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jeudi 7 juin 2012

Politique et oeufs à la coque.


On se souvient que dans les Voyages de Gulliver les habitants de Lilliput se séparaient en deux groupes sociaux, les "Gros Boutiens" et les "Petits Boutiens", selon qu'ils mangeaient les oeufs à la coque en commençant par le gros bout (pour les premiers) ou par le petit (pour les seconds). La question est d'importance en effet et l'on comprend qu'elle ait conduit à un clivage social définitif dans la population.

On peut penser que nous sommes en train de glisser sur cette même pente évolutive quand on voit que, dans la situation où nous nous trouvons, les deux grandes questions dont débat notre presse nationale sont celles de la légalisation du cannabis et de la vitesse de la voiture du Président de la République sur le trajet Paris-Caen.

Non seulement ces deux questions ne me paraissent pas de la plus haute importance mais elles sont, en outre, posées d'une façon totalement stupide voire malhonnête (sur un plan qui n'est hélas pas politique mais simplement mercantile) par les médias.

La recherche, permanente voire obsessionnelle, du "buzz" et de "l'exclu" (pour user de leur vocabulaire) par les radios et les télés a conduit à déformer volontairement les propos de Cécile Duflot qu'il se trouve que j'ai, par hasard, entendus dans l'interview qu'elle a donnée à RMC. Il n'y avait, en effet, aucune raison de la mettre en cause dans cette affaire puisqu'elle a été parfaitement claire dans son propos, en disant, de la façon la plus nette, que la légalisation du cannabis était une position du parti "Europe Ecologie Les Verts", mais que ce n'était, en aucune façon, celle du parti socialiste qui, sauf erreur de ma part, est celui auquel appartiennent le Président de la République, le Premier Ministre et le ministre de l'intérieur de qui relève une telle décision. On a donc clairement déformé ses propos afin de créer, de toutes pièces, un prétendu incident au sein de la majorité. Bien entendu l'opposition a marché à fond dans la combine, mais il est clair que la responsabilité de ce mensonge incombe, directement et d'abord, aux journalistes.

Le second grand événement qui occupe la presse du jour est la vitesse à laquelle a roulé la voiture du Président de la République dans le voyage qu'il a fait en direction de la Normandie pour la célébration de l'anniversaire du débarquement. Le procédé est exactement le même ; on a fait une exploitation politique d'un événement qui a été retracé d'une façon mensongère et, pourrait-on dire, même stupide.

Fallait-il aller en Normandie en voiture ou en avion ? Je n'en sais rien et je m'en moque! Je ne suis pas sûr que l'avion soit un moyen plus rapide, si l'on prend en compte le temps qu'il faut prendre, à deux reprises, pour aller aux aérodromes et en revenir. Les services de communication de la Présidence de la République voulaient-il en faire une preuve de la "normalité" (ou de la "normalitude" comme disent nos crétins, aussi pédants qu'ignorants) de François Hollande, je n'en sais rien et cela n'a, en la circonstance, aucune importance ?

Ce qui est clair, en revanche, est que le cortège présidentiel, que précédaient des motards et des voitures de sécurité, sur une route par ailleurs surveillée, est naturellement, en toute légalité, prioritaire et a donc, comme les pompiers par exemple, parfaitement le droit de rouler à des vitesses excessives par rapport à celles qui sont imposées aux autres conducteurs. On peut même ajouter qu'il y a là un élément majeur de la sécurité du véhicule présidentiel.

Tout ce débat n'a donc rigoureusement aucun sens et voir la presse s'occuper de façon exclusive de telles questions (sans parler du "dépeceur de Montréal" qui est le troisième sujet du jour et qui ne vaut pas mieux) est absolument consternant pour la démocratie française en un temps où, de l'Espagne à la Syrie, la situation est des plus préoccupantes.

Mais, après tout, un pays n'a que la presse qu'il mérite !

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