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mardi 11 mai 2010

La galère de l'école

Un des marronniers de la presse a été récemment sollicité à nouveau : les rythmes scolaires avec production des élements habituels. Nos bambins sont parmi les plus mal classés en Europe pour leurs résultats et leurs niveaux de savoirs, alors qu’ils vont en classe au moins autant que les autres. La répartition de leur travail au long de l’année est sans doute en cause, puisque, s’ils ont le moins de jours de classe en un an, les horaires quotidiens français sont les plus lourds. Pas très nouveau en effet !

J’ai été hier confronté à la dure réalité scolaire quotidienne, en m’employant à aider ma petite fille, en sixième depuis la rentrée, à faire ses devoirs du jour. Lourde tâché d’ailleurs quand, étant entré en classe à huit heures du matin, on n’en sort qu’à dix-sept heures avec des leçons à apprendre et des devoirs à faire en français, en sciences naturelles et en histoire !

Je passe sur le français car le morceau n’est pas toujours de la même taille. Dur !Dur en la circonstance ! L’impératif et le subjonctif ! Je ne ferai pas sur vous la vérification des subtilités grammaticales en cause, ne serait-ce que pour notre modeste et populaire impératif, qui, même pour les verbes du premier groupe, en principe les plus simples, a d’étranges complications (« chante » versus « chantes ») et exige toujours les traits d’union (« chante-la » ou "vas-y") que la réforme Rocard (que seuls certains Belges suivent) a , en principe, supprimés ! Le subjonctif présent, très fréquent, n’est pas des plus simples avec ses changements de radical (« vaille » vs « valons » ou « prenne » vs « prenions »). J’observe, au passage, que le procédé mnémotechnique, proposé par le professeur sur un document photocopié, pour la première personne du pluriel qui, à l’en croire, serait identique à la même personne de l’indicatif imparfait, n’est pas vrai pour tous les verbes (à commencer par « être » et « avoir » !). Passons ! Comme pour le genre, ces mystères grammaticaux sont inexplicables et la seule solution est d’acquérir ces formes par l’usage !

En sciences naturelles, je ne brille guère, comme le montre, d’emblée, l’emploi même de cette formule désuète, alors qu’au niveau universitaire, on dit « SNV » pour « sciences de la nature et de la vie » et, au collège, « SVT » pour « sciences de la vie et de la terre »). Ce qui est présenté à propos du sol est bien compliqué avec de subtils distinguos entre la « litière » (?)et « l’humus ». Je connaissais quelques emplois du mot « litière », mais, honte à moi, j’ignorais son sens spécifique en pédologie. Il est, en effet, regardé comme récent (1977) par le Trésor de la langue française que je vous cite : « La litière est la couche superficielle qui couvre le sol en regroupant les horizons dits « holorganiques ». Elle est constituée de matière organique. ; Résidus végétaux (feuilles et brindilles) encore inaltérés ou peu altérés qui couvrent le sol (d'apr. Agric. 1977) ». Nous avons tout de même échappé à « holorganique » et nous ne devons donc pas trop nous plaindre !

Le passage à la leçon d’histoire est encore plus rude. Pour des enfants, qui n’ont qu’une très vague idée des 25 derniers siècles de la simple chronologie du monde, le sujet du jour est « la bible hébraïque ». Elle se voit consacrer au moins quatre pages dans un ensembler plus vaste sur le passé ancien du judaïsme (N’allez pas en conclure que je suis antisémite ! Je ne suis qu'étonné). Ces développements sont fort intéressants pour moi. Je confondais, dans mon ignorance, la bible hébraïque avec la Torah qui n’en comprend que cinq premiers livres sur les vingt-quatre du total ; on ne nous en épargne pas le détail, avec les Prophètes et les écrits, dont on ne nous donne pas pourtant les noms hébreux ! Tout cela est fort bien fait et très précis, mais que peuvent en retenir des enfants de onze ans !

Au-delà de ces remarques, se pose un très grave et permanent problème qui est l’une des plaies majeures de notre système éducatif ; ce n’est là au fond que l’application d’un trait fondamental de l’esprit français. Toute réforme est bonne et souhaitable, à condition qu’elle ne touche que les autres et ne nous concerne pas. Toutes les fois que se pose le problème d’une réforme des programmes scolaires dans le sens réaliste d'une réduction, chacun s’y déclare favorable… sauf dans sa propre spécialité !Le résultat est ce que je viens de décrire par des exemples vécus et offerts par le pur hasard. Tout le reste est à l’avenant. Quelle galère !

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Je crois que la bible hébraïque exclut les livres deutérocanoniques. Pourquoi un tel choix ?
C'est tout de même bizarre de passer à la trappe le corpus chrétien dans une discipline comme l'histoire.

Expat a dit…

Cher Usbek,
en tant que parent d'élève, même si provisoirement je ne le suis plus, j'ai été surpris en France par le déséquilibre profond du rythme scolaire hebdomadaire. C'est une chose qu'on commence à constater au collège et qui atteint son apogée au lycée, où il est clair que l'enfant, mais c'est normal puisque ce ne sont plus vraiment des enfants, n'est plus placé au centre des préoccupations.
Ce déséquilibre se traduit par des journées dont certaines dépassent même les 8 heures et d'autres où elles sont de 4 heures, bien entendu pas d'un bloc, ce qui serait trop simple. J'ai eu tendance à en déduire que les emplois du temps correspondaient davantage aux désidératas de l'enseignant(e) soucieux(se) peut-être de préserver un week-end prolongé passé au niveau pour lui (elle) des droits acquis du fait de son ancienneté de de l'ancienneté de cette pratique, ou encore le mercredi pour s'occuper de ses enfants scolarisés en primaire.
Et ce qui m'a également désagréablement surpris à cette époque pas si lointaine, mais je pense que les choses ont changé désormais (!), c'est qu'à la rentrée les emplois du temps ne sont pas bouclés définitivement. Souvent d'ailleurs du fait des options diverses et variées susceptibles, quelle que soit leur nature, en passant du grec ancien à la planche à voile ou au canoë-kayak de garantir à tous d'avoir le bac, donc options qui viennent joyeusement empiéter sur un cours de math ce qui pourrait être gênant quand vous êtes en série S (chose vécue réellement). Bon ne soyons pas trop regardants. En général les choses s'arrangent pour la rentrées des vacances de la Toussaint.
Ayant vécu quelques années en Allemagne et vivant désormais en Russie, j'ai tout de même un peu le sentiment qu'il s'agit là d'une spécificité française. Peut-être une de nos fameuses exceptions dont nous sommes si fiers.

Concernant le programme d'histoire que j'ai toujours trouvé aberrant avec ces grands sauts à travers le temps, l'ajout sans doute récent de l'histoire des religions, montre le rôle qu'on souhaite assigner à cette matière jugée secondaire si on se réfère à la réforme envisagée au lycée. L'histoire transformée en ode à la diversité si on considère d'autres ajouts au programme.

O.HARTMANSHENN a dit…

j ai eu du mal a laisser des commentaires
j ai pris un compte google moi aussi
retounez vous de temps en temps nous lire a l oneo obs ( ils m ont remis ) ???

Benoît a dit…

Cher Usbek,
Vous pensez bien qu'un sujet comme celui-là me titille. Je n'ai malheureusement que très peu de temps.
Comme je l'ai déjà dit en votre ancienne demeure (dont je crains, au rythme où vont les choses, qu'elle se réduise à une demeure pour demeurés) mon extrême méfiance pour ces enquêtes comparatives. Un : parce qu'elles comparent des situations difficilement comparables. Deux : parce que la tyrannie de la norme réduit tout au plus petit commun dénominateur.

Il y a une technique bien éprouvée en pédagogie qui veut que l'on demande le plus pour être sûr d'obtenir le minimum. Technique qui demande beaucoup de doigté si l'on veut éviter - en provoquant le découragement - de ne rien obtenir du tout.

Venons-en (le «-» étant un impératif de l'impératif) au système verbal. J'arrive à obtenir que 80% de mes élèves (certains il est vrai à force de coups de pied bien placés) aient une excellent maîtrise du système verbal latin (si votre petite fille fait du latin en deuxième année du secondaire, je vous donnerai les références de mes logiciels en ligne). Le problème, c'est lorsqu'on, passe au français, ils ne connaissent pas l'équivalent en français : un indicatif plus-que-parfait passif, un passé simple, une forme conditionnelle qu'ils confondent avec le signifié de « conditionnel », etc...

Et surtout l'emploi des temps. Autant, en traduction, je suis tolérant avec un passé simple tronqué (« il voya, il vut...) si le parfait latin (passé simple ou passé composé en français) doit être traduit par un passé simple, autant je deviens colère lorsqu'on me glisse un imparfait à la place du passé simple, ou un passé simple pourtant correct là où il faut s'attendre à un passé composé.

Cette tendresse pour les passés simples me vient sans doute de ce que, au delà de la compréhension linguistique de l'usage du passé simple et du passé composé (il y a d'excellents écrits d'E Benveniste à ce sujet), la compréhension « in vivo » de l'emploi du passé simple m'est venue de mon fils quand il avait trois ans. Il aimait raconter des histoires et il les racontait forcément au passé simple (j'ai eu droit à tout : il rencontrit, il vena, il voya, ...).. Et une de mes urgences pédagogiques a été de répondre à cette question : pourquoi, un môme de trois ans qui utilise le passé simple (même de manière tordue) – j'imagine que ce doit être le cas de beaucoup de mômes – dix ou onze ans plus tard, ne ressent plus la différence entre un passé simple et passé somposé ?

A+

Benoît a dit…

@Expat
Je n'ai malheureusement pas le temps de m'étendre mais il ne s'agit pas d'une exception française. Je crois que le problème se présente partout où il y a un trop grand choix d'options. Il y a le choix des élèves fait vers mai (afin d'avoir une idée de l'organisation des cours l'année suivante) et un choix défintif qui tient compte des résultats obtenus fin juin ou en septembnre s'il ya a des examens de passage. Il faut souvent tout réorganiser.
Je me bas (mais pour la dernière année contre u système d'organistation qui vise davantage au confort horaire des professeurs qu'à celui des élèves.
Il ya enfin le loup invité dans le bergerie : les parents qui prétendent évaluer leurs enfants à la place des professeurs et qui ont obtenu un pouvoir exorbitant.

usbek a dit…

Cher Olivier,
Je ne vais plus guère sur NO puisque tous les gens que je connaissais et que je lisais n'y sont plus.
J'y suis allé l'autre jour et entrant dans mon blog par mon code j'ai constaté avec étonnement que j'avais encore 130 visiteurs par jour ce que je ne comprends pas puisqu'on ne peut plus accéder aux textes. Vous qui êtes un spécialiste comment expliquez-vous les choses?