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vendredi 22 juin 2012

Le théâtre diplomatique

Le mois, puis les cinquante jours, de présidence de François Hollande ont eu au moins le mérite de fournir matière à quelques émissions à nos média audiovisuels, toujours à court de matière. J'ai suivi hier l'une d'entre elles, en partie du moins, chez Yves Calvi à 17:45 ; émission intéressante mais qui a le tort de ne pas se renouveler et de nous servir perpétuellement les mêmes menus, surtout avec les mêmes cuisiniers venus, en réalité, y fourguer leur salade éditoriale.

Les compères habituels (Barbier, Cayrol, Jeudy et compagnie) se sont employés, une fois de plus, à mesurer aux millimètre et au gramme près, les talents diplomatiques que François Hollande a mis en oeuvre durant les 46 000 km de voyages diplomatiques qu'il a accomplis depuis son élection. L'acquisition et le luxueux équipement d'Air Sarkozy One auront au moins servi à ce que notre président, frais émoulu, voyage dans de bonnes conditions avec son jacuzzi et sa machine expresso (je ne suis pas sûr du détail de l'équipement complémentaire de cet aéronef car je me souviens seulement qu'il a été extrêmement coûteux !).

Le problème de nos experts est que, quels que soient la personnalité et les mérites des grands de ce monde qui se rencontrent en de coûteuse et exotiques fiestas (de François Hollande à Mme Merkel en passant par Obama et tutti quanti et du Mexique au Brésil, car vous aurez noté que le Tchad et le Groendland sont rarement choisis), tout cela ne sert à peu près à rien! On glose à l'infini sur leur capacité de vision du monde et/ou sur leur talent personnel à convaincre leurs partenaires, alors que, dans tous les cas, ils ne sont généralement pour rien dans l'issue de ces rencontres puisque tout ce qu'ils ont à dire sur les questions qui semblent les occuper et justifier leur présence, leur a été dicté, au départ, à la virgule près, par les "sherpas" et que, dans ces réunions, les déclarations sont, en fait, liminaires et toujours rédigées (également à la virgule près) avant le début de la session.

Si je prends le cas du mini-sommet de Rome (Hollande, Merkel, Monti, Rajoy) dont on essaye de nous faire croire qu'il va sinon sceller du moins esquisser le destin de l'euro et, à travers lui, de l'Europe, il est clair que tout est déjà décidé ; chacun sait déjà exactement jusqu'où il peut exactement avancer ou reculer et s'est employé à y préparer son opinion de la façon la plus flatteuse ou la moins fâcheuse pour lui.

Nous ne sommes plus au temps de Talleyrand et du Congrès de Vienne. Ces réunions ne servent, en fait, rigoureusement à rien, sinon à la communication des politiques ; par là, avec la complicité des médias qui en vivent, ils donnent à croire qu'ils ont un pouvoir de décision et peuvent ainsi cultiver leur image nationale.

Cela fait marcher le commerce et, de ce simple fait, n'est sans doute pas inutile ; il ne faudrait pas toutefois exagérer l'intérêt et la portée de ces théâtres d'ombres ; ils rappellent celui de la diplomatie elle-même qui se croit toujours, dans l'internet mondialisé, au temps de François Premier, au point que le seul grand jour pour un ambassadeur est celui où il présente ses "lettres de créance". MDR!

PS Notre président, grand amateur de foot pourra-t-il suivre le match du jour qui, opposant la Grèce à l'Allemagne, devrait prendre une couleur spéciale dans le contexte si particulier des relations germano-hélléniques!

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