"Panem et circenses" ; du pain et des jeux suffisaient à Rome à se gagner la faveur du peuple ; sera-ce là notre nouveau "modèle social" européen ?
Tout le donne à penser.
On sait quel immense fiasco financier ont été successivement les jeux olympiques de Montréal et d'Athenes et quel bilan désastreux sera, sans le moindre doute, très prochainement, celui des Jeux de Londres. Il n'empêche qu'on se dispute pour les organiser, surtout ceux qui, à des titres divers, en tire d'immenses profits (savez-vous que vous ne pouvez pas utiliser, dans la même phrase "Jeux" et "2012" sans devoir mettre la main à la poche!) ; ce ne sont évidement pas les mêmes personnes qui recueillent ces bénéfices médiatiques et politiques et qui vont payer l'addition finale, des décennies durant.
On sait qu'en gros les Jeux d'Athènes ont coûté 10 milliards à la Grèce que l'on savait déjà depuis fort longtemps exsangue et surendettée ; il en sera évidemment de même pour les Jeux de Londres. Il n'empêche qu'en Grèce, tant dans la campagne de préparation de ces Jeux que dans leur bilan, personne n'a évoqué l'énormité de la dette qu'ils allaient laisser derrière eux, avec, en outre, des infrastructures qui se sont révélées par la suite inutiles et qui, depuis, sont souvent à l'abandon, à la fois faute d'utilité et de moyens de les entretenir.
Je ne reviendrai pas ici sur le cas de la Grèce où les armateurs n'ont même pas besoin d'être orthodoxes pour ne pas payer d'impôts ! Ce sont là des détails cités cent fois, sans le moindre effet local ; ajoutons qu'on ne parle guère, ni en France ni en Allemagne qui sont les principaux fournisseurs des matériels, du coût colossal du budget militaire grec investi pour se défendre contre une chimérique agression de la Turquie. Comme le sport, les affaires militaires sont des sujets qu'il vaut mieux ignorer ou éviter .
Arrive sur le tapis actuellement le cas de l'Espagne qui n'est pas triste non plus; certes la fin brutale de la folie immobilière est la principale cause de la situation espagnole, mais quand on voit la plupart des rivages de ce pays, de l'Andalousie à la Costa Brava, on comprend que le bouchon immobilier a été poussé un peu trop loin ; tous les Européens du Nord n'étaient tout de même pas prêts à acheter des studios en Espagne ; la spéculation aussi frénétique que cupide, ne s'arrête pas à de si menus détails.
Notez qu'on ne parle guère des aspects financiers du football espagnol même si ce dernier est actuellement très médiatisé puisque les experts s'accordent à prédire une victoire de l'Espagne. A quel prix toutefois?
Ce qui me paraît le plus scandaleux et même totalement fou est que, en cas de qualification pour les phases finales (la moindre des choses pour les champions du monde!) et, a fortiori, en cas de victoire, les footballeurs espagnols vont toucher des primes de quelques centaines de milliers d'euros. Ce n'est pas le fait lui-même qui étonne mais le caractère dérisoire de telles sommes pour les joueurs qui, dans certains cas, gagnent mensuellement deux ou trois fois le prix de la prime. On murmure, en France, qu'à l'énoncé du montant de la prime proposée aux Français en cas de victoire (j'ai oublié la somme elle-même), un joueur aurait demandé à celui qui lui annonçait le chiffre s'il n'avait pas oublié un zéro. Même si elle n'est pas vraie, l'anecdote mériterait de l'être car elle est, en tout cas, significative.
Le Real Madrid, à lui seul, aurait une dette de 600 millions d'euros ; les spécialistes affirment que le total des dettes des clubs espagnols s'élève à 3,5 milliards d'euros. Le pire de tous est en outre que selon ces mêmes experts, les clubs d'Espagne devraient au fisc plus de 750 millions !
Les peuples grec et espagnol glissent vers la misère ; pas grave, du pain et des jeux suffiront à leur bonheur comme à Rome! On peut ajouter, en citant cette fois, Marie-Antoinette "S'ils n'ont pas de pain, qu'ils mangent de la brioche !".
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