Messages les plus consultés

vendredi 21 mai 2010

Du bon usage du démagogique

Commençons par le commencement, c’est-à-dire le Trésor de la langue frnçaise, référence incontestable en la matière, vu le coût de ce dictionnaire pour notre nation. En effet, dans le cadre du CNRS, à l’INaLF, plus d’une centaine de chercheurs et de techniciens, sans parler des spécialistes de divers domaines (de la pharmacie à l’aéronautique en passant par la lutte gréco-romaine), ont, durant près d’un demi-siècle, travaillé à la rédaction et à la publication de ce dictionnaire monumental en seize volumes. La fin de cette entreprise a d’ailleurs été pathétique ; l’INaLF a fini par être supprimé après que l’équipe de rédaction se soit employée, durant les dernières années, à faire du "sur place", comme les pistards, pour tenter de rétarder l’échéance inéluctable, durant la rédaction des ultimes volumes. Naturellement, pour recaser le personnel, tout en supprimant l’INaLF, on a, selon la bonne vieille habitude française, créé deux ou trois organismes nouveaux du genre ATILF ou ATALA (Rien à voir avec Chateaubriand, car nous n’avons pas affaire ici à des littéraires mais à des linguistes et le TALA n’est ici que le traitement automatique des langues.

Ayant dit un peu de mal du CNRS et du TLF, je dois me faire pardonner en leur faisant un peu de pub. En tapant chez notre hôte vénéré Google (je ne veux pas me faire virer!) les trois lettres TLF, vous pouvez consulter le TLF en ligne, sans avoir à remplir votre bibliothèque de ses gros volumes et, comme moi, y faire un copier /coller , meilleur garantie de l’éxactitude votre information.

Bref, laissons le CNRS et ses avatars pour en venir au « démagogique » :

« DEMAGOGIQUE [En parlant d'une chose abstr., parfois concr., rarement d'une collectivité]
A. Qui recourt systématiquement à la démagogie. Le parti démagogique recourait aux violences les plus atroces (MICHELET, Hist. romaine, t. 2, 1831, p. 138).
B. Propre à flatter le peuple pour obtenir ses suffrages et le dominer :
Ceux qui, par crainte du désordre, se méfiaient du peuple français s'étaient trompés autant que ceux qui, pour gagner ses suffrages, croyaient qu'une attitude démagogique était le moyen le plus sûr. BAINVILLE, Histoire de France, t. 2, 1924, p. 186. »

Mais étourdi que je suis, je m’aperçois que je ne vous ai pas dit les raisons de ce post d’apparence lexicographique. Revenons donc en arrière.

Depuis quelques jours, il n’est bruit que de « rigueur » (le gros mot a fini par être lâché) et on nous annoncé même des « hausses » d’impôts qui, comme nous le précise la charmante Madame Lagarde, ne seront pas « massives ».

Madame Lagarde me fait penser à une gravure qui, sous Louis XVI, représentait Turgot en cuisinier, dialoguant avec les Français représentés par divers volailles. En effet,.devenu ministre des finances en 1774, Turgot découvre, à son entrée aux affaires publiques, un déficit abyssal qui n’est pas sans rappeler le nôtre. Ce « libéral », dont le principe majeur de gestion, était « Laissez faire !» est obligé de s’en prendre, en particulier, aux niches fiscales de l’époque qu’on nommait alors moins joliment « priviléges ». D’où la gravure que j’évoque et qui devait orner le Mallet-Isaac de ma jeunesse. S’adressant aux volatiles des trois Etats, le ministre-cuisinier Turgot leur demande « A quelle sauce voulez-vous être mangés ? ». Et les volailles de protester « Mais nous ne voulons pas être mangées !», tandis que Turgot, agacé, réplique en aiguisant son grand couteau « Mais vous sortez de la question ! ».

Vous avez sans doute entendu comme moi que nos ministres ont réjeté avec horreur l’idée de la réduction de leur traitement, de même que nos députés et sénateurs refusent avec indignation de se voir assimilés au vulgum pecus pour ce qui touche aux modalités de leurs retraites. Il faut reconnaître que la gestion de ces retraites est admirable, puisque, pour un euro qu’ils versent à cette fin, ils en touchent six au cours de leur retraite ! Voilà des gestionnaires si remarquables qu’on se demande comment ils ont mettre dans un tel état nos finances publiques.On pourrait presque croire qu'ils s'occupetn plus et mieux de leurs affaires que des nôtres! Il n'en est rien comme on va le voir.

Le plus admirable de tout est que leur refus d’envisagertout changement que la « rigueur » et la solidarité feraient envisager pour leur situation, n’a rien à voir avec une mesquine défense de leurs intérêts personnels. Ce n’est pas pour eux qu’ils redoutent quoique ce soit, mais pour la République elle-même, puisque envisager de telles mesures à l’encontre de leurs intérêts est stigmatisé par eux comme DEMAGOGIQUE !

Qu’ils nous donnent des cours de cette gestion qu’ils pratiquent si heureusement et nous leur donnerons, en échange, quelques leçons de français !

4 commentaires:

Benoît a dit…

Il est à craindre que la rigueur ne soit qu'un apéro.
G'ant peut-être mais un apéro quand même.

Benoît a dit…

Géant et non G'ant.

Donc:

Il est à craindre que la rigueur ne soit qu'un apéro.
Géant peut-être mais un apéro quand même.

Anonyme a dit…

bonsoir,
Je crois , Usbeck, que proposer une diminution d'émoluments de nos élus est bien comme vous le dites le moyen qu'ils mettent en avant cette démagogie pour garder le magot en fait
Mais le jeu est pervers car nous savons tous que confisquer pour redistribuer ne mène pas loin sur des indemnités ne dépassant pas 7000euros voire 10000
Ce qui fait de réelles économies sont les coupes dans les fonctionnements de service donc dans la masse salariale fonctionnaire d'Etat
Donc en annexe des indemnités de nos élus, selon le grade, le service , se trouve ce fameux forfait de frais avancés qui entretient les postes : chauffeurs, secrétaires mais aussi emplois contractuels sur certaines missions
Le nid est là, sur les moyens forfaitaires anticipés avant résultats
Pour la masse salariale es fonctionnaires d'Etat agrippés aux colonnes du temple, des armées de consultants ont du être payés, ils sont venus ont vu on donné les solutions de redéploiement, d'efficience....sont repartis
Mais en ce pays clouté dans sa constitution, le moindre feuillet déplacé dans ses gros appareils dépense plus que si on ne change rien

caquedrole a dit…

Tiens,cher Usbek, puisque vous parles démago mais aussi rigueur, voici que parmi mes "éructations", il y a souvent eu mes coups de gueule bien rotés à l'écoute de déclarations d'hommes politiques à propos des fonctionnaires, forcément en surnombre (sinon payés à peu branler).
Un jour, j'avais ainsi entendu le neuneu ("le vicomte") crachoter sur les fonctionnaires de l'agriculture, en donnant un effectif (je sursautai en entendant le nombre... faramineux) dont je compris vite qu'il mêlait les fonctionnaires (du ministère éponyme, dont d'ailleurs plus de la moitié sont dans l'enseignement agricole), et les agents des compagnies consulaires (chambres d'agriculture), de la mutualité sociale agricole, des offices de filières, tous sous statut privé et conventions collectives, même si travaillant dans des établissements à statut public (cas des chambres)...
J'étais en voiture à ce moment-là, et je me mis à gueuler : "oh ! Neuneu, tu nous dis combien tu as de fonctionnaires -des territoriaux- dans ton Conseil général ?"

Si tous ces donneurs de leçon balayaient un peu devant leur porte, hein ? Le recrutement de "clientèle" n'est pas un monopole de la droite, loin de là. Mais, les employeurs de gauche la ferment et se gardent bien de hurler aux dépenses en fonctionnaires.