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vendredi 18 novembre 2011

Oceano mox

« Oh ! combien de marins, combien de capitaines
Qui sont partis joyeux pour des courses lointaines,
Dans ce morne horizon se sont évanouis ? »

Qui, dans son enfance, n’a pas appris les premiers vers (dans nos écoles primaires, on dit désormais « l’incipit » !) d’ « Oceano nox » de notre grand Victor ? Excusez la faute d’orthographe de mon titre, provoquée, à n’en pas douter, par la présence obsédante dans nos médias d’un « mox » dont nul n’avait jamais entendu parler.
François Hollande, comme les marins du poème de Victor Hugo, va-t-il se perdre dans sa course aventureuse vers la présidence pour cette simple histoire de mox dont on nous fait un fromage, peu comestible il est vrai?

Il faut dire que certains s'en réjouissent déjà et pas toujours dans les rangs de ses adversaires ! Je voyais encore hier Noël Mamère, la moustache frémissante d'espérance, évoquer l'absence et, peut-être au-delà, la bouderie de Mme Eva Choly et un possible retrait de sa candidature à la présidentielle. Cela ne pouvait que lui rappeler de bons souvenirs, puisqu'il y a, quelques années, alors qu'il avait juré ne jamais être candidat, il s'était précipité sur les talons d'Alain Lipietz pour prendre sa place, le dernier mot de son annonce de retrait à peine prononcé. En voilà un qui devrait avoir un acquis en matière de mox puisqu'au bon temps où il était encore « journaliste-sic », il faisait des ménages, aussi juteux qu’insolites, dans l'industrie nucléaire, ce qu'il paraît avoir oublié.

Bref revenons à notre poème et à notre mox.

On s’interroge de toutes parts sur le revirement, soudain et inexplicable, du parti socialiste qui, après avoir accepté le texte commun sur le mox, à 17 heures 30, l'a durant la nuit rayé du document commun préparé et signé. Toutes les hypothèses sont avancées, depuis la perfidie socialiste jusqu'à l'inconscience écologiste.

On parle d'un mystérieux coup de téléphone d'AREVA et/ou d’EDF au parti socialiste pour lui faire enlever le paragraphe. Je crois, mais c'est une conviction personnelle que les choses sont beaucoup plus simples et qu’on nous cache une vérité qui ne montre, en fait, que la nullité des uns et des autres. Sortons donc le mox de la nox !

Il ne s'agit donc, à mon sens, que de l’incompétence des deux parties.

Pour les écologistes la fin du mox était liée à l'arrêt de l'EPR qui en nécessite pour son fonctionnement. Arrêter la production de mox voulait donc dire arrêter le projet EPR (ce qui pose d'ailleurs des problèmes contractuels, ne serait-ce qu'avec la Finlande, où l'on s'est engagé dans une construction dont le coût a déjà doublé et qui est fort en retard au plan de l’exécution).

Pour les socialistes, qui veulent poursuivre la construction de l'EPR, (« sous réserve de l'absence de risque », argutie comique qui revient à dire qu'on pourra faire n'importe quoi car on peut toujours invoquer un risque quelconque en pareille matière), on ne produirait le mox que pour l'achèvement et le fonctionnement de ce programme EPR.

Mais ce que ne savaient apparemment ni les écologistes et les socialistes, c'est que le fameux mox n'est pas seulement indispensable pour les EPR mais l’est également pour les centrales nucléaires les plus récentes que l'on envisageait, dans ce même accord, de maintenir en activité, puisque la fermeture n'était prévue que pour vingt-quatre d'entre elles, les plus anciennes probablement donc celles qui ne fonctionnent pas au mox.

Bravo la compétence ! Il est donc probable que le PS a eu un coup de téléphone de l'EDF ou d'AREVA ou du CEA (ne serait-ce pas notre cher Olivier dont on aimerait avoir l’avis sur tout ça?) ou de tout organisme informé. Le but n’était pas forcément d’exercer une pression « politique » sur le détail d'un texte, dont on ne connaissait probablement pas la teneur exacte mais de prévenir qu'il était impossible en tout état de cause de ne pas maintenir une production de mox, ne serait-ce que pour les centrales récentes dont on oubliait, de toute évidence, que leur fonctionnement en EXIGEAIT.

Les petits arrangements entre amis, dont Mme Duflo semble être le bénéficiaire le plus connu, ne sont donc qu'un aspect très limité du problème, essentiel en revanche pour les candidats. La vraie inquiétude qu'on peut avoir se situe au niveau de la compétence dans des matières où nos politiques se mêlent d'intervenir sans y rien connaître.

Quant à nos journalistes, ils sont égaux à eux-mêmes, c’est-à-dire nuls. Alors que tous se gargarisent sur l’indépendance nucléaire de la France, je n’en ai pas entendu un seul modérer cet enthousiasme en évoquant l’origine de cet uranium dont nous ne pouvons pas plus nous passer que du pétrole (et même moins encore sans doute, car, dans ce cas, les sources d’approvisionnement sont plus nombreuses et plus diverses et, par là même, moins risquées). Nous ne sommes plus au bon vieux temps de la Françafrique de grand’papa et quelques millions à l’AQMI ou quelques valises de billets ne permettront peut-être, pas à tout jamais, de nous alimenter en mox !

2 commentaires:

Anonyme a dit…

je developpe une serie d'articles sur obs blog actuellement
vous avez raison : le nucléaire actuel fonctionne avec du mox en permanence
olivier

Expat a dit…

Il est intéressant de constater qu'au moment même où le candidat Hollande dévoile la composition de sa dream team, apparait le parfait amateurisme de cette dernière.
Force est de constater que dans ce domaine particulier,mais sans doute le seul, les écolos ont fait preuve de moins d'amateurisme puisque je ne doute pas qu'ils savaient que sans MOX le projet EPR tombait à l'eau de même que le fonctionnement des autres centrales n'était plus garanti.
C'était un peu comme poursuivre la construction automobile en interdisant le raffinage du pétrole.
Pour une première négociation, et avec de supposés alliés en plus, les socialistes ont vraiment fait très fort.
Mais après tout l'essentiel n'est pas là : Duflot sera députée de Paris et Mérieu député de Lyon. Et ça c'est important.