Comme vous le savez sans doute je suis à la fois émotif, distrait et, faut-il ajouter, un peu trop occupé, ce qui me conduit, le plus souvent, à faire deux choses en même temps, dont l'une, qui est parfois la troisième, est d’écouter la radio.
Ce matin, occupé à je ne sais quoi vers 8:00, alors que, dans le poste, on causait de l'Ukraine, j'ai soudain entendu prononcer le mot « dome » dans un contexte que je n'avais pas identifié. Ayant lu la veille un texte sur Mayotte (pour des problèmes d'ordre linguistique et anthropologique), dans un probable instant d’aberration, j’ai soudain cru que l'Ukraine, outre quelques dizaines de millions qu’elle nous avait soutirés et que notre Premier Ministre était venu en personne lui apporter, avait demandé et obtenu, comme Mayotte, le statut de département d’outre-mer français (D.O.M) car je ne voyais pas à quoi pouvait renvoyer en français la séquence phonétique « dome ». Rendu soudain plus attentif par l’émotion, j'ai compris qu'en fait il était question de Tchernobyl et que le « D.O.M. » en question qu’évoquait la « journaliste » n’était pas un D.O.M (département d’outre-mer mais ici peut-être d’outre-mur !) était, en réalité, un « dôme » car la France allait en construire un d’acier et de béton pour couvrir d'une façon plus efficace le « dôme » actuel qui ne protège guère des radiations que persistent à produire les restes de la centrale nucléaire.
Heureusement pour moi, je ne suis pas trop attaché à la stricte correction phonétique lexicale et syntaxique de notre langue bien que, dans le passé, j'aie consacré quelques blogs à cette pauvre langue française. J'ai un vague souvenir de l'un d'entre eux que j'avais dédié à Marie Jeanne Bécu, comtesse Du Barry et que j'avais intitulé « La France, ton français fout le camp ! » en parodiant la fameuse formule par laquelle elle prévenait Louis XV que son café allait bouillir « La France ! Ton café fout le camp ! ». L’explication de cette apostrophe que je ne donne ici qu’à l’usage des nobles étrangers qui fréquentent ce blog, est que, dans l'intimité, la Du Barry appelait « la France » son royal amant et que, selon une des formules de nos campagnes, « Café bouillu ! Café foutu !».
L'absence d'opposition est devenue fréquente, surtout sur nos antennes, entre l’« o » fermé (celui qu’on devrait avoir dans « dôme ») que je n’ose gloser par une équivalence avec « au » car, au-dessous de la Loire, la « paume » devient une « pomme » comme le « saule » se change en « sol » et l’« o » ouvert, qui, lui, me pose, à l’inverse, les mêmes problèmes. La chose est parfois fâcheuse, même hors de mon émotion ukrainienne du matin, quand, dans des cas plus fréquents que celui que j'ai évoqué à propos de Tchernobyl, cette neutralisation conduit, par exemple, à confondre la « cote » du kilo de boeuf ou d'agneau, à l'achat ou à la vente, avec la « côte » de ces mêmes animaux qui d’ailleurs a elle-même en outre une « cote » spécifique par rapport à de moins nobles morceaux.
Les fondamentaux ! Toujours les fondamentaux !
Mais il est des cas plus fâcheux encore d’ordre arithmétique cette fois. Ils concernent tout bêtement les opérations les plus simples du calcul mental qui ont désormais disparu du registre intellectuel et pratique de la plupart des Français. La faute en est sans doute aux instruments électroniques (des caisses enregistreuses des commerçants, qui proposent les rendus de monnaie, aux calculettes des élèves) qui font qu’un ancien ministre de l'éducation nationale montre à la France médusée qu’il ne sait pas poser une règle de trois des plus simples et, pis encore, que le président de notre Cour des Comptes ignore les tables de multiplication, estimant, si je me souviens bien, que sept fois huit font 63 !
Hier, chez Calvi, dans « C dans l'air », j'ai entendu un respectable professeur d’université, géographe il est vrai, faire observer que deux-tiers font moins que la moitié ! C'est un peu étonnant, mais ça n'est pas dramatique.
En revanche, j’ai entendu, à plusieurs reprises, des politiques et même un général, devenu, au terme de sa carrière, directeur de je ne sais quelles recherches « stratégiques », spéculer sur le pourcentage de chars libyens que nos attaques aériennes avaient pu détruire. L'estimation était, dans leurs propos, qu'environ un tiers des blindés de Kadhafi avait été détruit. Si l'on admet, selon les données les plus communes et les plus sûres, qu'il en avait, au départ, 2000 et qu’au mieux (ou au pire selon lui) une centaine ont été détruits, il faudrait, à moins qu’on ne fasse de la guerre psychologique, que ces politiques et ses militaires révisent d’urgence leurs fondamentaux arithmétiques faute de quoi nous risquons les pires ennuis dans cette affaire libyenne !
Les fondamentaux que diable ! Les fondamentaux !
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2 commentaires:
moi j aurais fait payer l integralité DE LA NOTE DU SARCOPHAGE à la RUSSIE
OLIVIER
Bonjour Olivier,
sérieusement je ne vois pas pourquoi la Russie devrait payer pour les erreurs de l'URSS plutôt que les autres républiques qui constituaient ce pays.
Je ne pense pas que les Russes aient une responsabilité particulière dans ce système par rapport aux autres. Ils n'en ont pas davantage profité ni moins souffert. Par ailleurs les dirigeants étaient loin d'être tous russes. Ceux qui ont d'ailleurs dirigé en temps cumulé le plus longtemps ce pays étaient pour l'un Géorgien et l'autre Ukrainien. C'est d'ailleurs sous ce dernier, sous Brejnev, qu'ont été construites, je pense, ces centrales nucléaires.
La Russie a déjà pris à son compte les dettes de l'URSS qu'elle a remboursées intégralement, je pense qu'il ne faut pas trop lui en demander maintenant.
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