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samedi 3 décembre 2011

La comédie financière : Ubu ou Kafka ?

Comme toujours nous souffrons, en France du moins (je ne sais pas ce qu'il en est ailleurs) d'une vaste sous-information, voire d'une désinformation totale sur les réalités de la crise financière au sein de laquelle nous nous trouvons. On nous amuse avec des histoires de triple A ou des fariboles de la même farine.

Comme j'ai eu l'occasion de le dire dans un précédent blog, tout cela ne signifie pas grand-chose et seuls deux éléments comptent dans toute cette affaire, mais naturellement nul n'en parle.

Le premier est le taux d'intérêt auquel les Etats endettés peuvent prétendre auprès des prêteurs.

Pour simplifier les choses et sans entrer dans les décimales, l'Italie emprunte à 6 %, la France à 3%, l'Allemagne à 2% et le Japon 1,5 %. Tout le reste n'est que littérature. Je vous fais grâce ici de discussions oiseuses sur les décimales de ces taux ; seuls comptent les ordres de grandeur et il est facile de voir ce qu'ils signifient.

La comparaison la plus facile mais la plus intéressante est celle de la France et de l'Allemagne puisque ces deux pays, pour le moment et par la grâce des Moody's de service, ont tous les deux le triple A dont on nous rebat les oreilles (Hommage au Père Ubu!). On voit bien que ceux qui tiennent les cordons de la bourse des prêts ne jugent pas que ces deux AAA (Ah! Ah! Ah! doivent ils se marrer en leur for intérieur) sont équivalents, puisque le taux français est de 50% plus élevé que l'allemand. Le taux apparemment extravagant dont bénéficie le Japon (qui n'a pas de AAA) tient à ce que c'est sans doute le pays dont la situation est la plus sûre et les prêteurs ne s'y trompent évidemment pas.

Second élément annoncé.

La France se réjouit en cette fin d'année 2011 d'avoir encore bénéficié d'un taux intéressant pour les sommes qu'elle vient d'emprunter. Ne nous y trompons pas! En dépit de l'énormité de notre dette et de perspectives plus qu'incertaines, nous devrons continuer à emprunter et la période la plus difficile pour nous sera certainement le début de l'année 2012. Les principaux pays européens, la France, l'Allemagne et l'Italie, devront, en effet, à ce moment-là emprunter une bonne centaine de milliards d'euros. Naturellement cette centaine de milliards d'euros ne sera destinée qu'à payer les intérêts de la dette gigantesque qui s'est accumulée pour ces trois pays et que nous ne cessons d'accroître.

La question est de savoir, non pas si nous aurons deux, trois ou quatre A, mais à quel taux on va nous prêter l'argent dont nous aurons besoin à ce moment là. Quant à ceux qui vont nous prêter cet argent, ce sera probablement ceux qui en ont, c'est-à-dire, en gros, les Chinois, les Arabes (pas trop!) et les Brésiliens.

On peut trouver cette situation ubuesque ou kafkaïenne, selon les références littéraires qu'on préfère, puisque ceux à qui nous allons emprunter pour payer les intérêts de nos dettes sont précisément ceux qui détiennent l'essentiel des créances qui nous accablent!

Ces gens-là sont-ils bien raisonnables de nous prêter de l'argent pour que nous payons des intérêts de dettes que nous avons chez eux, mais dont rien ne prouve que nous serons capables, un jour, de rembourser le capital?

Personnellement dans la situation de Messieurs Wong Li, Ben Machin ou Perreira, j'hésiterais à consentir de tels prêts, même à un intérêt élevé.

On peut toutefois avoir un raisonnement différent et il faut espérer qu'ils l'auront.

Ils peuvent en effet se dire qu'en réalité les 100 milliards qu'ils vont nous donner vont aussitôt leur revenir. Ces 100 milliards ne sortiront de la poche droite de Messieurs Wong Li, Ben Machin ou Perreira que pour revenir immédiatement dans leur poche gauche par le biais des paiements d'intérêts que nous serons bien obligés de faire. L'opération est donc nulle et n'aura pour effet que d'augmenter encore notre gigantesque dette et de nous permettre de recommencer l'opération l'année prochaine avec les mêmes interlocuteurs et une dette accrue d'autant!

Tout cela est donc parfaitement fou et les seules vraies raisons qu'ont Messieurs Wong Li, Ben Machin ou Pereira de consentir ces nouveaux prêts sont que, d'une part, ils vont récupérer immédiatement la centaine de milliards prêtée et que, d'autre part, s'ils refusent de nous consentir ces prêts et par là nous précipitent dans le gouffre de la faillite, ils vont eux-mêmes y perdre non une centaine mais les milliers de milliards de dollars qu'ils nous ont sottement prêtés.

A ce jeu de poker menteur mondial, pourquoi ne pas nommer notre Patrick Bruel ministre des finances?

2 commentaires:

Expat a dit…

Cher Usbek,
ce que je trouve pour ma part extraordinaire, c'est de voir l'Europe tendre sa sébile en direction de la Chine dont le PIB reste encore inférieur à la somme de ceux de la France et de l'Allemagne simplement.
Et je n'oserai pas parler de la différence des PIB par tête des deux entités respectives.

Anonyme a dit…

ayant participé a la richesse de la BNP par l achat de maisons a rembourser sur n années j ai fini par comprendre qu'une forte inflation soulageait le poids de ma dette bancaire vers la fin du remboursement de mon emprunt !!! seulement voila la banque européenne ne veut plus entendre parler d inflation ! les années ont tourné et donc maintenant les etats remboursent ou font faillite ou quémandent une remise partielle de leur dette!!
olivier