Timeo Danaos et dona ferentes ("Je crains les Grecs même lorsqu'ils apportent des cadeaux"). Cette phrase ne fut certainement pas prononcée, du moins, sous cette forme, puisqu'elle est en latin, par les Troyens assiégés, au moment où les Grecs leur faisaient le fatal cadeau du Cheval de Troie qui allait causer leur perte !
Elle est toutefois vraie, aujourd'hui plus que jamais, lorsque l'on considère la situation des pays riverains du bassin méditerranéen, au sud et à l'est, au Maghreb comme au Machrek.
Tout le monde s'était déjà réjoui, naïvement ou sottement comme il vous plaira, de voir le Qatar apporter son soutien, plus moral que réel, aux forces de l'OTAN dans les attaques portées contre le régime de Kadhafi. Il en a été de même, dans la suite, même s'il était un peu inattendu (mais nul ne s'en étonnait) de voir les monarchies pétrolières du Golfe prétendre voler au secours des printemps arabes qui marquaient, aux yeux du monde, l'aspiration à la démocratie. On sait en effet que ces régimes ne sont pas des exemples très probants de démocratie effective!
Le meilleur exemple est sans doute le Qatar qui, non seulement a fait voler ses avions aux côtés des nôtres au-dessus du Libye, mais achète en France, à Paris surtout, tout ce qui passe à portée de sa vaste bourse, depuis les footballeurs jusqu'aux hôtels de luxe. C'est toujours ça de pris, se disent les Français, "nés malins" et qui ont inventé le vaudeville mais qui, comme d'habitude, ne voient pas beaucoup plus loin que le bout de leur nez qu'ils ont généralement court.
En effet et pour digresser un peu mais en apparence seulement, j'alerte en vain depuis dix ans (je ne sais qui d'ailleurs car nul ne m'écoute) sur les risques que fait peser, en Afrique subsaharienne largement musulmane, l'intégrisme islamique à qui ses immenses moyens financiers permettent de tendre à éliminer l'islam africain traditionnel infiniment plus tolérant. Les événements actuels du Mali et la destruction des bâtiments érigés en l'honneur des "saints musulmans" le démontrent assez.
Après des textes sérieux des années 90, j'ai écrit autrefois un blog sur le sujet où je disais que nous avions que trois cartes à jouer dans cette région du monde où la situation était loin d'être, à ce moment, ce qu'elle est aujourd'hui.
Ce sont en premier lieu l'islam africain dont nous devrions, en premier lieu et d'urgence, aider les medersas traditionnelles qui sont bien incapables de rivaliser avec les écoles coraniques financées par les émirats et qui offrent, entre autres, des bourses où l'on forme les élites locales qui serviront à la propagation du wahhabisme.
En deuxième lieu, les femmes car les femmes africaines, qui sont l'élément actif et productif de la population et le pivot social majeur, ne sont pas disposées à se laisser faire ; elles offriront à n'en pas douter une résistance importante, même si leur éducation reste à la traîne en dépit des rodomontades.
En troisième (the last but not the least) de la bière, qui est, assurément, le plus réussi de tous les transferts de technologie du Nord. La Flag contre le Coran, la lutte sera rude!
Mais revenons au sujet et aux printemps africains comme aux démocraties dont ils sont censés illustrer l'appétit. Il n'y a que nos hommes politiques pour être assez naïfs pour croire à la pureté des intentions, quand ils voient des régimes politiques du Golfe dont la pratique interne de démocratie est bien connue, prétendre voler au secours des aspirations arabes à la démocratie.
Le cas de la Syrie illustre cette situation à nouveau ; sans que je prétende un instant défendre en quoi que ce soit Bachar al-Assad, je ne suis pas sûr que nos intérêts réels effectifs soient de le voir tomber, pour céder la place à un régime islamique tapi au fond du Cheval de Damas dont Troie n'est pas si loin. Je pense que les Turcs, bon nombre de Libanais sans parler des Israëliens partagent cet avis, même si on ne les entend guère pour le moment.
C'est là que s'explique le titre même de ce blog. Je crains les émirs même (ou surtout) lorsqu'ils apportent des cadeaux à la démocratie. Mieux vaut qu'ils nous offrent des Zlatan ; c'est plus spectaculaire (enfin on espère...) et, en tout cas, moins dangereux.
Bref et en d'autres termes, si je vois un émir vanter les charmes de la démocratie, je sors mon Coran !
1 commentaire:
Mon cher Usbek,
On ne peut que partager votre analyse
pertinente, analyse que vous aviez développée avec constance dans divers blogs.
Caporal-chef Kiravi
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