J'avais songé, au départ,
à une solution que je n'ai pas exposée dans mes blogs sur le sujet pour ne pas
susciter des commentaires à l'infini (voire des injures) ; quoique raisonnable
et généreuse, elle aurait sans doute suscité les passions, vu la personnalité très
singulière du père de famille et l'amour de l'école qu'on prétendait trouver alors
chez la jeune Leonarda. J'aurais suggéré, en effet, que notre Président de la République
ajoutât à sa décision que le retour en France de la jeune fille était accompagné
d'une offre de prise en charge par la France, pour la durée de sa scolarité, de
son admission, à titre exceptionnel, à la Maison de la Légion d'honneur de
Saint-Denis. La suite a montré que cette solution n'était sans doute pas bonne
car Leonarda est bien loin d'être l'élève modèle à tous égards qu'on nous
dépeignait.
Naturellement mes
deux billets sur le sujet ont suscité des commentaires en particulier chez
quelques âmes généreuses, de gauche et féminines pour la plupart, mais assez
mal informées, ce qui rend nécessaire de ma part cette ultime mise au point.
On m'a objecté, dans
MDP et Agoravox, que les mensonges du père n'étaient que des peccadilles puisque ils sont
coutumiers dans les dossiers de demandes d'asile. C'est hélas parfaitement
exact, puisque il faut, à la fois, venir d'un pays où l'on est exposé, d'une
façon ou d'une autre, à des brimades, des menaces, des vexations ou, hélas, le
plus souvent, bien pire encore, et donner sur la réalité de sa condition antérieure
des informations exactes et vérifiables.
Mentir sur son
origine nationale réelle et détruire ses papiers est le premier conseil des
associations spécialisées pour prétendre à un asile auquel on n'a pas droit ;
c'est ce qu'a fait d'emblée R. Dibrani qui vivait depuis dix sept ans en Italie.
! Le droit d'asile (légitime ou non) est devenu une filière très fréquentée de
l'immigration naguère clandestine. Le nombre de dossiers de demande d'asile a
explosé et donc, de ce fait même, il y a de moins en moins de cas d'acceptation.
Un dossier sur dix est actuellement accepté contre neuf sur dix naguère encore,
car il y a de plus en plus de faux dossiers, même s'il y en a hélas beaucoup de
fondés. De ce fait, ces falsifications sont très loin d'être innocentes et sans
gravité, car d'habiles dossiers mensongers conduisent fatalement à écarter des
dossiers légitimes et honnêtes..
Pour m'être rendu,
dans les vingt cinq années qui viennent de s'écouler, dans nombre de pays du
Sud (dans toute l'Afrique, comme aux Comores à Madagascar ou en Haïti) je puis
avancer d'expérience que la misère en Europe et la pénibilité de certaines
situations (pour les Roms par exemple), si regrettables qu'elles soient, ne
sont en rien comparables à celles
qu'ont peut trouver dans le Sud où s'ajoutent, en outre, dans nombre de pays, aux
famines et à la plus extrême misère, d'atroces guerres civiles, religieuses et
ethniques souvent, qui dépassent tout entendement.
On nous a récemment
montré, à propos des Roms, des documentaires sur leurs conditions de vie en Roumanie
ou au Kosovo, mais je ne connais pas de Comoriens, d'Haïtiens, de Congolais ou
de Somaliens (du peuple bien entendu) qui ne soient prêts à changer
immédiatement la condition et la vie qu'ils connaissent dans leur propre pays
contre celles qui leur seraient faites dans l'un ou l'autre de ces Etats
européens. Il est inutile pour cela d'évoquer ici les milliers de noyés de
l'Atlantique ou de la Méditerranée.
Les mensonges de Resat
Dibrani, ne sont donc pas des peccadilles comme certaines veulent nous le faire
croire (en les comparant sottement aux mensonges que font ceux qui circulent
avec de faux permis de conduire ou font des déclarations d'impôts inexactes) ;
ces mensonges et ces faux sont au contraire gravissimes car ils conduisent à écarter, au bénéfice d'un
profiteur malhonnête, qui n'a jamais rien fait de toute sa vie et qui n'a
quitté l'Italie, selon ses propres termes, que parce qu'il jugeait la France plus
propre à mieux l'entretenir dans sa paresse, des dossiers sincères infiniment
plus dramatiques et plus dignes d'être pris en considération au titre du droit
d'asile. De tels comportements pour le défendre dans les blogs ne visent guère
qu'à prendre des poses avantageuses, tout en ignorant les réalités du monde et
en particulier celle du Sud.
Pire encore! Puisque
Monsieur Resat Dibrani conduit à mettre sur le tapis la question du Kosovo, on
peut donner, à cet égard, quelques détails significatifs que j'ai entendus ce
matin même vers 8 heures, sur France Culture, de la bouche de Caroline Fourest,
grande experte en la matière. Le nombre des demandes d'asile en provenance du
Kosovo a, en effet, littéralement explosé
ces dernières années ; multiplié par 2,80 il a donc pratiquement triplé. Bien entendu, cela correspond
peut-être à une forme d'aggravation de tensions sociales au Kosovo dont on n'a pourtant
guère parlé, mais, à mon sens, cela signifie bien plutôt et surtout que s'y
sont mises en place des filières d'immigration vers l'ouest (comme ailleurs) et
vers la France surtout. Tout cela profite sans doute surtout à un certain
nombre de mafiosi kosovars, car il y a dans cette zone une grande activité mafieuse
qu'on constate à bon nombre d'autres signes.
Nous avons sur ce
point comme sur beaucoup d'autres une administration si pesante que, non
seulement elle fonctionne avec d'une lenteur extrême, mais elle offre en outre
des possibilités infinies d'en ralentir, voire dans bloquer l'application. Le
cas Dibrani, dont la demande d'asile, refusée d'emblée, a été rejetée quatre fois en appel (d'où la
durée insolite de la procédure) illustre ce point ! Toutes les décisions,
prises à propos du droit d'asile, peuvent certes être contestées devant une Commission
d'appel, mais je comprends mal comment cette contestation, dans le cas de Monsieur
Dibrani, a pu être faite quatre fois de
suite et cela d'autant qu'il était manifeste que les documents qu'il présentait
étaient des faux ; il aurait suffi d'interroger sa famille dans la langue
locale du Kosovo (albanais ?) pour s'apercevoir de la supercherie! Les sciences
du langage peuvent servir parfois quelque chose, même en matière de droit
d'asile et d'immigration.
Vouloir traiter,
comme certaines intervenantes le font, l'accumulation des mensonges et des
falsifications de Monsieur Dibrani comme des espiègleries sans conséquences témoigne
non seulement d'une totale méconnaissance de la misère du monde, mais en outre
d'une ignorance égale des réalités des procédures du droit d'asile. Quiconque
s'arroge indûment une place en ce domaine la prend fatalement à un autre vrai
malheureux qui la mériterait, lui !
Au moment où j'allais
souvent en Afrique, j'avais projet (mais je n'ai jamais eu le temps de le faire
ni le réellement l'envie), je voulais, par blague, m'offrir pour 5000 Fr. CFA
auprès d'un agent administratif d'un État africain, un certificat attestant que
j'avais, dans le pays en cause, deux ou trois enfants naturels. Ce papier m'aurait
permis de me présenter aux allocations familiales françaises pour y percevoir
les allocations correspondantes à cette petite famille. Je n'aurais eu aucune
difficulté à le faire (peut-être pour 10 000 Fr. CFA et non 5000 ! ) et
j'aurais été parfaitement fondé à percevoir les allocations familiales
correspondantes. En outre, j'aurais pu, pour le même prix, prolonger d'un an
par enfant naturel, le nombre de mes années d'exercice avant le départ à la
retraite. J'ai connu un éminent professeur parisien, spécialiste d'histoire religieuse,
qui s'était livré à cet exercice, avec de vrais enfants en ce qui le concerne,
du moins je l'espère pour sa mémoire !
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