On se souvient de la formule du regretté Pierre Desproges : "Les Portugais sont gais". Les nouvelles du jour m'en inspirent une autre, de la même veine mais inscrite dans l'actualité : « Les hidalgos sont trop ! ».
Voilà des jours et des jours que les Espagnols se grattent pour savoir s'ils vont ou non demander à l'Europe de venir à leur secours et de leur donner les moyens de recapitaliser leurs banques sans qu'on ait su jusqu'à présent dans quelles proportions. On est passé ainsi de trente à cent milliards d'euros ! La fierté espagnole bien connue (car l'Espagnol est aussi fier que le Portugais est gai et le poète l'a bien dit "L'emphase a frissonné dans sa fraise espagnole" ) empêche, en effet, de faire une telle demande auprès de l'Union Européenne, ce scrupule étant renforcé bien entendu par la crainte, moins avouable, que ladite Europe ait l'indélicatesse de poser quelques conditions à l'octroi d'une pareille somme, à fonds vraisemblablement perdus.
C'était ce qui s'était passé pour l'Irlande (mais l'Irlandais violent et bagarreur n'est pas fier lui!), il y a quelques années, à qui l'on avait donné quelques dizaines de milliards (76 tout de même si je me souviens bien) mais en assortissant ce cadeau d'un plan de rigueur et de quelques exigences budgétaires fortes, ce qui paraît bien naturel à tout individu pourvu de quelque bon sens et un tant soit peu près de ses sous. Le cadeau qu'on envisage de faire aux Espagnols suscite donc la fureur des Irlandais qui demandent qu'à titre rétroactif, on leur fasse les mêmes conditions ce qui, après tout, est assez logique. Mais l'histoire récente de l'Europe et de l'euro surtout montre que le bon sens ne caractérise pas nos politiques et, pire encore nos financiers !
Comme les hidalgos ne sont pas Irlandais, il semble que l'UE ait ménagé la fierté espagnole (sans doute aussi par crainte d'une Bérézina générale) et qu'on ait partiellement satisfait les exigences des hidalgos, ces cent milliards n'étant pas assortis d'un plan d'austérité et surtout de mesures de contrôle du dit plan. On sait pourtant, depuis Maastricht, ce que vaut la signature des Etats, y compris celle de la France. S'il n'y a pas un contrôle sérieux et strict des finances nationales par une autorité supranationale (donc une limitation de la souveraineté d'Etats sans foi ni loi), on peut signer tous les plans qu'on veut, avec la secrète restriction mentale chère aux Jésuites, de ne pas les respecter.
Comment a-t-on réussi à convaincre les Espagnols de mettre dans leur poche avec leur mouchoir dessus leur ombrageuse fierté ? Ce sont là les mystères de l'Europe où chacun tient l'autre par la barbichette ! Toujours est-il qu'en ce dimanche électoral, tout le monde se félicite et se congratule même si l'avenir demeure pour le moins sinistre.
Puisque nous sommes là dans le monde de la finance, un mot sur une radio que j'écoute assez régulièrement car elle apporte parfois des éléments d'une information un peu plus sérieuse que les autres et n'a pas pour unique centre d'intérêt les chiens écrasés. Il s'agit de BFM business dont le nom est, à soi seul, tout un programme mais qui a le mérite d'annoncer la couleur. J'ai déjà dit combien je m'amuse à voir associées, dans le paysage audiovisuel, RMC, la radio des bignoles (= concierges, pour mes lecteurs étrangers), populaire et populiste, avec BFM business qui est clairement l'organe du grand capital.
Ce qui m'amuse le plus dans les propos que j'entends sur cette chaîne est le contraste entre le discours vertueux de ses "experts", avec en particulier des imprécations contre les infâmes Grecs, peu disposés à payer l'impôt et prêt à toutes les manoeuvres pour y échapper, et les publicités de cette radio (il faut bien vivre et de préférence sur un grand pied) qui reposent essentiellement sur des slogans et des annonces pour payer moins d'impôts ou réduire son impôt sur la fortune, etc. car, bien entendu, cette chaîne ne compte guère (moi mis à part) que des auditeurs soucieux de payer le moins possible d'impôts mais dans des termes apparemment convenables avec peut-être, ici ou là, une petite évasion fiscale pépère.
A mourir de rire!
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