Comme les routiers, les djihadistes sont sympas !
Non seulement ils sont sympas, ces djihadistes, mais du fin fond de la Syrie déchirée par la guerre, ils demeurent attentifs aux moindres évolutions de la situation politique intérieure de la France et aux soucis de notre Président ! Il est vrai qu'ils savent qu'ils peuvent y compter sur la coopération immédiate et vigilante des médias français qui ne prennent feu et flammes, on le voit une fois de plus à la floraison soudaine de leurs « éditions spéciales », que lorsqu'on a enlevé ou libéré l'un ou l'autre des leurs.
La chose est d'ailleurs étonnante puisque, dans les dernières années, le meilleur moyen de promotion immédiate et forte, dans la corporation des journalistes, du plus obscur plumitif, a toujours été de se faire enlever. Non seulement, on bénéficie alors, dès son retour, d'une promotion immédiate au sein des organes de la presse écrite ou audiovisuelle, mais on peut publier illico, sans problème, un bouquin sur sa captivité ou son enlèvement qu’on a eu tout le temps de préparer et pour lequel vous sont offerts immédiatement tous les micros et tous les écrans. Outre les promotions internes, vous êtes même en mesure de fonder des associations d’anciens otages qui vous permettent de rester dans la course et sur les plateaux comme d’être invité à Villacoublay ! À cet égard, se faire libérer à quatre en même temps est fâcheux pour la campagne de publicité des ouvrages qu'on a probablement eu le temps de rédiger déjà durant sa captivité. Bref, tout cela est bien connu mais c'est un autre problème que pose le titre de ce billet.
Ils sont tout de même sympas ces braves Syriens d'avoir pensé à libérer les quatre journalistes enlevés juste au moment où notre Président et son gouvernement se trouvent dans la plus fâcheuse situation avec la prise la main dans le sac de Monsieur Aquilino Morelle et la démission qui s'en est suivie, devant l’évidence de ses mensonges. Il ne fallait pas moins d'un événement de cette importance pour détourner l'attention du public qui commençait à s'indigner fort des mœurs gouvernementales ! Quatre « d'un coup », comme le petit tailleur du conte et, en outre, quatre journalistes, voilà qui était susceptible, plus que toute autre chose, de focaliser toute l'attention publique ; en outre, on ne peut guère imaginer, en la circonstance, que la manœuvre ait été machiavéliquement conçue par l'ex-responsable de la communication présidentielle !
Sympas le djihadistes mais en outre prévenants, délicats et efficaces car le temps pressait ! Livraison gratuite et immédiate des quatre journalistes, pourtant enlevés indépendamment les uns des autres, et qu'on nous remet, gratis pro deo, « saucissonnés » si j'ose dire en pareil cas et avec des djihadistes, à la frontière turque, juste à temps et à portée, pour qu'ils puissent être le lendemain à Villacoublay pour la petite cérémonie qu'on n'a pas manqué d'y organiser.
Les journalistes français (ceux de France), toujours aussi mauvais en calcul que peu regardants sur les détails, nous annonçaient hier soir que tous les otages libérés étaient déjà dans l'avion, ce qui faisait un voyage d'une durée considérable depuis la Turquie pour être le lendemain matin à Paris ! Mais seuls les mauvais esprits comme moi peuvent s'attacher à de si menues circonstances ! L'essentiel était de traîner un peu en route pour ne pas arriver dans la nuit à Paris et se débrouiller afin de tomber pile-poil pour les journaux télévisés dominicaux de treize heures. Sinon à quoi bon que ces djihadistes si sympas ils se décarcassent !
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