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vendredi 30 juillet 2010

Benoît Hamon : "Peits mensonges entre amis"

Bien malgré moi (en voiture et pour fuir la dixième audition des nouvelles du jour à base quasi exclusive de médailles d’or françaises (dans ce concert de cocoricos, n’oublions quand même pas que le si sympathique et talentueux Français, champion d’Europe du 100 mètres, aurait, avec le même temps, fini quatrième de l’épreuve de ce même 100 mètres aux championnats d’Afrique de la même épreuve), d’infanticides et du triomphe de Monsieur Woerth sur les méchants contrôleurs qu’il avait eu pourtant la gentillesse de recevoir gentiment dans son bureau du ministère. Les contrôles étatiques sont de plus en plus accommodants, n’est-ce pas chère Liliane ?

Je me suis donc tapé Benoît Hamon, juste le temps de lui entendre dire quelques sottises et glisser quelques contre-vérités (ne me faites pas dire ce ue je n’ai pas dit !).

Dans le registre des sottises, avec cette assurance qui le caractérise (observez là-aussi que je n’ai pas dit « faconde », même si ce porte parole, naguère bredouillant, a réussi, tel Démosthène, sans baguette mais à force de cours d’élocution, à éliminer les « hum » et les « hon » qui ponctuaient ses propos ; comme quoi les facéties des imitateurs ne sont pas inutiles ! ) en se fondant sur la vieille pratique des camelots qui ont inventé la communication bien avant nos spécialistes actuels, il en a proféré une bonne, en affirmant « les gens du voyage sont des Français, ces citoyens comme vous et moi ou comme Nicolas Sarkozy !).

Bonne grosse connerie, Monsieur le porte-parole, à moins que, sournois comme vous semblez l’être, vous nous ayez caché que vous êtes porteur de ce fameux « carnet de circulation » que j’évoquais dans un post récent. Ce document, qui doit être régulièrment visé par les services de police, a été créé en 1969 (après abrogation de la loi de 1912 sur les nomades) et concerne toutes les personnes « circulant en France sans domicile ni résidence fixes ». Ce cas n’est en rien, me seùble-t-il, ni le votre, ni le mien , ni celui de Monsieur Sarkozy en dépît de la multiplicité des ses déplacements.

Le registre des « contrevérités » est plus intéressant et plus significatif. Interrogé sur ses activités professionnelles (son métier en somme), Benoît Hamon répond (dans cet ordre) : directeur de sociétés et professeur d’université, ce qui est, on va le voir, inattendu mais surtout triplement étonnant.

Sur plan administratif général d’abord, car sauf cas bien connus et très précisément définis, le cumul est interdit aux professeurs d’universités (en tout cas aux vrais !).

« Directeur de société » est aussi un peu étonnant car j’avais cru comprendre, après que les électeurs et/ou le PS ont fait perdre à Benoït Hamon son poste de député européen, le malheureux se trouvait, de facto, au chômage. Lui qui avait travaillé, on ne sait trop à quel titre chez Ipsos de 2000 -2004 (avant son élection comme député européen) aurait rejoint, début 2010 (mais les choses sont un peu floues) une société d’étude d’opinons, , « le Fil » (cf. lefil.fr), fondée en 2002 par Philippe Hubert et Samuel Jequier. Sans chercher à entrer dans un détail inutile et sans doute volontairement un peu opacifié, on peut noter que Benoît Hamon, si disert, à propos de la famille Woerth, sur les conflits d’intérêts et grand pourfendeur de la confusion des genres n’hésite pas trop à la pratiquer ; il est, en effet, en même temps consultant ou directeur d’un institut d’études d’opinion et porte parole d’un parti politique majeur , le PS, auquel appartiennent une bonne partie des présidents d’assemblées locales qui paraissent être parmi les meilleurs (pour ne pas dire les seuls) clients du Fil.

Après les européennes, il était toutefois urgent de faire bouillir la marmite de Benoït Hamon (concubin et père de famille selon ses dires sur RMC) de façon plus sûre et plus constante qu’avec ce Fil bien ténu et qui ne paraît pas se situer au niveau de BVA, de Médiamétrie ou d’Ipsos ! Ayant un pied dans la porte à Paris 8, où il était déjà (heureux hasard) membre du Conseil d’administration), dès octobre 2009, B. Hamon s’est fait recruter comme professeur associé pour y intervenir sur « les grandes organisations internationales ».
Faute de temps sans doute ou peut-être émotion de passer sur RMC, Benoît a omis de préciser qu’il n’est à Paris-Saint-Denis que professeur ASSOCIE ce qui ne fait nullement de lui un professeur D’UNIVERSITE ; ce serait tout de même un peu difficile pour letitulaire, en tout et pour tout, d’une modeste licence d’histoire, comme le confirme l’article du Who’s Who qui est de sa main ! A peu près n’importe qui peut, en effet, être recruté comme « professeur associé » (c’est même fait pour ça !), à condition d’avoir les « compétences professionnelles » requises dans le domaine en cause, de justifier de cinq ou dix ans d’expérience selon le niveau de recrutement et de rémnnération mais surtout de bénéficier de l’appui interne nécessaire pour que la procédure atteigne son terme. Espérons pour lui que Benoît Hamon n’a pas assisté au CA de Paris 8 qui a entériné sa nomination !

Je ne sais pas du tout quelles sont les compétences et l’expérience professionnelles de B. Hamon en matière de « grandes organisations internationales » ; je ne les vois pas trop, mais c’était à la commission ad hoc de Paris 8 d’en juger !

Détail amusant. Dans les « Grandes Gueules » de RMC, il est d’usage, en fin d’émission et lors du questionnaire personnel, de demander à l’invité quel est son revenu mensuel. Manque de pot, ce midi, l’intervieweur a complètement oublié la question !

jeudi 29 juillet 2010

Le grand débat de l’été : « Gens du voyage » ou « Roms » ?

Comme il y a chaque année, pour compenser l’étiage estival de l’information courante, un débat de l’été, comme il y a aussi, dans un autre genre, le tube de l’été.

Grâce aux incidents de Saint-Aignan et aux « gens du voyage/ Roms /romanichels / bohémiens / manouches / gitans / caraques / bouhoumians, etc... », nous avons notre débat estival. Globalement, la France d’en bas, qui ne prise guère ce petit monde qu’elle regarde comme essentiellement formé de voleurs de poules et de larrons en tous genres, s’oppose aux belles âmes de la gauche et des beaux quartiers parisiens qui, pour la plupart, n’ont sans doute jamais vu de près un représentant de ce monde dont on ne trouve que peu de camps sur la Rive gauche de la Seine.

Je ne sais pas au juste de quand date la formule « gens du voyage » ni qui est l’auteur de cette dénomination poético-policière. Il est toutefois clair qu’elle entre dans le paradigme des formulations pudiques de ce que je nomme « le parler gnangan » et qui a fait des balayeurs des « techniciens de surface » et des sourds des « malentendants » ! Je dis « poético-policière » car, si la poésie de la formulation saute aux yeux, l’aspect policier est plus discret. La défintion de cette catégorie de citoyens français tient, en effet, à ce que, à la différence de tous les autres, étant sans domicile fixe sans être pour autant regardés comme des « vagabonds », ils sont titulaires d’un document spécial, un carnet, qu’ils doivent faire viser au commissariat du lieu où ils séjournent.

Ce qui caractérisent ces « gens du voyage » n’est donc nullement l’origine (indienne, plus ou moins lointaine, comme le rappelle leur langue d’origine) ni le mode de vie nomade qu’ils partagent avec les « Roms » (terme reconnu par l’ONU pour qualifier une dizaine de millions d’individus vivant jusqu’à présent pour le plupart en Europe orientale et centrale) qui naturellement,eux, ne sont pas citoyens français.

La situation a radicalement changé avec l’entrée dans l’Union européenne de plusieurs Etats de cette sous-région des PECO. Certes, on a pris soin de ne pas inclure dans « l’espace Schengen » la Roumanie et la Bulgarie qui sont les Etats où se trouve le plus grand nombre de Roms, mais ils peuvent néanmoins aller dans tous les Etats Schengen (tous les autres Etats de l’UE sauf Chypre) pour une durée de trois mois, condition dont on devine qu’elle est malaisément contrôlable pour ce type de population ! Le point essentiel tient toutefois au sort fait aux Roms dans ces deux Etats qui cherchent par tous les moyens à s’en débarasser. Il en résulte donc des flux migratoires considérables vers l’Ouest, les mesures dont ils sont victimes en France par exemple n’étant que de la roupie de sansonnet à côté de ce qu’ils doivent subir en Bulgarie ou en Roumanie. Les reconduites (10.000 en 2009 selon les statistiques) n’y font naturellement rien.

Aller discuter avec les gouvernements de ces Etats sur les modalités de retour au pays est même absurde, puisque leurs dirigeants ont la ferme volonté de se débarrasser au maximum de ces populations. L’aide au retour est une blague qui doit faire beaucoup rire dans les caravanes (300 euros pour un adulte et 100 euros pour un enfant). On murmure que cela permet d’aller passer quelque temps (les fêtes en particulier) en Roumanie aux frais de l’Etat français, avec même, au retour ultérieur en France, un petit bénéfice puisque le voyage ne revient guère qu’à une centaine d’euros !

L’absence d’état-civil précis (pas de mariage dans ces cultures) comme de domicile fixe (donc, de ce fait, la possibilité d’avoir plusieurs adresses dans des départements proches (Bouches du Rhône, Var et Vaucluse par exemple) permet, dit-on, de percevoir en divers lieux des prestations familiales et sociales, puisque les fichiers informatiques ne sont pas connectés entre eux en raison de notre belle loi « Informatique et libertés » dont le principal effet est de favoriser toutes les embrouilles, en particulier sociales et fiscales!

Quant les inspecteurs du fisc auront fini de compter les Ferrari dans le 93 et d’identifier leurs propriétaires, ils vont sans doute s’attaquer aux Mercedes des gens du voyage !

mercredi 28 juillet 2010

Vacances ! Vacances !

On nous bassine sans cesse avec les vacances des enseignants, mais il y quelques corporations qui ne se défensent pas si mal sur ce terrain. Je ne parle même pas des aiguilleurs du ciel, qui, avant la si fâcheuse disparition des « clearances », travaillaient, bon an mal an (et sans compter les jours de grève), une petite centaine de jours par an, ni des magistrats dont les vacances ne sont pas mal non plus.

Je veux parler ici des médias audiovisuels (publics ou privés d’ailleurs) qui désormais, dès avant la fin du mois de juin, commencent non seulement à nous accabler de « bests of » et de « redifs » (leur charmante modestie naturelle les incite à penser que nous ne pouvons que nous réjouir de rediffusions multiples de leurs productions), mais ouvrent les micros et écrans qu’ils délaissent pour deux mois à des quantités invraisemblables de figures nouvelles, dont on se demande bien ce qu’elles peuvent faire durant le reste de l’année. Sans que ceci explique tout à fait cela, on peut se demander si l’on ne comprend pas mieux, par de tels détails, les effectifs colossaux d’une société comme France-Télévision par exemple.

Regardant depuis trois ou quatre jours régulièrement le 13 heures de France2, j’ai été frappé par la noria incessante des présentatrices ; une nouvelle chaque jour ! Peut-être un directeur de l’information lubrique (un remplaçant probablement lui aussi), en profite-t-il pour organiser, chaque soir, de petits castings intimes en vue de la sélection de la présentatrice du lendemain ? Elles sont assez girondes dans l’ensemble pour faire face avec succès à ce genre d’épreuve. C’est un peu la même chose pour les hommes, mais je n’ose imaginer que Madame Arlette Chabot, cette femme si respectable, puisse se livrer à pareilles turpitudes.

Sur le plan professionnel, rien à dire ! Je pense que la plupart des individus qui savent à peu près lire sont capables de le faire sur un prompteur pour les dépèches d’agence qui y défilent. J’ai même proposé depuis longtemps, pour assurer à France Télévision quelques revenus supplémentaires et rendre plus divertissants ces lamentables JT, de permettre à n’importe qui, pour une somme assez modique (disons 2000 euros), de venir présentre le JT du jour. Je suis certain que les candidats seraient nombreux et, petit geste commencial auquel ils seraient sensibles, on leur offrirait le DVD de leur prestation à la sortie.


Petit incident rigolo, hier mardi sur France2, où la présentatrice du jour qui nous lisait le sujet sur le malheureux otage français ne s’est pas émue de voir apparaître à l’écran, en illustration, la binette d’Yvan Colonna. La technique doit être aussi en vacances et le maladroit remplaçant avait passé le sujet « Colonna » avant le sujet « otage ». La demoiselle ne s’en est pas émue ! Peut-être n’a t-elle même pas compris et, de ce fait, elle s’est abstenue de présenter des excuses aux téléspectateur un peu plus éveillés qu’elle.

Aurait-elle eu un peu plus d’esprit (mais en demande-t-on dans ce genre d’emploi, au féminin comme au masculin ; on a autrefois fait payer le fait d’en avoir trop à ce pauvre Bruno Masure !) qu’elle aurait pu en plaisanter. Quelle chance pour la France si au lieu de s’en prendre à ce pauvre vieux, les ben ladistes avaient enlevé Yvan Colonna comme les images nous le donnaient à penser ! Bon débarras ; il aurait pu aller là-bas garder des chameaux en lieu et place de ses chèvres corses ; en outre, cela aurait rappelé le bon vieux temps où Khadafi apportait son aide aux autonomistes corses !

Ce même journal de mardi 27 juillet 2010 m’a permis de constater qu’Isabelle Baechler qui nous a régalé, ce jour, de son « sujet » mensuel (sur je ne sais quoi), est toujours « en activité ». On se demande elle aussi ce qu’elle peut bien faire de son temps à France2. Le quintal qu’a pris, en quelques années, cette autrefois charmante journaliste empêche depuis des décennies de la faire apparaître à l’écran, même en 16/9 !. Mais à quoi diable peut-elle employer ses journées elle aussi ? La question est purement rhétorique car quiconque a, comme moi, fréquenté un tant soit peu les bureaux et les studios de nos radios et télés publiques sait qu’entre les « rendez-vous à l’expérieur » (chez le coiffeur, au bistrot du coin ou ailleurs), les causettes dans les bureaux et la cafétéria, on peut tout à fait arriver à passer agréablement sa journée tout en justifiant le paiement de son salaire mensuel !

mardi 27 juillet 2010

La peur du gendarme

Le français, langue admirable, comme son ancêtre le latin (« metus hostium » mais à quoi bon ce latin maintenant que je ne suis plus lu par Benoît !), possède pour le complément du nom (comme pour le génitif latin), le sens « objectif » et « subjectif ». La « peur du gendarme » est donc, de ce fait, à la fois et en même temps, la crainte qu’inspire le gendarme aux malandrins mais aussi celle que ces mêmes malandrins peuvent parfois aussi inspirer au gendarme !

Exemple de grammaire superbement illustré depuis ce matin par la situation grenobloise où les policiers, qui ont eu le malheur de tuer un gangster interrompu dans ce cours du hold-up qu’il avait entrepris de commettre, se voient désormais menacés, ainsi que leurs familles, d’une loi du talion qui est un des principes de base du milieu, même elle ne s’exerce le plus souvent qu’en son sein.

A ce que j’ai pu entendre, à Grenoble, on inscrit sur les murs les noms de policiers à abattre ainsi que leurs adresses et les numéros d’immatriculation de leurs véhicules. La réaction, à court terme de bon sens mais difficile à prolonger dans le long terme et plus encore à justifier dans un Etat qu’on dit encore de droit, a été d’éloigner certains d’entre eux. Les vacances d’été s’y prêtent, sans que l’autorité perde trop la face, mais on distingue aisément les conséquences de tels choix de société. La suite ne s’est pas fait attendre et l’on a brûlé cette nuit même une mairie annexe de cette ville !

Puisque nous sommes dans le droit et le latin, comment ne pas poser la question fatale que résume l’antique adage « Quis custodem custodiet? ». Qui gardera le gardien ?

J’ai également entendu ce matin une information, qu’ont reprise divers médias, selon laquelle il y aurait 350 Ferrari ( à plus de 200.000 euros chacune) dans le seul département de la Seine-Saint-Denis, le 9-3, sur lequel on nous invite quotidiennement à verser des larmes ! Voilà qui me fait penser à l’excellent post d’Expat, il y a quelques jours, sur l’ouverture de cet extraordinaire supermarché de luxe à Gaza où règnerait par ailleurs la famine. Qu’attendent donc pour le piller les Gazaouis affamés ?

On nous annonce périodiquement qu’on va user de la méthode employés contre Al Capone, jamais condamné pour ses multiples crimes, mais qui le fut pour fraude fiscale. Cela risque de ne pas marcher, car nos malfrats amateurs de Ferrari ont sans doute recours à des gestionnaires de fortune comme nos millardaires (suivez mon regard). Comme ces dernière n’ont que la simple jouissance d’îles équatoriales, qui appartiennent en fait à Dieu sait qui (jamais d’îles tropicales car il y a là, sinon des agents du fisc, du moins des cyclones !), ces Ferrari dans lesquelles paradent nos héros du 9-3 ne sont pas à eux mais qui sait à un holding établi aux Seychelles.

Faudra-t-il en venir à dépénaliser le vol d’une Ferrari voire l’assassinat de son utilisateur ? Ce pourrait être une solution dans le style des chasseurs de primes de l’Ouest (« dead or alive »), si la police en vient, par peur des voleurs et de leurs représailles, à ne plus vouloir leur faire la chasse ?

lundi 26 juillet 2010

"T'as vu l'avion?"

Saura-t-on jamais le fin mot de l’affaire qui a conduit à la mort de Michel Germaneau ?

Entre un gouvenement, qui ne peut que se réjouir de voir l’attention nationale enfin détournée des affaires Bettencourt/Woerth, toutes deux fâcheuses dans des genres différents et qui finissent, curieusement, par se mordre la queue, et des preneurs d’otages, plus ou moins ben ladenistes, à qui cette intervention armée fournit la « une » des médias et surtout une sortie de cet enlèvement plus honorable que l’aveu piteux de la mort de maladie de leur otage, qui devons-nous croire et y a-t-il même quelque chose à croire ?

Je voyais à midi, sur France2 me semble-t-il, une carte établie par les « journalistes » spécialisés de la chaîne ; on nous y montrait, par une flèche rouge mobile du plus bel effet, le parcours du commando qui, partant de Mauritanie, s’enfonçait jusqu’au coeur du Mali à la poursuite des supposés ravisseurs !

Why not ? Il y a toutefois matière à réflexion, car non seulement les relations mauritano-maliennes ne sont pas des meilleures, mais, en outre, la zone nord du Mali en cause ici, dont le peuplement est tamasheq (ou touareg si vous voulez), entretient avec le pouvoir central de Bamako des rapports pour le moins tumultueux.

On voit donc mal comment une telle opération, diplomatiquement d’une complexité qui la rend quasi impossible et logistiquement presque irréalisable, a pu être montée et même conçue. A beau mentir qui vient de loin :

Ce monsieur Germaneau est, lui aussi, un personnage assez singulier dans son genre. Ingénieur en retraite et célibataire, il est apparemment sans famille car on a interrogé ses voisins mais nul membre de ses proches ; il oeuvrait, dit-on, dans une ONG qui se consacre à l’éducation des enfants africains. Son but précis est, en la circonstance, de construire une école en pays tamasheq, ce qui est fort louable mais aussi singulier, compliqué et irréaliste à la fois.

En effet, les Tamasheq sont, vous l’avez déjà deviné, des nomades (« les gens du voyage » du Mali) ; l’implantation de structures administratives fixes à leur usage pose donc bien des problèmes à l’Etat malien.

Il en est ainsi, par exemple, pour les dispensaires et les centres de protection maternelle et infantile ; Bamako ne peut guère y envoyer, vu l’éloignement, que des soignants hommes. Naturellement tous parlent le bambara, que ne connaissent pas les Tamasheq, et les femmes encore moins que les hommes alors qu’elles constituent, en général, l’essentiel de la clientèle de tels centres. Si l’on ajoute que, dans la culture tamasheq, les femmes ne peuvent être soignées par des hommes, on voit toute la complexité de la situation. La fréquentation d’un dispensaire est en outre infiniment moins suivie par ceux et celles qui y viennent que celle d’une école, ce qui pose évidemment problème à des familles nomades.

Monsieur Germaneau, comme les experts de la Banque Mondiale et qui, comme eux, ne connaît rien à la langue et à la culture locales, ignore ou néglige sans doute ce genre de détail. Toutefois,comme un certain nombre d’« humanitaires », peut-être au fond ne cherchait-il pas aussi et peut-être même d’abord surtout dans de telles actions, si louables qu’elles soient, une solution à ses propres problèmes ! Au moins n'aura-t-il pas raté sa mort !

samedi 24 juillet 2010

"Chéri, fais moi peur!"

Du Tour de France aux affaires politiques, le principe moteur commun de nos médias se résume dans le titre d’un vieux film de Darry Cowl « Chéri fais-moi peur ! ».

Le Tour de France est à Bordeaux, au terme d’une nano-épopée vélocipédique de deux semaines à laquelle les commentaires essouflés de Laurent Fignon, les rouspétances de Bernard Hinault et les lectures soporifiques de guides touristiques (par un incerain Jean-Paul Olivier) n’ont pas réussi à donner le moindre soufle de vie !

Lassés d’annoncer ce qui pourrait se passer s’il y avait une course et de nous prédire les imminents exploits des vedettes, quand seuls les troisièmes couteaux occupent le devant de la scène (le Grand Prix de la Montagne va à un illustre inconnu, car passer en tête un col hors catégorie équivaut à franchir, en tête de la course, trois ou quatre buttinettes plantées en rase campagne !), nos « journalistes » sportifs se font peur à eux-mêmes en espérant nous faire peur à nous aussi. Ainsi, ce matin, ils évoquent la perspective d’une victoire de Schleck dans le contre la montre du jour. Tout le monde sait, on nous l’a assez répété, que Contador, qui, dans le prologue, a même devancé Cancellara, le grand spécialiste du genre (même sans vélo à moteur), a collé au luxembourgeois deux minutes dans la vue sur 10 kilomètres !

Le scoop, la menace-bidon et l’enlèvement sont les trois mamelles du journalisme français moderne.

Voulez vous que je vous fasse, en scoop, l’actu. de la semaine prochaine.

Lundi. Monsieur de Maistre rend publique dans le « Canard enchaîné » la lettre de Monsieur Woerth qui, sur papier à en-tête du ministère, lui demande de recruter sa femme, moyennant quoi on ne cherchera pas d’îlots seychellois dans la tête de Madame Liliane et lui-même le décorera personnellement de la légion d’honneur.

Mardi. Dans son hôtel particulier de Neuilly, Madame Bettencourt reçoit le Juge Courroye, venu en robe de bure et la corde au cou. Le nouveau majordome, qui officie désormais en string pour éviter les enregistrements subreptices, intime au juge l’ordre de laisser ses chaussures à l’entrée et de prendre les patins. Il aura tout de même droit à un coussin pour s’agenouiller devant Madame Liliane durant l’interrogatoire qui devra toutefois être conduit à la troisième personne et à travers un hygiaphone.

Mercredi. Raymond Domenech et Laurent Blanc déjeunent ensemble en salon particulier. Ils y sont servis par Jean Michel Larqué déguisé en soubrette. Au dessert, Anelka vient leur chanter « Adieu foulards ! Adieu madras ! » accompagné au pipeau par Gourcuff grimé en faune! On les a vus, au sortir du restaurant se faufiler tous dans un hôtel du quartier.

Jeudi. A vous de jouer selon le même principe !

jeudi 22 juillet 2010

Pauvre (Tour de) France!

Absent de France et peu intéressé désormais (pour toutes sortes de raisons dont le détail importe peu ici) par ce genre d’épreuve qui occupait les mois de juillet de mon enfance, j’ai peu suivi le Tour de France qui, contre toute attente, paraît continuer à attirer, en nombre, les foules estivales.

En ce jeudi 22 juillet, en voiture, j’ai, bon gré mal gré, dû subir le récit de la grande étape des Pyrénées qu’on annonçait devoir s’achever, en apothéose, au sommet du Tourmalet par une lutte féroce entre le luxembourgeois Andy Schleck et l’espagnol Alberto Contador. Hélas, en dépit de leurs rodomontades, le premier n’est pas plus Charly Gaul que le second n’est Federico Bahamontès !

Le Tourmalet n’a accouché que d’un souriceau, en outre mort-né !

Sans évoquer les figures et les exploits du « Campionissimo » d’antan ou du plus récent aigle de Tolède, même notre besogneux Louison avait une autre envergure ! Ne parlons pas du Tour de 1910 que, faute d’avoir autre chose à dire, les « journalistes » sportifs de service nous ont narré sans relâche, les malheureux, depuis ce matin, avec ses étapes de 300 ou 400 kilomètres incluant, en ribambelle, Aubisque, Aspin, Peyresourde et le Tourmalet (je ne garantis pas l’ordre !), le tout sur de pesantes bicyclettes sans changement de vitesse !

Finies les épopées montagnardes et vélocipédiques, les fresques épiques jouées dans la grande « Casse déserte » ! Disparue la « sorcière aux dents vertes » chère à Antoine Blondin. Ce dernier doit passer de mauvais moments dans sa tombe s’il y écoute RMC et sa « dream team » de pieds nickelés, car le drame et l’épopée cyclistes ont définitivement disparu.

Est-ce le fait de se doper tous à la même enseigne et avec les mêmes produits qui a causé la fin de cette saga? Pour connaître bon nombre de cols alpins, je suis frappé par le fait que ces montées et descentes, jadis en très mauvais état voire fort périlleuses, sont devenues de véritables boulevards sur lesquels on ne parvient même plus à crever, ce qui nous prive du spectacle du sacrifice héroïque du modeste gregario faisant don de sa roue à son leader.

Les vraies victimes de tout cela sont les infortunés commentateurs , ils en sont réduits, pour certains, à nous lire les guides touristiques de la région traversée, tandis que d’autres s’emploient à nous narrer, par le menu, ce qui pourrait advenir et qui ne survient jamais ou ce qui aurait pu se passer si la course avait eu le moindre intérêt.

J’ai entendu, avec compassion, sur Europe1 (mais il officie aussi à France2), ce pauvre Laurent Fignon qui, du fait de sa maladie sans doute, a le souffle aussi court que s’il venait de courir un 5000 mètres dans les minutes précédentes. Et en plus, le malheureux qui n’a rigoureusement rien à dire, puisqu’il ne se passe rien, est contraint, pour garder son emploi, à avancer sans cesse qu’il va se passer quelque chose et que la course est passionnante. Le pauvre...!

Par pitié ! Libérez Laurent Fignon !

mercredi 21 juillet 2010

Ingrid : Betancourt, bête de cour ou bête de scène ?

Il y a deux ans, j’ai déjà eu le mauvais goût de rappeler, au beau milieu du concert de déplorations suscité par le sort d’Ingrid Betancourt, qu’il y avait bien d’autres otages, en Colombie comme ailleurs dans le monde, vers lesquels nous aurions pu porter nos lamentations et nos démarches. En effet, lors de son enlèvement, non seulement elle avait témoigné la plus grande imprudence, faisant fi de tous les conseils qu’on lui donnait de ne pas se risquer dans cette région, mais on avait même pu se demander si elle n’avait pas cherché à provoquer cet événement, en sous-estimant le risque ou en l’inscrivant même peut-être dans une stratégie politique et électorale.

Je n’y reviens donc pas, cet aspect de l’affaire pouvant être regardé comme clos. La libération d’Ingrid Betancourt a gardé toutefois une part de mystère. Il tient d’abord à son apparence et à son état physique (que les examens médicaux ont révélé tout à fait normal alors qu’on pouvait le penser désastreux). Celle qu’on nous avait montrée sous le jour le plus sinistre, malade, amaigrie et dépressive (on a même prétendu un moment qu’elle était morte) est apparue soudain, passant en 24 heures de son long enchaînement dans la jungle aux feux des projecteurs, en pleine forme physique et morale. Sont-ce les soins attentifs de son compagnon d’infortune (l’infirmier auquel elle a rendu hommage) ou l’effet d’un miracle, puisqu’elle voit en Dieu le premier de ses libérateurs (va-t-elle lui faire un procès et lui demander quelques millions de dollards ou d’euros ?) et qu’elle se signe à tout propos, comme un footballeur brésilien ? Je me garderai de me prononcer.

En tout cas, Ingrid est une bête de cour comme de scène.

A sa libération, elle était en cour aussi bien auprès du Président Uribe, qui a démontré grâce à elle ses choix stratégiques (le bâton plutôt que la carotte) qu’auprès du Président Bush, puisque les trois otages américains ont été inclus dans la même fournée libératrice, mais surtout auprès du Président Sarkozy. Tout le monde a été servi puisqu’il y avait, outre Ingrid, trois Américains et onze Colombiens. Espérons toutefois que nous-autres Français n’avons pas été alors les seuls à mettre la main à la poche (les avions spéciaux, plus une rançon que seule évoque la vilaine presse suisse). On aurait pu au moins partager les frais, mais la France, quoique fauchée, est, comme toujours, grande et généreuse. En tout cas, il est probable que les histoires d’« infiltration » des FARC sont une vaste blague et que ce sont des membres des FARC qui ont trahi contre espèces sonnantes et trébuchantes, la fable de l’infiltration permettant de les « couvrir ».

Ironie du dieu des otages ! Une des membres du comité d’accueil d’Ingrid a été Florence Aubenas, autre ex-otage, dont la libération avait tenu, elle aussi du mystère et du miracle. Dans ce dernier cas, il était surtout ophtalmologique, car tous les médecins spécialisés s’étaient étonnés de voir cette journaliste affronter sans problème la lumière du soleil, après avoir passé plus de cinq mois dans l’obscurité d’une cave.

Mais Ingrid est aussi une bête de scène, trouvant toujours le bon geste au bon moment, même si parfois elle tend à « charger » un peu, en prenant par exemple par la main le petit Nicolas (remake de la fameuse photo Mitterrand-Kohl ). Elle avait réponse à tout, refaisant sans cesse les mêmes gestes et répétant les mêmes mots tout en assurant à chaque média que c’était la l’exclusivité ou le scoop du siècle.

Je disais il y a un an que nous n’allions pas tarder à regretter égoïstement la libération d’Ingrid Betancourt, si, comme on pouvait le craindre, en cet étiage estival de l’information comme de la popularité présidentielle, Ingrid B. continuait à encombrer nos médias et nos écrans. Et nous découvrons que ça n’est pas fini, car Ingrid ne se laisse arrêter par rien ni personne, sautant à pieds joints de Dieu au Président Sarkozy avant de lancer inopinément des offensives juridiques contre ses libérateurs pour en tirer des indemnités !

L'an dernier, à peine libérée, elle évoquait déjà l’exploitation médiatique future de tout ça (il ne faut pas laisser retomber le soufflé et son agent est sans doute depuis resté sur la brèche), avec des récits de sa captivité (Roman ou pièce de théâtre ? Pourquoi pas les deux ?), un film (« Ingrid et le seigneur de la jungle » ou « Bienvenue chez les FARC »). On n’est pas sorti de l’auberge et les demandes d'indemnités avortées avaient peut-être comme finalité de financer une superproduction de l'Ingrid World Company !

mardi 20 juillet 2010

Otage : un métier d’avenir

Il y a quelques semaines (je ne sais plus trop quand, mais je n’ai ni le temps ni le goût de chercher la date), j’ai écrit un post sur l’enlèvement comme clé de la réussite professionnelle dans le journalisme français.

La campagne entreprise en France par leurs confrères à propos des deux envoyés de FR3 retenus en Afghanistan devient aussi ridicule qu’insupportable ! Elle ne fera sans doute pas craquer les geoliers afghans qui doivent peu regarder les médias français et ne sont, en outre, guère susceptibles d’avoir entrepris l’escalade du Mont Blanc pour le grand pont du 14 juillet. J’ai, sur ce sujet enrendu, sur je ne sais quelle radio, la phrase la plus réussie pour décrire l’immense détresse de ces deux captifs , « Ils ne peuvent pas suivre le Tour de France !». Il est vrai que l’un de ces deux éminents spécialistes de la géopolitique mondiale a commencé, comme tant d’autres, (de Bourdin à Denisot ou Drucker) dans le journalisme sportif !

Cette déploration unanime n’est, au fond, que le masque de l’auto-exaltation de ce métier qu’on présente comme aussi glorieux que dangereux, mais dont la presse française donne, au quotidien, une si pitoyable image. Après tout nos deux loustics, comme le grand Bodard, n’avaient qu’à faire leurs reportages « de terrain » depuis le bar du Hilton. Qu’ont-ils à aller chercher dans des villages paumés à la rencontre de populations dont ils ignorent tout et dont ils ne connaissent pas la langue. Ils me font penser à certains chercheurs français en sciences humaines et sociales qui, par une analyse du même ordre, faisaient venir à Paris leurs témoins du fond du Sud pour les interroge à loisir sur le Boulevard Saint-Michel ou à la Contrescarpe !

Je ne sais quel député a même suggéré qu’on laisse les otages se débrouiller ou qu’on leur demande le remboursement des frais engagés pour leur libération. C’est à mourir de rire et de sottise. Les médias, qui les emploient et les envoient en reportage sur ces terrains, ne doivent-ils pas prendre en charge de tels frais ? Il y a pour cela, en outre, des assurances qui sont sans doute fort disposées à couvrir ces risques !

Bref, j’en avais un peu ras la casquette de ces pleurnicheries journalistiques quand voilà que ressurgit du néant, par l’odeur alléchée et sans doute aussi par association de termes à défaut d’idées, ...Ingrid Betancourt.

En voilà une qu’elle est bonne comme aurait dit ce pauvre Coluche.

Profitant du fait que nul ne connaît sans doute plus, ni en France ni en Colombie, l’histoire de sa capture, voilà qu’elle veut tirer profit de son séjour sylvestre. D’abord en Colombie, où c’est déjà un peu fort de café, si j’ose risquer cette facétie qui est d’un aloi d’autant plus mauvais qu’il est, je l’atteste, fort difficile de trouver du café du pays en Colombie ! Ingrid y a en effet demandé à l’Etat colombien, pour ses années de jungle, pas moins de huit millions de dollars. Sa démarche ayant suscité les plus vives réactions d’indignation, elle a finalement renoncé à son action en justice, versant au passage quelques larmes, exercice dans lequel elle excelle, avec sa mine de Mater dolorosa en cire à demi-fondue

Mais la France elle-même n’a pas été épargnée par cette ingrate, sans qu’on comprenne à quel titre nous pouvons être concernés par une telle affaire. Le pire du pire est que sa demande a été acceptée par le fonds d’indemnisation des victimes (assurances en responsabilité civile) et qu’une somme de 450.000 euros lui aurait même été proposée! Elle l’avait d’abord refusée, la jugeant insuffisante, mais le tumulte suscité en Colombie par son autre démarche l’a conduite à renoncer aussi à se voir verser cette somme par la France.

On hasarde à tout perdre en voulant trop gagner !

A-t-elle seulement songé à solliciter son homonyme Madame Bettencourt? Celle-ci, on l’a vu, à maintes reprises, sait se montrer généreuse avec des gens qui ne lui sont rien ; elle aurait donc pu avoir un petit geste pour Ingrid Betancourt : un ou deux millions d’euros ou un îlot seychellois. Bonne pioche pour le coup puisque le père des enfants d’Ingrid, le diplomate français F. Delloye, l’a déjà amenée autrefois dans ce merveilleux archipel où il occupa un moment des fonctions à l’ambassade de France de Victoria.

Je n’ai jamais beaucoup aimé cette bonne femme ! J’ai écrit quelques textes à son propos, en d’autres temps et d’autres terres ; j’y reviendrai peut-être, mais, en ce moment, Ingrid ou Liliane, vous risquez fort de ne pas pouvoir éviter les Bettancourt !

lundi 19 juillet 2010

La vie duraille 2

Dimanche 11 juillet 2010, départ d’Aix-en-Provence à 16 heures 19 par le TGV 6178, Nice-Paris. Placé dans la voiture 11 (siège 62), j’obtempère aux consignes, répétées à de multiples reprises, de repérer l’emplacement de la voiture grâce aux tableaux de formation des trains placés, à cet effet, dans divers endroits de la gare.

Pour mon malheur, la voiture 11 se trouve à l’extrême queue du train, donc quasiment hors de la gare, dans sa partie Sud. 35° à l’ombre en cette belle journée de juillet! Je gagne donc l’emplacement désigné sur le tableau pour attendre l’arrivée du TGV d’ailleurs un peu en retard. Le train immobilisé, nous constatons que la composition affichée dans la gare est totalement fausse et probablement inverse de la composition réelle du train. J’ai déjà assisté à ce genre de gag de la part de la SNCF, mais, comme je l’ai déjà dit, la température en ce dimanche estival est caniculaire, plus d’une centaine de voyageurs se pressent sur le quai et l’arrêt dans cette gare ne dure que quelques minutes. Dur !Dur ! Pour ce qui me concerne, si la voiture 11 n’est pas en queue de TGV comme annoncé, tout donne à penser qu’elle est en tête, donc à deux ou trois cents mètres de l’endroit où je l’ai attendue.

Il faudrait le talent d’un Victor Hugo pour décrire ce qui se passe alors ! La nécessité de retraverser toute la gare au galop et la crainte de manquer le train empêchent même les « clients » de manifester leur légitime colère devant l’incurie de la SNCF. Le pire est évidemment que le flot de celles et ceux qui courent du Sud au Nord (comme moi-même) se heurte inévitablement au flot inverse, tout aussi fort et abondant, de celles et ceux qui se livrent à la même course en sens inverse, du Nord au Sud. Les heureux « clients » du milieu du TGV, qui ont bénéficié, par hasard, d’indications moins fausses sur l’emplacement de leurs voitures et qui pensaient monter tranquillement dans le train sont emportés par ces deux marées humaines contraires qui bousculent tout sur leur passage. Mon absence de talent épique ne me permet pas de vous rendre ce spectacle que vous pouvez néanmoins imaginer et que je renonce donc à vous décrire.

Ayant remonté, non sans peine, sur une bonne centaine de mêtres, cette marée humaine, j’avise, vers le milieu du train, naturellement là où les clients chanceux ont déjà pu monter dans le train, un groupuscule qui devise paisiblement dans la cohue. Il y a là, outre deux « clients » (peut-être des employés de la SNCF en goguette gratuite sur le dit TGV car ils ne semblent pas émus), trois « agents » de la SNCF. Deux contrôleurs, à en juger par le ridicule couvre-chef qu’ils arborent, et une femme, dont l’accoutrement d’un kaki d’allure vaguement militaire, donne à penser qu’elle doit être « de la maison », mais sans doute du contingent local.

A ce stade, je ne sais encore nullement ou se trouve exactement ma voiture 11 ; je m’approche donc du groupe engagé dans une conversation sans doute trop intéressante pour répondre à la question que je pose et même pour prendre simplement acte de ma présence. Vu l’urgence, je touche du bout de l’index gauche le bras droit du contrôleur le plus proche de moi. Il bondit en vociférant « Je vous interdis de me toucher ! ». Je lui fais brièvement observer que j’ai donné trois cents euros pour un billet de train et que j’aimerais donc trouver la voiture qui n’est pas à l’emplacement annoncé. J'ajoute que j’ai payé un service que j’entends me voir rendre. L’homme doit être un militant de la « CGT cheminot » car il commence à tiquer sur le propos et le mot « client » et met en avant sa dignité sans me donner la moindre indication sur l’emplacement de la voiture 11. Comme le temps presse , je coupe court et repars, à l’aventure, vers ma supposée voiture.

Le hasard fait que c’est ce même individu qui sera chargé de contrôler ensuite mon billet au cours du trajet. Je ne le reconnais d’ailleurs pas car je suis occupé dans un travail et surtout je ne lui ai pas prêté attention sur le quai. Il revient donc, lui-même, sur l’incident car il affirme que j’ai « frappé » sur l’épaule (double mensonge, car je lui ai à peine effleuré le bras) et que je l’ai traité de « connard » (ce qui pour le coup est vrai, car j’ai grommelé ce qualificatif parfaitement adéquat, en reprenant ma course, sans espérer toutefois qu’il puisse l’avoir entendu !). Il me menace de la police que je l’invite à aller chercher. Je lui suggère que le mieux est que nous identifions l’un et l’autre ; je lui donne donc une carte de visite tout en lui demandant son nom ; je refuse naturellement de lui présenter la carte d’identité qu’il me demande sans la moindre raison ni le moindre titre à le faire (Je suis, paraît-il, pour la SNCF « Très grand voyageur » et porteur d’un billet plein tarif en première classe ). Le bougre refuse naturellement de me donner son identité, car j’entends, naturellement, donner une suite à cette affaire auprès de la SNCF. Je pense que celle-ci, même si elle ne sait pas où sont situées les voitures du TGV 6178, doit être en mesure d’identifier le contrôleur chargé, dans ce même train, de la voiture 11, le 11 juillet 2010.

Quelques remarques finales.

Sur le dernier point, dans la plupart des pays civilisés que je connais, les agents de ce genre de services portent un badge indiquant leur nom. Rien de tel dans notre belle démocratie ! De là, le sentiment d’impunité de ce genre d’individus. La mention de leur nom pourrait pourtant les rendre un peu plus prudents (je ne dirais pas intelligents, car le port de la casquette, peut-être sous l’effet de la chaleur, engendre chez de tels êtres, un sentiment de puissance qui s’accompagne clairement d’une réduction des facultés mentales).

Au moment où l’on parle beaucoup des régimes spéciaux de retraite (je pense ici surtout à celui de la SNCF) et de la «pénibilité » des travaux en cause, je m’interroge sur l’activité exacte des deux loustics chargés du contrôle des billets dans le TGV Nice –Paris. Le train étant sans arrêt d’Aix-en Provence à Paris, nos deux contrôleurs, ont dû, en trois heures, contrôler les billets des 150 clients montés, non sans peine, à Aix. 75 billets chacun ! 25 trous à l’heure à faire ! Ces choses-là sont rudes ! Voilà des gens qui ne volent pas leur salaire et qui mériteraient largement de partir en retraite avant les autres !

Je comprends, à l’extrême rigueur, que l’incident de l’inversion de la localisation des voitures puisse se produire (même s’il est scandaleux et même inquiétant!), mais je ne comprends pas que des agents de la SNCF, sur le quai de cette même gare et à ce même moment, non seulement se désintéressent, totalement et ostensiblement, de la situation au point de discuter tranquillement entre eux au milieu des clients affolés, mais refusent même de donner aux clients égarés les indications qu’ils possèdent, de toute évidence, puisqu’il s’est avéré que mon crétin casquetté était contrôleur sur ce même train et savait donc parfaitement OU ETAIT LA VOITURE 11 !

Pire encore, l’employée de la gare d’Aix-en-Provence, qui devisait si paisiblementavec ses collègues, sans être le moins du monde émue par le tumulte régnant sur le quai, aurait pu (ou « dû » !) songer , dans un pays normal et avec une compagnie de chemin de fer normale, à faire au micro une annonce d’abord pour PRESENTER DES EXCUSES aux clients, ensuite pour donner les indications sur le VRAI positionnement des voitures et enfin pour préciser que le départ du train serait retardé autant que de besoin.

Mais alors la SNCF ne serait plus la SNCF !

dimanche 18 juillet 2010

La vie duraille

Retour au bercail après deux semaines d’errance. Qui dit errance dit transports en commun et donc recours obligé aux deux éternels fleurons de nos services prétendument publics, Air-France et la SNCF. Lors de précédents voyages, j’avais eu maille à partir avec la première qui avait, une fois de plus, démontré sa superbe efficacité et son sens aigu des relations publiques, mais je vous raconterai ça une autre fois, si je ne l’ai pas déjà fait, car je suis plutôt, pour le moment, sous le coup de mes plus récentes émotions ferroviaires

Je suis revenu de Paris vendredi 16 juillet 2010 à 17 heures 16 sur le TGV 6123 à destination de Marseille. A la gare de Lyon, comme toujours, surtout en ces périodes dites de pointe, (toutes le sont, au moins au plan tarifaire) superbe organisation ! Dans la salle dite Méditerranée ; piétinent, devant les écrans, qui annoncent les voies d’accès et les quais d’embarquements, des centaines de personnes encombrées de leurs imedimenta estivaux (bagages , enfants, vieillards, etc.). Pour des raisons mystérieuses, ces indications d’embarquement indispensables, ne sont fournies qu’un petit quart d’heure avant le départ du train aux « clients » pourtant pressés de gagner les places qu’ils ont achetées au prix fort (296 euros pour un aller-retour Aix-en-Provence-Paris en première classe). J’emploie à dessein ce terme de « clients » que récusent et interdisent les syndicats de « cheminots » (autre délicieux vocable qui constitue un des multiples avantages acquis de cette corporation) ; ils ne veulent connaître que le si poétique « voyageur » ou, à défaut, l’inodore « usager ».

Bref à 17 heures 02, comme on disait dans les rédactions d’autrefois, « le moment tant attendu arrive » ! Le Moloch SNCF révèle au peuple impatient des clients que le quai de départ du TGV 6123 est accessible par l’escalier A. Ruée générale vers la porte A pour le compostage des « titres de transport », comme on dit en esènecéèfien. Des dizaines de clients se bousculent à l’entrée de l’étroit escalier où se trouvent les bornes de compostage. Une partie de ces machines est régulièrement en panne (comme les « bornes ») et leur usage exige que le billet y soit introduit dans un sens particuler sans doute dans le but de ralentir encore les opérations. On pourrrait imaginer, que dans les vingt lignes de texte qui figurent au dos des billets, soit indiqué ce détail et le mode précis de compostage. Mais on a déjà là le principe majeur de la SNCF que vous avez sans doute tous compris depuis longtemps par expérience et qui est ; « On ne va quand même pas se laisser emmmerder par les clients ! »)

Bref, comptez au moins cinq bonnes grosses minutes pour venir à bout du compostage et gravir les deux volées de marches étroites de l’escalier A Il est donc déjà 17 heures huit quand vous atteignez la dernière marche que vous ne pouvez d’ailleurs franchir, tant la presse y est grande. Votre train stationne en effet sur la voie de droite et la foule s’agglutine là sans se répartir entre la gauche et la droite du quai pour une raison que vous allez découvrir deux minutes plus tard quand vous aurez progressé d’un mètre en direction du train.

En effet, l’ingéniosité de la SNCF est sans borne ! La voiture qui est stationnée juste devant le haut de l’escalier ne porte en effet aucun numéro ; de ce fait, les voyageurs ne peuvent savoir s’ils doivent aller à droits où à gauche pour gagner la voiture où ils doivent prendre place. Naturellement aucun membre de l’innombrable et divers personnel de la SNCF ne se trouve dans cette position pourtant hautement stratégique. En effet, le principe de base déjà énoncé (« On ne va quand même pas se laisser.... ») a le corollaire suivant : le personnel SNCF se trouve toujours loin des lieux où il serait indispensable ou même simplement utile mais où, de ce fait même, il risquerait d’etre importuné par les « cliients » et, par là même, détourné des conversations entre soi qui constituent une bonne partie de son activité.

Mieux encore, non seulement la voiture devant laquelle conduit l’escalier A n’a pas de numéro, mais l’accès à la droite du quai où, vu la configuration générale de la Gare de Lyon, on peut faire l’hypothèse que se trouvent la plupart des voitures du dit TGV est quasiment bouché par un tracteur et trois remorques qui ne laissent, entre eux-mêmes et la voie, qu’un fort étroit passage où une personne, sans bagage, a le plus grand mal à se faufiler. La troisième remorque est même si mal garée, en biais, que l’on doit pratiquement se risquer au-dessus même de la voie pour parvenir à passer (je constaterai, dans la suite, que j’ai perdu dans ce périlleux transit les journaux que je venais d’acheter).

L’explication tient à ce que la voiture sans numéro est la voiture-bar et que le chariot qui empêche le passage est destiné à l’alimenter. On aurait pu certes garer cette voiture et/ou les chariots trois métres plus loin, mais, selon l’air déjà cité, « On ne va tout de même pas se laisser... ».

Il est déjà 17 heures 12 quand je parviens, non sans mal à franchir, ce dernier obstacle. Je suis placé dans la voiture 11 et la première que je vois est la voiture 18. L’espoir renait pour s’éteindre aussitôt quand je constate que la voiture 12 est la dernière de la série. Serais-je parti, au départ, dans le mauvais sens ?. Heureusement je ne suis pas encore au bout du train . La voiture qui suit porte le numéro 4 ; c’est inattendu mais je comprend alors que la 11, si elle existe sera la dernière que je distingue au loin. Gagné ; je l’atteins enfin entre 17 heures 15 et 17 heures 16, tandis qu’une voix menaçante annonce que le TGV 6123 va partir. Dans ma course éffrénee , j’ai néanmoins constaté la présence de deux ou trois contrôleurs ou assimilés, que je n’ai eu ni le goût ni le le temps d’interroger, mais qui étaient de plus en plus nombreux, au fur et à mesure que diminuait le nombre des voyageurs.

Mon retour de Paris vous-a-t-il plu ? Vous allez adorer le voyage aller que je vous raconterai demain !

vendredi 2 juillet 2010

Pouce!

Comme je n’ai guère qu’une demi-douzaine de lecteurs pour ce blog (mais de quelle qualité !) et que nous devisons souvent, je me sens obligé de vous informer que je serai absent du 2 au 17 juillet 2010 car je pars pour des cieux lointains que j’espère toutefois moins torrides que ceux que nous promet la météo française.

La fin du mois étant arrivée, je suis allé voir mon ancien blog du NO et j’ai constaté une mystère sur lequel les esprits sagaces que vous êtes (tous anciens du NO plus ou moins) auront peut-être la bonté d’éclairer le nigaud que je suis. Je pense surtout ici au savant Olivier ou au perspicace Marius ! J’ai constaté que pour un mois de juin, où rien n’est paru et où aucun de mes textes n’était accessible, j’ai eu 2051 visites qui ont occasionné la lecture ( ?!?) de 8.298 pages avec une moyenne de fréquentation de 68 et un maximum de 105 ! Sauf explication que personnellement je ne conçois guère, je crois qu’il y a là, de la part des gestionnaires de ce blog, une belle arnaque qui leur permet de facturer aux annonceurs des lecteurs fantômes de leurs placards publicitaires.

Et dire que c’est par « déontologie » que Florence Aubenas aurait quitté « Libération » pour le « Nouvel Obs » ! C’est ce qui s’appelle, dans notre belle langue classique, « Tomber de Charrybde en Scylla » et, plus joliment, en créole mauricien « Sap dan karay, tom dan difé » ( = sauter de la marmite pour tomber dans le feu »). Le « karay » est une marmite indienne locale, mais, ailleurs, on dit, dans le même esprit et avec le même sens mais un récipient différent : « sap dans pwalon » ! Pas besoin de traduire!

Evoquer le "Nouvel Obs" à propos de la Gauche est, je vous l’accorde, profondément comique, surtout quand on prend en considération les publicités qui font bouillir la marmite de cet hebdomadaire et, en particulier, la dernière page immobilière avec les annonces de vente de modestes demeures dont la décence socialiste interdit d’ailleurs de mentionner le prix. Le titanesque affontement entre Bergé et Perdriel à propos du « Monde » a récemment montré toute l’importance de la dimension idéologique de tels conflits ; ça me fait penser qu’il faudra, un de ces jours, que je vous cause de Monsieur Olivennes, autre grande figure du NO et de la Gauche (forcément). Rappelez-le moi, à mon retour, au cas où le climat tropical m’aurait ramolli les neurones.

Puisque j’évoque cette affaire du « Monde », le point le plus positif est la claque que le crypto-conseiller spécial élyséen Alain Minc a prise sur le museau, lui qui rêvait, par personne interposée, de faire au « Monde » un retour triomphal. Edwy Plenel a dû en sabrer le champagne ! Quant à Colombani.... Existe-t-il même encore ? Le compte-rendu de l’émission où, après le livre de Péan et Cohen, G. Durand avait reçu la Sainte Trinité du Monde, Colombani, Plenel et Minc est l’un des textes que je me suis le plus amusé à écrire dans le gros millier de posts que j’ai rédigés en quatre ans et demi.

Et voilà que je vais devoir me taire près de quinze jours durant ! Ce n’est pas la matière qui manque pourtant, à gauche comme à droite. Martine Aubry peste contre cette droite qui commet d’ignobles abus de biens sociaux étatiques (Heureusement qu’elle n’a jamais su que Tonton avait entretenu et fait surveiller une batarde pendant quatorze ans aux frais de l’Etat ! Et c’était une autre ardoise que les cigares de Blanc !) et Ségolène Royal qui n’a jamais reçu un centime de Bergé ! Il se bornait à payer le loyer de « Désir d’avenir » ! N’est-ce pas là ce que le fisc appelle un « avantage en nature » ? Quant au pauvre Dalton Woerth, voilà qu’on lui reproche d’emmener sa Florence enchapeautée au Prix de Diane (« Gais et contents, nous marchions triomphants / En allant à Longchamp... ») et de la laisser entrer (je n’ai pas dit « faire entrer », vous l’aurez noté) au conseil de surveillance d’Hermès (en fait, c’est la faute à Bernadette qui s’y ennuyait toute seule !). Ministre du travail, que fait-il d’autre que son boulot en trouvant pour sa femme, qui fait dans le conseil financier, une place, à un niveau modeste (elle n'aurait jamais vu en privé Madame Bettencourt) chez Clymène à 180.000 euros par an. Et alors... ?

Et les gars, calmez-vous un peu pendant que je ne suis pas là !
Déjà que je ne vais pas pouvoir regarder la phase finale de la Coupe du monde après avoir dû subir les pitreries françaises !