Le 20 avril 2014, j'ai publié ici même un billet intitulé : « Comme les routiers, les djihadistes sont sympas ! ». Sur le ton de la plaisanterie, ce qui ne paraît guère avoir été compris, j’y soulignais ce qui me paraissait l’essentiel et évidence, d’où la nécessité de plaisanter un peu pour évoquer un aspect que je jugeais si trivial. Dans la libération de nos journalistes otages capturés en Syrie, le point principal me paraissait, non pas de savoir si nous avons ou non payé, puisque nous nions, systématiquement, en toutes circonstances et contre l’évidence, l'avoir fait, mais le choix de la date de cette libération.
Nos officiels et nos diplomates, qui ont été formés à l'école des Jésuites et de la restriction mentale, ne mentent pas, chacun le sait, lorsqu'ils nous disent que la France n’a pas payé. Ils ne nous disent simplement pas la vérité, ce qui est autre chose ; c'est sans doute tout à fait exact dans bien des cas, si en effet la France a fait payer les rançons par des intermédiaires qui s'en sont chargés pour elle ou si elle racheté ses otages en nature, par exemple en livrant des armes qui malheureusement ont pu ou pourront être parfois retournées contre nos propres intérêts. Tout cela relève de pratiques qui permettent au Quai d'Orsay de sauver la face et à Monsieur Fabius d'affronter les caméras en toute tranquillité, sans avoir à aller à confesse ce qui n’est pas dans ses habitudes. Que nous ayons payé d'une façon ou d'une autre est de toute façon si évident qu'il est inutile de s'y attarder.
Après ce blog resté sans réaction et en dépit du silence de toute notre presse sur ce point, j'étais tout à fait décidé à ne pas revenir sur cette question, avant de regarder hier en fin de journée (en une soirée de lundi de Pâques ou vu le temps pluvieux, on ne sait pas trop quoi faire et on est prêt à n'importe quoi !) l'émission de Calvi, à 17h45 sur la Cinq, qui était consacrée à aux otages et qui réunissait, outre une pauvre Syrienne que nos intervenants français n'ont guère laissé parler comme d'habitude, deux « experts » en guerre secrète, parisiens et dès lors familiers de nos écrans. L’un, aux airs toujours mystérieux, venait surtout pour la promo de son livre sur le sujet, l'autre le juge Marceau, ex-juge antiterroriste, était là pour un autre livre dont j'ai oublié le nom, n'ayant de toute façon aucune intention de l’acheter. Comme d'habitude la participation à cette émission relève de la promotion des produits des prétendus experts et non de leurs compétences ou de leur clairvoyance. Le troisième larron était un journaliste de Valeurs actuelles qu’il m'est arrivé de voir mieux inspiré.
J'ai regardé jusqu'au bout cette émission insipide, non pour son intérêt (elle n’en présentait n'en aucun, comme souvent malheureusement), mais pour voir si on allait y évoquer la question de la date choisie pour une libération qui serait hyper-médiatisée puisqu’il s’agissait de journalistes, espèce médiatiquement protégée. Ce détail de la date, qui me paraît capital et au fond le seul intéressant, n'a même pas été évoqué ; pas une seule phrase à ce sujet. Ce détail me donne à penser que Calvi, qui connaît la musique comme son papa et qui est loin d'être un imbécile, tient à la pérennisation de ses rémunérations par France Télévision que certains jugent scandaleuses, est tout simplement servile et aux ordres ; il s’est donc bien gardé de poser la seule question qui était évidemment la plus gênante et la plus nécessaire !
Il est évident qu'on a dû faire très vite, en la circonstance, pour conclure une affaire déjà engagée, mais qu’on gardait sous le coude en cas de besoin politique urgent. Vu le bruit inattendu de l’affaire Aquilino Morelle, il a fallu absolument que, dès le lendemain, les journalistes libérés puissent être sur place à Paris avec tout l'appareil qui accompagne ces libérations médiatiques, les seules véritablement importantes et significatives pour les médias. Sauf erreur de ma part, l'émission a été enregistrée dans les locaux d'Europe1, avec, en tout cas, une abondante publicité en arrière-plan sur la chaîne ; à Villacoublay, on a noté la présence discrète mais significative de Monsieur Denis Olivennes qui a dû redevenir un homme de gauche pour la circonstance.
On a donc, en tout, soigneusement évité de montrer la concomitance voulue des faits (démission d’Aquilino Morelle et libération des otages) alors que la démission d’Aquilino Morelle Morel faisait grand bruit la veille. Tout a été oublié (et c’était bien entendu le but) avec la libération des otages qui a totalement éclipsé, du jour au lendemain, les cirages de godasses comme les conflits d'intérêts pharmaceutiques.
J'en finis par me demander si l’on n'a pas choisi, pour épargner les finances de la France, de livrer aux djihadistes Aquilino Morelle lui-même , en échange des otages et pour prix de leur libération. Après tout, voilà un homme qui, de toute évidence, a du foin dans ses bottes et, tout en nous en débarrassant, ils devraient bien arriver à en tirer quelque chose !
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