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mardi 25 mai 2010

Le bouclier fiscal de TF1

Au moment où les flèches de l’opposition et même parfois de la majorité s’abattent en grêle sur le bouclier fiscal dont l’effet majeur serait de retenir dans en France les riches qui seraient tentés de gagner la Belgique ou la Suisse, il est bon de montrer au peuple que notre gouvernement n’y est pour rien et qu’il fait pourtant tout son possible dans ce domaines.

A cette fin, un long sujet de TF1, dans le « Sept à Huit » du dimanche 23 mai 2010, portait sur les mauvais Français qui s’exilent pour échapper à l’impôt et, en particulier, à la taxation des plus-values. On en a ainsi vu quelques-uns, d’ailleurs pas trop gênés de se montrer ainsi à la France.

Certains filent vers les Tropiques et en particulier à l’Ile Maurice ; ainsi un couple de « retraités » (d’on ne sait trop quoi) qui occupent leurs journées à jouer au golf, quand ils ne sont pas au bord de la piscine de leur modeste 500 mètres carrés ; un autre Français, plus jeune,est engagé, lui, dans de prospères affaires de centre d’appel où il règne sur des centaines de téléphonistes mauriciennes , sans payer le moindre impôt (on ne lui demande que de créer des emplois) et fait fortune dans ce bizness, les Mauriciens, pourtant fort industrieux en général, n’ayant pas eu l’idée de monter ce genre d’affaire avant lui.

Mais le cas le plus intéressant et le plus curieux a été celui de la Belgique et de Bruxelles en particulier.

Deux cas illustraient cette situation.

Le premier était celui d’un couple, dans la soixantaine, où le rôle comique était tenue par la femme, une sorte de petit pot-à-tabac assez grotesque qui nous a fait part de sa douleur de ne plus pouvoir satisfaire son besoin d’élégance, impérieux et naturel, dans les boutiques de l’avenue Montaigne. Ce numéro était rendu désopilant par le fait qu’elle était, dans ce monologue, vêtue d’une sorte de manteau en toile de bâche bariolée et agrémentée de figures géométriques, tenue qu’elle avait, de toute évidence, adoptée à dessein, pour nous administrer, de visu, la preuve de son élégance naturelle.

Il nous était précisé que les privilèges fiscaux liés à leur résidence outre-Quiévrain exigeaient toutefois qu’ils passent au moins la moitié de l’année, soit 183 jours par an, en Belgique (ce total étant sans doute porté à 184 jours les années bissextiles). Une telle règle s’applique aussi, par exemple, à la Réunion ou en Polynésie française pour les retraités malins qui, sous ces cieux lointains, vont bénéficier d’une majoration de leur pension et, en outre, d’avantages fiscau; toutefois ces îles permettent assurément de contrôler plus facilement et plus efficacement, en théorie du moins, la présence effective des intéressés dans les territoires où ils sont requis de séjourner. Les choses sont assurément plus compliquées en Belgique et le fisc français devrait négocier avec les services belges, pour ces exilés, le port de bracelets électroniques qui permettraient de mieux surveiller leurs déplacements.

Mais le cas le plus joli était sans doute le Français qui lui était professionnellement et fiscalement installé en Belgique, mais dont la famille vivait en France (dans le Sud) où il venait passer week-ends et vacances, après avoir, sur le papier au moins, divorcé en secret, tout en continuant à vivre avec sa femme et ses enfants, tout comme auparavant. Comme on ne voyait pas le visage du témoin, peut-être s’agissait-il d’un comédien (on a déjà souvent vu la chose dans pareils reportages à sensation). Si la chose est vraie (ce qui est à craindre), on se réjouit que la famille en cause bénéficie, gratuitement, de toutes les installations françaises (de l’école aux hôpitaux en passant par les routes et le reste) et que cette femme, en apparence abandonnée, touche l’allocation-logement, ;l ‘aide sociale et béneficie de la CMU mais ausi bien entendu.... de l’allocation de parent isolé !

Au delà de ces aspects anecdotiques et sans que soit posée la question du but poursuivi par de telles émissions, on touche du doigt l’absurdité fondamentale de l’Union Européenne car naturellement tout cela est parfaitement légal (dans l’esprit du moins). Etant admise la possibilité de faire circuler dans l’espace européen les personnes et les biens, ce sont naturellement les disparités énormes des systèmes fiscaux qui permettent et même encouragent de telles pratiques et bien d’autres encore, moins visibles mais plus redoutables, dont les délocalisations sont sans doute les plus funestes.

5 commentaires:

Expat a dit…

Cher Usbek,
maintenant que je suis expatrié et enregistré comme tel auprès du fisc français, je me rends compte qu'on peut raconter tout et n'importe quoi sur ces salauds d'expatriés qui quittent la France pour échapper à l'impôt.
Les choses ne sont pas si simples que ça et l'expatriation ne signifie pas forcément un gain d'argent sur le dos du fisc.
Tout d'abord la France a signé des accords bilatéraux avec de nombreux pays qui règlent la question et qui ne sont pas forcément en faveur des expatriés.
En général les choses sont claires : les revenus de source française sont soumis à l'impôt en France et selon un barème qui n'est pas vraiment à l'avantage des expatriés. Ainsi pour ma part, je touche une pension de retraite de l'Etat qui subit un prélèvement à la source libératoire puisque cette pension ne dépassé pas un certain niveau. Cette retenue sur un an est supérieure à ce que je paierais comme impôts avec les mêmes revenus en France. Ici le libératoire reste un peu au travers de la gorge. De plus si je ne suis pas soumis à la CSG et la RDS, je paie une double cotisation à la sécurité sociale : celle que tout le monde ou presque paie, mais pour rien parce que la sécu ne couvre pas les expatriés, et celle que je verse à la caisse des Français de l'étranger qui est une antenne de la sécu. Ce que donc je ne paie pas d'un côté, je le paie de l'autre et comme les choses sont bien faites, c'est globalement équivalent. Mais je ne pleure pas pour autant. Seulement ça peut faire un peu mal au ventre quand on me dit, et certains l'ont fait, que j'échappe au fisc. Preuve d'une totale méconnaissance du problème.
Pour ceux qui touchent un salaire de source française, ils sont également imposés en France selon le barème commun mais avec avec un minimum de 20% (les éventuels revenus immobiliers sont taxés de la même manière) et quelle que soit la situation familiale. C'est au contribuable d'apporter la preuve, ce qui n'est pas toujours évident, que la somme de ses revenus français et étrangers, parce que là ils sont pris curieusement en compte, lui occasionnerait une imposition inférieure à ces 20% pour qu'il puisse être remboursé de la différence.
Bien évidemment les revenus perçus dans un pays étranger sont (généralement) imposables dans ce pays, ce qui n'est que justice.
Donc d'une façon générale,et sauf cas particuliers où il n'y a pas de convention et que les pays d'accueil font un pont d'or aux expatriés, les salariés et retraités n'escroquent en rien le fisc et la France. Maintenant si celle-ci, n'est pas capable de retenir certains salariés et surtout les créateurs d'entreprise comme le cas de ce jeune que vous citez à l'île Maurice, c'est un autre problème.

Alors effectivement se pose le problème de la taxation du capital. Et là on se rend compte que l'expatriation peut avoir un intérêt indéniable. Mais ça, c'est un choix du législateur qui a préféré d'occuper des salariés et des retraités.

usbek a dit…

Cher Expat
Je sais bien loi d'avoir pensé à un cas comme le vôtre dans mon post de ce matin! De toute façon, en ce cas, et partout, le principe essentiel est qu'il vaut beaucoup mieux faire payer les pauvres ou les moyens que les riches car ces derniers sont non seulement bien moins nombreux mais ont toujours des conseillers fiscaux et autres qui les aideront à passer entre ls gouttes.

Expat a dit…

Cher Usbek,
je comprends bien que vous ne mettez pas tous les expatriés dans le même sac. En fait on pourrait simplement faire la distinction entre les expatriés pour raisons fiscales, et les autres. Bien évidemment ce sont les autres qui sont les plus nombreux et pour lesquelles les choses fiscales n'ont pas une réelle importance en général. Le problème est qu'ils sont souvent assimilés aux premiers comme on met dans le même sac parce que c'est plus pratique et qu'électoralement c'est plus payant le patron du CAC 40 et celui de la TPE ou PME qui gagne à peine plus que ses employés (et même parfois moins dans certaines circonstances, j'ai vu le cas). Tous des salauds, des exploiteurs.
Mon commentaire de ce matin n'avait d'autre but que d'apporter un éclairage sur les deux catégories d'expatriés vues sous le prisme des impôts qui frappent d'ailleurs sans discernement en fonction des décisions du législateur.
A ce propos une petite anecdote. Un de mes amis est parti il y a quelques années deux ans en coopération dans un pays africain. Son statut faisait qu'il était assujetti pendant son séjour au fisc local, très avantageux. Mais parti et revenu en cours d'année, il devait déclarer ses salaires perçus en France, qui même s'ils ne s'étendaient que sur quelques mois étaient considérés comme revenus annuels. Ce qui lui a permis, alors qu'il avait gagné bien plus d'argent sur la période réelle du fait de son expatriation d'avoir la surprise, et même il en était un peu honteux, de percevoir la prime pour l'emploi. Voilà pourquoi je disais "sans discernement".

Expat a dit…

Un dernier mot qui n'a rien à voir avec le sujet de l'expatriation, mais que l'expatriation m'a permis de palper concrètement.
C'est au sujet du mode d'imposition par retenue à la source que beaucoup de pays, peut-être la majorité, ont adopté et dont on nous avait parlé avant de ranger ça aux oubliettes.
La mise en œuvre, et c'est sans doute la vraie raison de la mise à l'écart du projet, me parait difficile parce que l'année de mise en place, il faudrait payer et l'impôt sur les revenus de l'année précédente et l'impôt sur les revenus en cours, donc 2 années d'impôts payables en une seule,ce qui a été mon cas la première année de mon expatriation (encore un des avantages fiscaux de l'expatriation !).
Je ne sais pas quel gouvernement aurait le courage de passer donc à la retenue à la source en considérant cela. Quoique l'IR étant légèrement supérieur au coût annuel de la dette, ça vaudrait peut-être le coup d'être tenté à condition de ne pas vouloir être réélu.

Anonyme a dit…

A l'attention d'Usbek,

A titre complément d'info sur les retraités expatriés, l'ITR (Indemnité temporaire de Retraite) est en voie d'extinction.
En 2009, 34000 fonctionnaires en bénéficiaient.
Cette mesure destinée aux fonctionnaires prenant leur retraite sur 6 territoires bien déterminés, cessera ses "largesses" en 2028, selon un calendrier et des émoluements décroissants pris par Décret de 2009 :
http://www.legifrance.gouv.fr/affichTexte.do;jsessionid=?cidTexte=JORFTEXT000020176863&dateTexte=&oldAction=rechJO&categorieLien=id