J'ai entrevu hier soir, sur Arte, le « 28 minutes » d'Élisabeth Quint, une émission que j'apprécie par ailleurs beaucoup et que je regarde souvent, à condition toutefois que Pascal Blanchard n’y soit pas invité ce qui est malheureusement fréquent ! On y a évoqué un article paru dans le Progrès de Lyon sur les méfaits des étrangers dans le département du Rhône. Le Progrès est accusé de racisme par SOS Racisme, pour avoir, entre autres griefs, regroupé les prostituées « africaines » sous cet adjectif. Il n’est sans doute pas facile, même pour la police, de distinguer entre les prostituées congolaises, nigérianes et ghanéennes qui sont les plus nombreuses et sont pour la plupart clandestines. Bref, le cas ne me paraît pas pendable car « Africain » n’est pas à ma connaissance du français, une injure, ce qui, d’une certaine façon m’amène à mon deuxième point.
Les invités, dont l’inévitable Pascal Blanchard, qu’E. Quint s’obstine à inviter en dépit de sa réputation et du mystère de ses compétences comme de sa formation ou de ses activités (il s’affiche comme « documentariste » et a pour seul avantage de parler de tout et surtout de ce qu’il connaît peu ou mal), ont insisté sur la formation qu'on reçoit dans les écoles de journalisme et qui devrait permettre d'éviter semblable confusion que je persiste à juger mineure. On y a donc parlé abondamment de la formation des journalistes dans ces écoles, tout en déplorant que l'information anthropologique y soit insuffisamment développée (Que n’y recrute-t-on Pascal Blanchard pour nous en débarrasser !). J'en conviens volontiers (s’il écrit sur tout un journaliste doit avoir des clartés de tout ou, à, défaut, … prendre la peine minimale de s’informer). Je préférerai toutefois, à choisir, qu'on y développât en priorité la connaissance de l'orthographe et la grammaire du français ainsi que la conscience professionnelle qui fait si souvent défaut à nos journalistes comme on va le voir, sur des sujets bien plus sensibles et importants.
J'en donnerai pour preuve, en ce qui concerne l'orthographe, la confusion, quasi permanente chez nombre d’entre eux, entre « prêt à » (qui, outre la différence de sens et de construction, est un adjectif et possède donc un féminin et un pluriel) et « près de » (qui est une préposition et qui est invariable). J'entendais encore ce matin un éminent journaliste familier de nos écrans (souvent présent dans le « 28 minutes » que j'évoquais précédemment), qui disait que la majorité des journalistes de Libération n'était pas «prêt à suivre le repreneur potentiel de ce journal ! ». Je ne parle même pas des fautes les plus courantes du style « avant que …ne »(par attraction des verbes de crainte), des absences d’accords de participes passés avec « avoir » ou des erreurs dans les verbes pronominaux qui sont légion dans les propos journalistiques et dont on exige pourtant la connaissance, en fin de primaire, pour des écoliers « africains » (Et que SOS Racisme n’aille pas me faire ici un procès sans me faire savoir ce que j’aurais dû dire !). Comment nos pauvres professeurs de français peuvent-ils espérer les enseigner à leurs élèves quand des emplois fautifs permanents s'imposent à eux par le biais de la radio et la télévision. Passons là-dessus !
J'ai fait, il y a quelques jours, à propos du « fameux gel des salaires de la fonction publique » un billet où je révélais (j’ose ce terme car je n'ai entendu cette réflexion nulle part ailleurs) que la haute fonction publique n'avait cure de cette mesure, puisque une bonne partie de sa rémunération est constituée de primes, indépendantes bien entendu de l'échelle indiciaire de la fonction publique.
Je ne reviens pas sur cette question, quoique ce billet ait, pour une fois, attiré l'attention de plusieurs lecteurs qui ont été assez aimables et intéressés pour me laisser des commentaires ! J'ai lu depuis, en m’intéressant à cette question, un excellent article de Thierry Fabre déjà ancien puisqu'il date du 25 avril 2013. Il concerne l'inspection générale des finances, « le corps de contrôle d'élite de l'État ». Les inspecteurs généraux des finances sont non seulement l'un des grades les plus prestigieux de la fonction publique française, mais ils constituent celui qui a le plus de facilité à se servir avant les autres et donc mieux qu’eux ! On y disait, entre autres, chose que « dans leur placard doré », ces inspecteurs ont « un traitement confortable de 10 000 € par mois environ ». Si le reste de l'article est tout à fait excellent et révèle un certain nombre de scandales, on peut reprocher cette incertitude et cet « environ » à Thierry Favre, car il est tout de même très facile en France d'avoir une information précise sur les TRAITEMENTS de la fonction publique. Il en est en revanche tout autrement des REMUNERATIONS. Pour la haute fonction publique française surtout, « traitement » (lié à un indice précis) et « rémunération » (incluant des primes) ne sont pas synonymes comme on pourrait le penser, puisqu'au « traitement » s'ajoutent souvent des primes fort importantes qui contribuent à faire monter sensiblement la « rémunération » elle-même. Ainsi dans Mediapart du 25 avril 2014, à propos du reclassement de Monsieur Aquilino Morelle et du traitement des inspecteurs de l'IGAS, lit-on que le traitement de ces fonctionnaires va « de 60 000 à 120 000 € annuels hors primes ». Cette information est inexacte et si l'on veut susciter l'indignation des lecteurs, mieux vaudrait leur donner des informations plus précises et surtout plus justes, de façon à fermer cette porte de sortie à A. Morelle qui ne manquera pas de s’y engouffrer.
Comme je le disais, il est très difficile de savoir, sauf de sa bouche, quelle est la « rémunération exacte d'un fonctionnaire » puisqu'elle comprend à la fois des primes (qui sont parfois calculées à la tête du client par négociation individuelle) ou qui se calculent, de façon plus étrange encore, sur des pourcentages des activités exercées dans sa fonction par l’intéressé ; c'était le cas autrefois, (je ne sais pas si les choses ont changé), pour les ingénieurs de l'équipement, les conservateurs des hypothèques et les trésoriers-payeurs généraux !
Si il est très difficile et même impossible de connaître le montant des primes, il est en revanche très facile de savoir quel est le « traitement exact » (au cent près !) d’un fonctionnaire. Pour prendre un exemple précis et courant, un préfet a un traitement de 4797 à 6207 € bruts par mois ; le traitement annuel pour un préfet de classe normale est au minimum de 57 567 € et pour un préfet hors classe ce traitement peut atteindre 74 489 €.
Si l’on consulte la grille complète de la fonction publique, pour un fonctionnaire « hors échelle G », avec un indice majoré de 1501, le traitement brut mensuel est de 6950,07 euros.
Ces chiffres sont les chiffres officiels et on peut donc supposer qu'ils sont exacts ; on ne peut donc pas écrire comme le fait . C. Coq-Chodorge dans Mediapart que le « traitement » d'un inspecteur général de l’IGAS va « de 60 000 à 120 000 € annuels » ou comme Th. Fabre que « les inspecteurs des finances ont un traitement de 10 000 € par mois environ », sauf à ignorer le sens du mot traitement !
Apparemment la consultation de Google et l'usage de l'Internet n'ont pas encore pénétré les écoles de journalisme. Il serait bon d’y songer !
1 commentaire:
Sur le palmarès des fautes d'orthographe, les « quoiqu'on » sont à la bonne place également.
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