince quoique ridicule, ils imaginèrent alors de faire endosser la responsabilité de l’accident à quelqu'un qui n'avait rien à voir dans cette affaire. Pour fonder, étoffer et justifier cette accusation, ils inventèrent que l'innocent individu qu'ils entendaient accuser, leur avaient échappé et que c'est, au cours de la poursuite qui s’en était suivie, que les véhicules de police avaient été accidentés. Pour nourrir un peu le dossier ils ajoutèrent, comme un policier avait été blessé dans l'accident, que le coupable s'était, en outre, attaqué aux policiers qui étaient en train de tenter de l'arrêter.

L'affaire se passait début septembre et l’homme fut aussitôt mis en garde à vue devant des faits si solidement établis par les témoignages unanimes de ces sept témoins, tous assermentés en outre ! Toutefois nos sept menteurs n’ayant pas pris la peine de se mettre d'accord avec suffisamment de précision (ils pensaient jouer sur le velours), des contradictions apparurent peu à peu dans leurs témoignages, la gravité même des faits entraînant une enquête approfondie, ce qui confirme, une fois de plus , que comme disait ma bonne grand’mère « Il ne faut jamais mettre du sucre sur le miel ! ».

Il finit donc par être établi que ces accusations étaient mensongères et résultaient d'une mise en scène et de l'élaboration d'un très grave mensonge commun par nos sept menteurs. Devant le tribunal de Bobigny, ces agents furent donc condamnés, jeudi 9 décembre 2010, à des peines de prison ferme allant de six mois à un an.

Compte tenu des jugements émis dans pareilles affaires, on peut juger ces peines d’une rare sévérité, mais on doit prendre en compte, avant toute chose, un élément que je n’ai pas entendu signaler par nos média audiovisuels. L’innocente victime de cette cabale était, en effet, passible de la prison à perpétuité pour « tentative d'homicide sur fonctionnaires de police » !

Aussitôt le jugement prononcé, des centaines de policiers en uniforme, dans des dizaines de véhicules de police, ont convergé vers vers Bobigny, gyrophares allumés et toutes sirènes hurlantes. Une manifestation « spontanée » s'est organisée en ce lieu, animée par des fonctionnaires, portant très probablement en service, puisqu'ils disposaient de véhicules de police dont la destnation semble avoir été toute autre.

Le plus étonnant est que le préfet du 93 s’est déclaré « très étonné » de la rigueur de ces peines que le Brise-Neige parisien a estimé, quant à lui, « disproportionnées ». Ces messages des autorités furent aussitôt entendus et pris en compte en haut lieu puisque le parquet a sur le champ interjeté appel du jugement prononcé.

On pourrait penser que ces sanctions s'accompagnaient, automatiquement, de la radiation de la police pour les menteurs, étant donné l'extrême gravité des mensonges qui pouvaient leur être reprochés. Il semble, néanmoins, en l'état actuel des faits que seuls cinq d'entre eux soient menacés d'une telle exclusion, puisque c'est seulement pour ces cinq que le tribunal a prononcé une inscription de la peine au casier judiciaire qui entrainerait leur radiation de la police.

Je me garderai bien de commenter la décision du tribunal puisque que la loi française prescrit qu'il est strictement interdit de commenter une décision de justice, ce qui semble pourtant être ignoré tant de la préfecture du 93 que du ministère de l'intérieur.

4 commentaires:

Expat a dit…

Cher Usbek,
je partage votre sentiment sur cette affaire. Bien que si les peines étaient réellement appliquées et que nos policiers se retrouvaient derrière les barreaux il y aurait disproportion, d'abord puisqu'il n'est plus d'usage d'être enfermé quand on est condamné à de si faibles peines, et surtout parce que je ne donne pas cher de l'intégrité physique de ces policiers s'ils doivent effectivement côtoyer ceux qu'ils pourchassaient il y a encore peu.

Cependant je pense que ce type d'affaire n'aurait pas eu autant de retentissement si le tribunal en cause n'était pas celui de Bobigny dont régulièrement les médias nous relatent sa tendance à la clémence vis-à-vis des pires malfrats. Je dois avouer que ce que je lis parfois au sujet de ce tribunal me scandalise au point que je me demande si les juges sont hyperpolitisés, menacés ou corrompus.
Donc pour une fois que le droit est dit de façon sensée, il ne faut pas s'étonner que certains s'en offusquent.

usbek a dit…

Cher Expat
Comme souvent, nous sommes à peu près d'accord, à quelques menues nuances près et c'est plutôt le plaisir de vous contacter que la nécessité d'ajouter à votre propos qui me pousse à ce commentaire.
Au delà du fait lui même (énorme en soi, car il jette un fâcheux discrédit sur une police qui n'en a vraiment pas besoin), voir des policiers EN SERVICE ET EN UNIFORME DANS LEURS VEHICULES DE TRAVAIL venir manifester devant un tribunal qui a rendu une décision tout à fait justifiée, quelle que soit la couleur politique ou idéologique prêtée à ce tribunal, est un pur scandale, surtout quand de tels comportements sont approuvés par des autotités qui devraient logiquemetn les sanctionner immédiatement et avec vigueur!

Marc a dit…

Bonsoir, les duettistes

Tout a été dit, inutile donc d'en rajouter. La condamnation avec inscription au casier judiciaire va faire virer 5 des 7 flics menteurs de la police, ce qui semble le minimum quant à la portée tant réelle que symbolique des condamnations.
Ce qui fiche le trouille est de commencer à se dire que pour un cas mis au jour, combien de cas étouffés.
Des exemples de portée moindre, tout le monde en a connu, tel la voiture d'un ami percuté par un véhicule de patrouille venant de sa gauche et n'allumant sa sirène qu'après s'ête arrêté ou mon fils atendant en scooter à un feu rouge, démarrant au vert et se faisant accrocher par une voiture de flics sans sirène et qui est partie sans demander son reste ...

J'ai longtemps fréquenté un club de tir dépendant de la police et je croyais bien connaitre cette population. Manifestement, il s'y est passé quelque chose depuis 5-6 ans et les mauvaises habitudes se prennent très vite ....

Peines disproportionnées ? Lourdes, certainement mais à hauteur de l'acte et du tabou franchi car voir des gardiens de l'ordre avoir un comportement mafieux est inqualifiable et injustifiable.

Anonyme a dit…

nobody is perfect !
olivier