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dimanche 31 octobre 2010

« Poubelle la vie » ou « les mystères de Marseille ».

Vu hier soir, sur France3, une série policière intitulée « Enquêtes réservées ». Sur le sujet, rien à dire ; c'est le cocktail français classique sur la recette américaine classique : 50 % de guerre des polices, 20 % d'un méli-mélo familial et sentimental, 20 % de pseudo-police scientifique minable (on se borne à mettre en barboteuses et en bottes les enquêteuses) et enfin, l’essentiel, 10 % de propagande touristique pour la ville de Marseille. Le tout est tourné sans aucun moyen, comme tous les feuilletons français, ni figurants ni décors autres que la mer ; par ladrerie, on y a même remplacé le siège de la police marseillaise, « l'évêché », prudemment blotti contre la Major, par une villa des hauteurs (celle du général Aoun ou celle de Tapie ?), dominant la mer. Ce choix va entraîner un flot de demandes de mutation de la part de policiers aussi septentrionaux que naïfs !

Ce qui est amusant, en la circonstance, est que cette vue idyllique et radieuse de Marseille est proposée à la France, au moment même où des dizaines de tonnes d'ordures encombrent et surtout empuantissent, depuis deux ou trois semaines, les rues de la ville. Marseille est devenu un immense « murodrome » (terrain de courses pour rats), audacieuse innovation lexicale de ma part, à ne pas confondre toutefois avec un « mirodrome » (le seul terme authentiquement francophone pour « peep-show ») où ne se produisent que des souris ! C'est ce qui m'a conduit à faire ce mauvais jeu de mots dont je pense livrer ici la 129e édition, "Poubelle la ville », avec un « à peu près » « Plus belle la vie » titre du second feuilleton qui fait la gloire actuelle de Marseille. À croire que la municipalité subventionne désormais France-Télévision pour faire sa publicité par les feuilletons télévisés.

Mais venons-en à mon propos central qui peut s'intituler « Les mystères de Marseille », après « Les mystères de Paris »,. Car on ne vous dit pas tout sur les événements sociaux qui se déroulent dans cette belle ville et qui, s’ils sont actuellement souvent évoqués, ne sont, en revanche, jamais véritablement expliqués car ils sont très loin d'y constituer des nouveautés et font, au contraire, partie du folklore social et économique local.

Prenons le cas des éboueurs, dont les grèves périodiques, raniment la vieille rivalité entre Naples et Marseille en matière de drogue comme d’ordures. On peut voir sur internet une vidéo où un éboueur marseillais explique jovialement pourquoi, pendant leurs grèves, on ne retient aux grévistes qu’un seul jour de salaire sur trois journées d'arrêt de travail: un jour, c’est le chauffeur du camion qui est le seul gréviste; les autres ne le sont pas mais ne peuvent naturellement pas travailler; le lendemain sont en grève ceux qui ramassent les poubelles; le jour suivant, c’est le responsable du secteur, et ainsi de suite!

On y évoque aussi le système provençal du nettoyage urbain, bien connu à Marseille comme à Aix-en-Provence. On le nomme localement le « fini-parti » ; pas d’horaire fixe et contrôlé, même si la durée du travail quotidien est, en principe, de 7 heures 30 ; chacun part quand il a fini la tâche qui lui est, en principe, assignée. Le système ne favorise pas, on s’en doute, le fignolage. On s’arrange, entre soi, pour terminer le ramassage vers 12 ou 13 heures . On peut ainsi, selon les cas, faire la sieste ou aller à son deuxième petit boulot, au noir bien sûr.

Le cas du personnel du port de Marseille est encore plus susceptible de provoquer la stupeur admirative des non- Marseillais. La Chambre de commerce locale, en désespoir de cause, a récemment publié, dans la presse parisienne, sous forme d'une blague d'offre d'emploi, la rémunération et les conditions de travail des dockers marseillais. La présentation était drôle ; il s'agissait d'une proposition d'embauche (4000 € par mois pour 18 heures de travail par semaine) mais elle avait l'inconvénient de faire croire justement qu'il s'agissait d'une plaisanterie, alors que ce n'est que le pure et simple réalité. La CGT a donc eu beau jeu de protester, en disant que le salaire mensuel MOYEN d'un docker marseillais n'est que de 2500 €. La CGT jouait ici sur les mots puisque le personnel que visait la pseudo offre d'emploi était les 36 « portiqueurs » du port, dont la grève suffisait à bloquer l'ensemble de l'activité portuaire (cf. plus haut, le système des éboueurs, qui est aussi, par ailleurs, celui des « cantinières » marseillaises, en grève depuis des samaines, mais seulement, à l’heure des repas, c’est-à-dire seulement UNE HEURE PAR JOUR !

En fait, un « portiqueur » perçoit effectvement 4500 € bruts par mois pour 18 heures de travail hebdomadaire. Ajoutons à ces détails que leur grève était motivée au départ, non par le texte sur les retraites, mais par la réforme portuaire. Les dits portiqueurs en avaient toutefois profité pour demander, au passage, 500 € mensuels d'augmentation et le passage de 18 heures à 12:heures de travail hebdomadaire !

Ajoutons pour la question de la pénibilité du travail que, contrairement à ce qu'on peut penser, ces braves gens ne transportent pas les containers sur leur dos et que le maniement d’une grue ou d'un portique s'apparente assez à la manipulation d’une PlayStation. Ce métier de dockers est en outre si mal payé et si pénible que l’une des vieilles exigences de cette corporation est que les recrutements y soient prioritairement sinon exclusivement réservés aux enfants de dockers ! Cela dit, ça paye, puisque le gouvernement Fillon, en pleine crise, a pris, il y a une dizaine de jours, une disposition DEROGATOIRE pour maintenir le régime spécial de la retraite à 55 ans (10.000 actifs pour 20.000 retraités!)

On se plaint du manque d'emplois à Marseille, mais de tels exemples font comprendre pourquoi ils sont évidemment très convoités.

Postscriptum : dernières nouvelles du front des ordures marseillaises : les éboueurs demandent à être payés en heures supplémentaires pour effectuer le travail de nuit afin d’accélérer le ramassage des ordures. Une suggestion : ne plus ramasser les ordures de jour mais la nuit...en heures sup.!

samedi 30 octobre 2010

Retraites, manifestations et bouses de vache.

J'ai raconté autrefois, dans des circonstances analogues, un apologue que l'on trouve dans « Propos de O.L. Baranton confiseur » d’Auguste Detoeuf.. Comme je l’ai fait il y a bien longtemps et dans un autre blog que ce fut celui où j'opère actuellement, je vais le raconter à nouveau, vu sa remarquable pertinence en ces jours, en priant ceux ou celles qui l’auraient déjà lu autrefois de me pardonner cette redite.

Deux gendarmes cheminent paisiblement sur un chemin de campagne. Soudain, ils rencontrent une énorme bouse de vache qui trône au milieu du sentier. Saisi d'une étrange inspiration, le premier propose au second : « Si tu manges cette bouse de vache, je te donne 10 francs ! » . Tenté par cette offre, le second gendarme, non sans quelque mal, avale la bouse, au grand désespoir du premier qui est obligé de s'exécuter et de lui donner la pièce pariée. Un peu plus loin, nos gendarmes découvrent une seconde bouse de vache. Le premier gendarme, qui ne s'est pas remis de son échec, propose alors au second : « Si je mange cette bouse, est-ce que tu me rends mes 10 francs ? ». Pari conclu, le premier gendarme mange la seconde bouse et récupère ainsi ses dix francs. Ayant mangé chacun leur bouse de vache, nos deux gendarmes reprennent leur route.

Dans bien des conflits sociaux français, dont la fin est, dès le départ, tout à fait prévisible, on peut rappeler cet apologue ; dans la plupart des cas, finalement, après des incidents qui font du tort aux deux parties et par là à tout pays, on se retrouve au point de départ comme les gendarmes de l'histoire. On pourrait mettre en évidence les causes de cette spécificité française, mais la forme brève partiquée ici se prête mal à ce genre d’analyse !

Je pensais, une fois de plus à cette apologue, en écoutant avant-hier, 28 octobre, Michel Rocard qu'on interviewait au « Grand journal » de Canal+ sur l'affaire des retraites. Très en forme notre Michel polaire que le froid conserve de toute évidence ! Les maquilleuses de Canal+y étaient aussi pour quelque chose ; elles avaient fait merveille et nous avaient préparé, poudré à frimas, un octogénaire juvénile et épanoui.

Naturellement, Ali Baddou (Denisot était en vacances chez son pépé) s'est bien gardé de lui poser les bonnes questions pourtant incontournables ! « Pourquoi, étant Premier Ministre, il n'avait pas engagé une réforme des retraites, que le grand rapport qu'il avait lui-même commandé, faisait apparaître comme indispensable et inévitable à la fois ? » ; « Pourquoi la gauche au pouvoir dans la suite n'avait pas engagé davantage, dans la suite, une telle réforme ? », « Pourquoi, avec la création par Jospin du fameux « fonds pour les retraites », on s’était borné à une mesurette qui montrait bien que l'on n'avait aucune intention de toucher réellement au système ? » ou enfin « Pourquoi il avait fallu attendre Balladur pour que soit effectuée la première réforme réelle ? ». Il est vrai que ce pauvre Ali ignore clairement tout de ces affaires et ne s’en soucie en rien.

Néanmoins, comme souvent, Rocard a fait apparaître un point de vue lucide, raisonnable et mesuré, en montrant que, dans toute cette affaire des retraites, on s’affrontait surtout sur des symboles plutôt que sur la réalité des choses, puisque, actuellement, l'âge moyen de cessation d'activité en France se situe à 58 ans et de ce fait, ni à 60 ni à 62 et donc moins encore à 65 ou 67 ! Il a également rappelé (et je l’ai souvent fait moi-même) que les étapes essentielles de cette réforme des retraites ont été posées depuis longtemps, avec en particulier, l'accroissement du nombre des années de cotisation, dont la finalité cachée était en fait de réduire les retraites elles-mêmes, en faisant en sorte que de moins en moins de retraités puissent les percevoir dans leur intégralité.

Les gendarmes, ceux du pouvoir comme ceux de la rue, ont désormais mangé leur bouse de vache et la vie peut reprendre comme auparavant, l'économie du pays ayant une fois de plus souffert, en vain, de la sottise de nos dirigeants comme comme de celle ceux qui s'opposent à eux.

Une satisfaction toutefois, le grand manitou de la CGT-SNCF, Didier Le Reste vient de partir en retraite,... à 55 ans naturellement. C’est bien normal après une vie épuisante comme « contrôleur » (ce métier si « pénible » dans lequel le compostage des billets, une heure ou deux par jour, entraîne des callosités du pouce droit quasi définitives). Fort heureusement, D. Le Reste avait très vite, à la SNCF où il était entré à 20 ans, opté pouir le syndicalisme politique (CGT-PCF) et de ce fait, a pu passer sans travailler (comme la plupart de nos grands dirigeants syndicaux) l’essentiel (j’allais dire « le reste », mais ce sont les deux-tiers !) de sa vie réputée professionnelle.

vendredi 29 octobre 2010

Les scoops de Pécresse sur RMC

Mercredi 27 octobre 2010 sur RMC à 8:30 Christophe Jakubyszin interviewe Pécresse.

Nouvelle remarque de ma part (et c'est très loin d'être la première fois que je la fais) nos vedettes de la radio et de la télévision ont désormais le régime intégral de vacances des petits écoliers aussi bien pour la Toussaint que pour Noël, Paques ou la Saint Glinglin, sans que cela frappe quiconque. Sur RMC, le petit Bourdin va en vacances chez son pépé d’Alès tandis que Michou Denisot va voir sa mémé Joséphine à Châteauroux. Michou cède dons les rênes (mais les ânes ont-ils des rênes ?), dans un pas de géant vers l’intégration, à Ali Baddou, aussi médiocre dans ce rôle, pourtant des plus simples, que dans son emploi habituel.

Mais revenons à Mme Pécresse.
Christophe Jakubyszin (on doit se préparer à lui pardonner beaucoup avec un patronyme pareil !) remplace donc Jean-Jacques Bourdin parti se ressourcer au bon air gardois. Il interroge donc ce matin-là Mme Pécresse. Dès l'introduction on sent qu'il va y avoir là de grands moments de radio « solidaire, sincère, et citoyenne » (auto-définition de RMC). Le « journaliste » du jour, dans son introduction, évoque, de façon inattendue, « l'école de Luc Ferry » ! C'est vrai bien entendu, je vous le jure, sinon ce serait pas drôle. Un pauvre Polonais comme lui peut bien confondre Jules et Luc et on ne va pas en faire un fromage ! En tout cas c'est bien parti et la suite va être à la hauteur, le « post » étant hélas est un genre trop bref pour une recension complète de toutes les sottises ou approximations de cet entretien. Je ne vous donne donc ici qu’un ou deux exemples qui ne sont pas forcément les meilleurs car en 48 heures j’ai un peu oublié.

S'agissant donc de « l'école de Luc Ferry », on nous sert bien entendu l'inévitable couplet sur les « fondamentaux », en précisant que tout enfant qui entre en sixième doit savoir lire et écrire. Interrogée sur le rétablissement de l'examen d'entrée en sixième (une idée de Copé donc a priori nulle pour tout sarkoziste pur sucre), Pécresse se déclare défavorable. Elle omet bien entendu de préciser que, dans les universités dont elle la charge,on doit désormais créer, pour les bacheliers, un enseignement liminaire de l'orthographe du français. On peut donc penser qu’il serait plus raisonnable que ce genre de formation soit créé dans l'enseignement secondaire, voire à son début, plutôt qu'après le baccalauréat !

Mais le moment le plus délicieux de cette trop brève émission a été le couplet sur la création dans nos universités d’« e-learning centers ». L'observation liminaire du « journaliste » sur le caractère peu francophone d’une telle dénomination est balayée d'un revers de main parValérie Pécresse par ailleurs, de toute évidence, bien incapable de trouver l'équivalent français pourtant tout à fait évident. Elle nous explique alors savamment que dans ces « e-learning centers », les étudiants auront un accès direct aux livres en rayons, sans demandes ni intermédiaires ; ils y disposeront de tables, de sièges pour pouvoir travailler tranquillement sur place. N’est-ce pas là ce que nous-autres pauvres francophones appelons une « bibliothèque » en accès direct, comme celle de Beaubourg pour prendre un exemple très connu.

Apparemment, Mme Pécresse n'a pas la moindre idée de l'institution qu'elle envisage de créer. Elle qui l'an dernier, à visité des universités américaines, aurait dû visiter aussi, plus près d’elle, des universités françaises. Elle aurait pu constater que, dans les campus des États-Unis, on voit, sans cesse et partout, des étudiants occupés à travailler et à lire comme à fréquenter des bibliothèques qui, là-bas, souvent sont ouvertes 24 heures sur 24 et sept jours sur sept. Si Madame Pécresse était un peu plus familière des universités françaises, elle saurait qu’il en est tout autrement en France, où l'on voit rarement des étudiants occupés à travailler (où le ferait-il d'ailleurs si l’idée leur en venait ?) et surtout où les bibliothèques, comme les installations sportives, sont, en général, FERMEES au moment où les étudiants pourraient s'y rendre.

Par ailleurs, pour l’information du ministre comme du « journaliste », et comme son nom l'indique, un « e-learning center » n'est pas une bibliothèque d'ailleurs comme le souligne clairement la traduction même de ce terme.
Tout cela n'était d'ailleurs qu'une simple opération de communication, destinée à préparer la visite que le président de la République (le cahier des charges ministérielles impose de toute évidence, l'évocation du nom toutes les trois phrases !) devait donner le lendemain, dans je ne sais quel lieu où étaient concentrés et présentés les plans et maquettes des principales futures installations universitaires.

En tout cas, pour ce qui concerne ces futurs cyber-centres documentaires, le problème n'est pas tant dresser les plans et même de les construire (ça fait toujours marcher le commerce et le BTP) que de disposer réellement d’un personnel qui accepterait d'y être présent au moment où les étudiants sont eux-mêmes susceptibles d’y être aussi !

samedi 23 octobre 2010

Edwy Plenel sait compter!

Tout le monde a été fort surpris de voir, lors de la dernière grande manifestation parisienne, Edwy Plenel se lancer dans le comptage des manifestants qui était, jusqu'à présent, les spécialités, exclusives et hilarantes, de la police et des syndicats avec les résultats que l'on connaît.

Edwy Plenel sait compter ! Les abonnés à Médiapart, d'abord et surtout, mais désormais aussi les manifestants (opération un peu "pompée" sur les Espagnols!). Compter les seconds devrait, pensait-il, le conduire à compter en plus grand nombre les premiers.

Quelques explications à ce propos, que d'aucuns peuvent juger étrange, sont nécessaires et je vais vous les donner.

La première est des plus simples. Si l'on prend deux organes d'information électronique bien connus, Médiapart et Rue 89, on observe que leurs fonctionnements commerciaux sont fort différents. Rue 89 est financé, à 60 %, me semble-t-il, à en croire ses responsables, par la publicité ; Médiapart et Plenel vivent des abonnements. L’évaluation des fréquentations, base des tarifs publicitaires, est facile à truquer, du moins telle qu'elle est pratiquée par le « Nouvel Observateur » d’où je fus naguère chassé pour irrévérence envers la gent journalistique. Pour ce qui me concerne, sans que des textes de mon cru y soient accessibles depuis six mois, j'ai continué longtemps à avoir 2000 visiteurs par mois ! S’il est facile de falsifier les chiffres de fréquentation et de duper ainsi les annonceurs, il en est tout autrement pour les abonnements.

Une deuxième observation, que je fais depuis plusieurs années, concerne l'organisation même des manifestations. J'ai le souvenir de manifestations d'autrefois, dans lesquelles les manifestants défilaient en rangs serrés, au coude à coude, une ligne suivant immédiatement et de près la précédente. Aujourd'hui, on a au contraire l'impression que les manifestants se tiennent dans des formations aussi dispersées que possible, qui leur permettent, par là même, d'occuper le maximum de terrain, chaque manifestant est à un ou deux mètres de son voisin et les petits groupes défilent à pas lents et comptés, à des distances plus grandes encore. Il me paraît évident qu'il y a là, comme sur beaucoup d'autres aspects, des consignes données par les organisations qui gèrent ces affaires. Le but, à l'évidence, est de faire occuper le maximum d'espace par le minimum de manifestants.

La troisième observation concerne la spontanéité des manifestations lycéennes en particulier. J'ai entendu récemment développer deux thèmes qui me paraissent du plus haut comique. Le premier est celui, récurrent, de l'indépendance politique de ces actions. Point n'est besoin de rappeler ici la grande époque où le secrétaire général de la CGT était statutairement membre du bureau politique du parti communiste ! Le second thème est celui de la non-manipulation des organisations lycéennes ou étudiantes par les formations politiques. On sait néanmoins que longtemps (et peut-être est-ce encore le cas), le principal clivage entre les deux des principaux syndicats étudiants (« principaux » étant un bien grand mot pour des organisations microscopiques) était que le premier était d'obédience communiste, alors que le second était rattaché au parti socialiste. Vu le nombre des mégaphones et plus globalement du matériel utilisé dans les manifestations de « jeunes », sans parler des locaux dont ils disposent et des modes d'organisation de ces manifestations, il est évident que des formations politiques (naturellement de gauche) sont derrière tout cela. La chose d'ailleurs sans importance ni intérêt pour mon propos.

Revenons aux comptages chers à Edwy Plenel, aussi bien ceux des manifestants que ceux des tintements du tiroir-caisse de Médiapart. Il avait fait un très joli coup avec l'affaire Woerth mais, en la matière, un coup, si réussi qu’il soit, ne suffit pas et il faut renouveler régulièrement ce genre d'opération si l’on veut accroître la clientèle. Il en fallait donc, de toute urgence, un nouveau puisque les manifestations occupaient désormais le premier rang de l'actualité.

L'astuce majeure dans l'opération et la mise en oeuvre est qu'elle constitue un coup de billard à plusieurs bandes. Tout le monde s'attendait en effet à ce que Médiapart produise des chiffres proches de ceux des syndicats, mettant par la même en évidence les falsifications opérées par le pouvoir sarkoziste et sa police. Or c'est précisément le contraire qui s'est produit puisque, lors de la dernière manifestation parisienne, alors que la police annonçait 89.000 manifestants et les syndicats 330.000, Médiapart n'en a compté que 76.000 ! Je passe sur les détails du comptage qui sont sans importance ici puisque ces dénombrements sont probablement tous aussi bidons les uns que les autres.

Le but de l'opération était par le caractère inattendu de ce résultat de créer, comme on dit aujourd'hui, le « buzz » pour faire monter le nombre des abonnés à Médiapart, la seule vraie et bonne source d'information authentique et sincère sur le marché, mais aussi contre toute attente de montrer que les chiffres de la police, qu'on a tendance à croire minorés, étaient au contraire majorés, ce qui contribuait, de façon inattendue mais perversement efficace, à accréditer la thèse anti-sarkoziste de la création, volontaire et organisée, d'un climat d'insécurité et d'inquiétude.

Bravo Edwy ! Joli coup ! J'espère que le tiroir-caisse de Médiapart a tinté d'importance !

jeudi 21 octobre 2010

"Quo non descendamus?"

« Quo non descendamus?» (« Jusqu'où descendrons nous? »), cette exclamation de Cicéron, ici moins d’indignation que de stupeur, concerne la sottise qui nous cerne de toutes parts!

J'écoutais hier (20 octobre 2010), en voiture (c'est en général à ce moment et en ce lieu que je prête attention aux âneries du calibre de celle dont je vais parler), un commentaire plein d'émotion et d’indignation sur un propos scandaleux de ce pauvre Monsieur Guerlain, ex-parfumeur de son état. On rapportait que, sur France2, interviewé par Mme Lucet, sur son activité ancienne, Guerlain avait lâché les phrases suivantes pour souligner la peine qu'il avait eue à mettre au point un nouveau parfum : « Je me suis mis à travailler comme intègre. Je ne sais pas si les nègres ont toujours tellement travaillé, mais enfin... ».

Personnellement, mais c'est la preuve de ma nature foncièrement mauvaise, je ne trouve pas le propos, oral et improvisé, pendable et je juge en tout cas le bruit fait à ce sujet très excessif et queque peu insolite
.
A cela deux raisons dont une troisième est sans doute la principale.

La première est d'ordre anthropologique et économique. Pour connaître un peu l'Afrique et y avoir fait quelques études, j'y ai toujours constaté que les femmes y étaient beaucoup plus actives, productives et efficaces que les hommes. Pour prendre par exemple la production agricole alimentaire, essentielle là-bas, elle est, selon tous les experts, assurée en Afrique de l'Ouest à 50 % au moins par les femmes et en Afrique centrale à 75 % ! On devrait donc logiquement dire non pas « travailler comme un nègre » mais « travailler comme une négresse ». Je sais que j’aggrave là mon cas et que je m'expose encore davantage par un tel propos puisqu'aux défenseurs des Noirs (Pas sur la tête Missié Lozès !) vont s'ajouter ceux et celles des femmes.

La deuxième raison est de l’ordre du discours. « Travailler comme un nègre» est une expression toute faite qui, comme le montre l'usage qu’en a fait M. Guerlain, caucasien pur laine, est machinale et quasi vide de sens puisque peu de parfumeurs sont noirs. On peut dire, de la même façon, « j’ai couru comme un lapin » sans se voir pour autant pousser de longues oreilles ! Je ne pense pas qu'en usant de ce tour M. Guerlain s'assimile en quoi que ce soit à un mélanoderme (admirez la prudence de ma formule). Heureusement pour lui que son succès dans l’élaboration de son parfum fait que nul ne lui reprochera d’avoir fait, en plus, « un travail d’Arabe » !

Ma troisième raison est d'ordre proprement linguistique et est infiniment plus générale. Elle est suscitée par la question qui a été posée à ce propos à quatre parlementaires français à qui on a demandé « Dire nègre c'est une opinion ou un délit ? ». À elle seule la formulation de cette question démontre à la fois la sottise de celui (ou celle) qui l’a formulée et son ignorance totale de la langue française et du sens même de son propos.

Si l’on va jusqu'au bout de cette logique (qu'on veuille bien me pardonner d'employer ce mot si impropre dans un tel contexte et pour une telle question), il faut supprimer le mot « nègre » dans tous les dictionnaires des Français, en interdire l'usage et même brûler les écrits où il apparaît.

Jusqu'au descendrons-nous dans les abysses de la sottise et dans le gouffre de la généralisation infinie du « parler gnangnan » qui fait des aveugles des non-voyants et des balayeurs des techniciens de surface ? Irons-nous dans cette voie jusqu'à censurer tous les grands auteurs qui ont usé du terme "nègre" ? Assurément ces textes ne sont pas un problème pour ceux qui interviennent ainsi, dans la mesure où ils ne les ont jamais lus et en ignorent sans doute jusqu'à l'existence). Je pense naturellement ici à quelques grands passages de Montesquieu ou de Voltaire qui ne sont pas seulement des noms de boulevards ou de quais!

Le comble est toutefois atteint par un écrit de Mlle Audrey Pulvar, de la Martinique faut-il le préciser, qui a largement suscité et contribué à alimenter cette polémique pas nécessairement innocente et fortuite de sa part comme on va le voir. Mlle Pulvar, à un niveau plus modeste (mais ceci explique peut-être cela) est, en effet, une rivale professionnelle de Mme Lucet qui officie, elle, sur France2 donc au plus haut de la profession. De ce fait, elle n'a évidemment pas laissé passer l'occasion de glisser une peau de banane (autre spécialité martiniquaise) sous les pieds de celle dont elle rêve sans doute de prendre la place.

Le plus drôle de l’affaire (et ce détail a sans doute échappé à beaucoup, ce qui me conduit a donner ces précisions) est que ce mot « nègre », sous sa forme créole « nèg », est d'un emploi des plus courants dans les créoles antillais. Pour couper court à tout débat oiseux, je donne la définition qu'en fournit le dictionnaire du créole guadeloupéen (que Mlle Pulvar me pardonne d'invoquer ici le créole de la Guadeloupe, faute de disposer d'un dictionnaire du même type pour la Martinique). Cette définition est « nèg : nègre, homme, cher ami, gars. ». Ce mot est dans cet ouvrage l'un de ceux auxquels est consacré l’un des plus longs articles et on y relève pas moins d'une bonne vingtaine d'expressions où intervient ce terme.

Je sais bien que cette « journaliste » ne confond pas la France et la Martinique puisqu'elle est la fille de Marc Pulvar, co-fondateur du MIM, le Mouvement Indépendantiste Martiniquais ! « Le pain du méchant emplit la bouche de gravier » dit l’Ecriture. Ce n’est apparemment pas le cas de celui de la France, n’est-ce pas Mademoiselle Pulvar ?

mercredi 20 octobre 2010

Grève, blocage et sabotage.

Grève, blocage ou sabotage ?

J'étais pourtant fermement décidé jusqu'à 16:15 en ce 20 octobre 2010, à ne pas écrire une seule ligne sur la crise sociale liée à la question des retraites dans un débat qui me paraît débile et même parfois stupide.

Il ne s'agit pas de faire ici l'historique de la question puisque tout le monde sait que le premier à avoir mis en évidence à la fois le caractère inéluctable d'une réforme et le risque fatal qu'elle comporterait pour tout gouvernement qui l’entreprendrait est, chacun le sait, Michel Rocard. Cette lucidité et sa prudence l’ont d’ailleurs conduit à ne rien faire dans un domaine pourtant, à ses yeux, si important et où l’action était si urgente et si indispensable. On observera, en outre, qu’actuellement, sans doute préoccupé par les calottes glaciaires et le grand emprunt (sujets qui sont, il est vrai, plus rémunérateurs moins brûlants), Rocard est en ce moment remarquablement discret sur une question dont il est pourtant sans doute l’un des meilleurs connaisseurs.

Pour un Philistin de mon acabit, il est évident que, dans toute cette affaire, le moment essentiel a été d’abord 1993, où Balladur a modifié le nombre des annuités nécessaires pour obtenir une retraite à taux plein, en faisant passer ce nombre de 37,5 à 40 et en faisant calculer cette retraite sur 25 années et non plus sur 10. Le gouvernement Balladur avait alors été assez habile pour s'en prendre au seul secteur privé, ce qui naturellement n'a guère ému le secteur public, dont on sait bien que le rôle est toujours déterminant dans les mouvements sociaux car les gens y étaient souvent payés, d’une façon ou d’une autre durant les grèves. En 1993, le secteur public et, a fortiori, les régimes spéciaux n’ont pas bronché et se sont même, me semble-t-il, laissés aller à rire sous cape devant cette réforme qui ne les touchait en aucune façon. Ils se sont émus en, revanche, en 2003 au moment où ce régime de passage des 37,5 à 40 annuités (et même à 41 en 2012) leur a été étendu par Fillon (déjà lui !). Le but, dans cette affaire, était certes d’aligner le public sur le privé (sans toucher aux régimes dits spéciaux !) et de faire cotiser les gens plus longtemps, mais SURTOUT de faire en sorte qu'un nombre extrêmement réduit de retraités soient désormais en mesure de percevoir leur retraite à son taux plein.

Dans la confusion actuelle, on discute de tout et de rien, chacun semblant trouver son intérêt dans ce dialogue de sourds. Les syndicats, qui prétendent ne jamais avoir été consultés, l'ont été, à de nombreuses reprises, depuis le Grenelle social de février 2010, mais il est clair que de telles négociations ne servent à rien si chacun, comme c'est toujours le cas, entend camper sur ses positions et ne pas faire la moindre concession On connaît le principe de base de la CGT ; « Ce qui est à moi est à moi, pour ce qui est à toi on va négocier».

À regarder les choses objectivement et de loin, on peut même penser que les principales concessions sur la pénibilité et le travail des femmes sont venues du côté gouvernemental mais ce ne sont pas toujours les mesures les plus opportunes qui ont été mises en avant. Le parti socialiste semble admettre, plus ou moins, le caractère inévitable de la réforme et le passage à 62 ans (comme le montrent les palinodies de Mme Aubry sur ce point). En réalité, il est évident que les socialistes sont ravis que l’inéluctable réforme qu'ils s'étaient si soigneusement abstenu d'entreprendre 14 années durant, soit mise sur les rails par la droite, même si c'est dans des conditions difficiles qui, en tout cas, leur auront été épargnées.
Cette métaphore des rails me ramène à mon sujet puisque si j'ai décidé d'intervenir sur ces questions, c'est parce que sur la ligne Aix-en-Provence-Digne, au passage à niveau de Venelles, j'ai vu quelques individus vêtus de gilets de travailleurs routiers s'affairer autour d'un certain nombre de wagons de marchandises qui étaient arrêtés sur la voie. Je ne sais pas exactement ce qu'ils faisaient là, mais tout me donne à penser qu'ils avaient placés ces wagons à cet endroit pour empêcher le passage des TER.

Ces gens-là étaient des grévistes je suppose (même si j'en sais rien car peut-être étaient-ils en service et, à ce titre, payés par la SNCF, mais sans doute pour faire tout autre chose) ; ils s'affairaient donc, me semble-t-il, à bloquer la ligne avec des wagons de marchandisers chargés qu’ils n’avaient sans doute pas poussés à la main depuis la gare d’Aix-en-Provence, mais en « empruntant » en douce, pour ce faire, une motrice. Le fait de disposer des obstacles imprévus sur une voie de chemin de fer est, en général, un comportement répréhensible et peut être même tout à fait legitimement assimilé à un sabotage.

S'il est vrai, comme je l'ai souvent entendu dire par des responsables syndicaux et politiques de gauche, que le gouvernement fait de la « provocation » en mettant des forces de police aux endroits « sensibles » et en particulier devant les établissements scolaires que les élèves bloquent à grand renfort de poubelles, je pense que les provocateurs devrait pousser la provocation un peu plus loin.

Il doit bien être possible de trouver parmi les cheminots non-grévistes quelqu'un qui, moyennant une rémunération aussi solide que discrète, se mettent, sans rien dire à persoone comme les bloqueurs, aux commandes d'une motrice et la fasse entrer en collision avec les wagons inopinément arrêtés en pleine voie ; s'il s'agit d'un professionnel, il doit être capable de faire tout ça sans trop prendre lui-même de risques. Je pense que, dans ces conditions, on pourrait tout à fait inculper de sabotage des agents de la SNCF qui se sont livrés à cette manoeuvre de blocage/sabotage en utilisant illicitement en outre une motrice!

La confusion entre le droit de grève et le fait d'empêcher de travailler ceux qui n’entendent pas s'associer à cette grève est en France aussi ancienne que constante. Il en est de même pour les établissements scolaires et je ne vois pas davantage de quel droit des élèves empêchent de pénétrer dans les locaux ceux qui souhaitent le faire. Dans cet ordre d'idées, j'ai peine à croire qu'après avoir entassé les poubelles devant la porte du lycée ou du collège, ils se soucient de les remettre en place, épargnant ainsi aux travailleurs, du sort desquels ils se déclarent si soucieux, le soin de les remettre aux places où elles auraient dû rester. Mais je ne pense pas que cet aspect des choses constitue un réel souci pour nos lycéens ou collégiens grévistes qui, toutefois, pour épargner la peine du rangement aux travailleurs, mettent le feu aux deiyes poubelles et parfois même au collège.

mardi 19 octobre 2010

Le scoop de l'année

Vous ne l'avez peut-être pas remarqué (moi je l'ai fait pour vous !) mais, la semaine dernière, Galopin de Villouzeau et Jean-Michel Afati avaient, l'un et l'autre, une grosse écorchure sur le nez.

Il y a sans doute une explication à une si surprenante anomalie chez deux hommes forts soucieux de leur apparence puisqu’ils en font, en quelque sorte, profession. On peut donc létimement s'interroger sur cette coïncidence, aussi fâcheuse (pour eux) qu’inattendue pour nous.

Peu de chances que l'un et l'autre, indépendamment l'un de l'autre,se soient mis fortuitement en situation d'être ainsi parallelement et synchroniquement meurtri. On pourrait, en la circonstance, demander aux frères Bogdanov de nous calculer la probabilité exacte d’une si étrange coïncidence. Pour ce qui me concerne, je me refuse à croire au simple hasard.

Ecartant a priori entre eux des relations de nature telles que la fougue d’un baiser ait pu conduire à une fâcheuse collision de leurs appendices nasaux; je penche plutôt pour un accident du travail. Galopin interviewé par Afati, dans le feu de l'action réthorique, et à l’évocation de la figure honnie de notre président, à dû se projeter avec vigueur et véhémence vers l’avant, tandis que le second, soucieux de protéger le micro de RTL, se jetait en avant pour le protéger de son corps ou plus précsément de son nez. Leurs appendices nasaux se sont heurtés avec force, créant ainsi ces conclusions si regrettables qui, une semaine durant, ont quelque peu gâché leur image, favorisant en outre la propagation de rumeurs diverses.

Grand moment de télévision hier, lundi 18 octobre, au « Grand Journal » de Michel Denisot. On en y recevait Édouard Balladur, plus Balladur que jamais. L'homme n'a toujours été que peu enclin à la rigolade mais l'ampleur prise, depuis quelques années, par sa physionomie lui rend de plus en plus quasi impossibles le sourire, et, a fortiori, le rire. C'est à peine si ses lèvres s'écartent de quelques millimètres et si tressaillent ses vastes fanons. Rendons-lui pourtant justice ; dans ces rares moments de gaieté intérieure, son oeil s'allume encore quelque peu sous des paupières alourdies.

Le sujet du jour, on pouvait le deviner d'emblée, était la grosse dizaine de millions d'origine inconnue qui figuraient sur ses comptes de campagne et dont on soupçonnait qu'il pouvait avoir quelque rapport avec le non-paiement intégral aux Pakistanais des rétro-commissions sur les sous-marins vendus au Pakistan par la France.

Je vous épargne le détail mais, une fois l'affaire très prudemment exposée, sur la pointe des pieds, par Jean-Michel Afati, Balladur nous a régalés de son numéro du boa constrictor, étouffant dans les replis de sa rhétorique soporifique les malheureux téléspectateurs qui auraient tenté de chercher à comprendre quelque chose à ses explications qui n’en étaient d’ailleurs en rien.

Balladur nous a donné trois excellentes raisons de ne pas fournir d'explication à ce mystère. Il a évité, sans la moindre vergogne, de répondre à la seule et unique question que nous nous posions, mais que les « journalistes » de Canal+ (Ariane et Ali Baddou compris) se sont soigneusement abstenus de lui poser : « D'où venaient ses 13 millions EN LIQUIDE ET GROS BILLETS déposés sur son compte de campagne de M. Balladur ? ».

Balladur a eu beau faire valoir qu'il aurait même pu déposer beaucoup plus (20% du total donc jusqu'à 20 millions en liquide semble-t-il),il s’est payé notre tête et cela ne répond en rien à la vraie et seule question que de vrais « journalistes » n’auraient pas manqué de poser.

Afati a roulé des yeux et s'est un peu trémoussé sur sa chaise, manifestement tenté de poser la question, mais le boss, Michel Denisot, toujours prudent, a aussitôt glissé une formule de transition, montrant que la récré était finie et Afati a mis son mouchoir sur sa question qu'il n'était peut-être pas, au fond, si désireux que ça de poser.

Incroyable! Une fois de plus vive la presse française !

lundi 18 octobre 2010

« Chéri, j'ai congelé les gosses ! »

A quand le film puisque nous avons déjà le livre?

On pouvait certes s'attendre à autre chose de la part d'un père de famille, fût-il père d'enfants congelés, qui ne paraissait pas dépourvu d'éducation, et, au-delà, d'intelligence et même de bon sens (Je crois qu'il était plus ou moins ingénieur, ce qui n'est pas toujours une réelle référence.). Or voilà qu'il nous sort un livre sur la congélation des nourrissons, reculant toutefois devant un titre qui aurait pu stimuler les ventes et que je lui suggère pour la prochaine édition « Chéri(e) j'ai congelé les gosses !».

Je ne sais pas dans quelles conditions ce livre a été « produit » (car on ne peut guère parler d’écriture en pareil cas) tout en espérant vaguement qu'on l'a fait pour lui, ce dont je doute toutefois pour l'avoir vu passer sans toujours le regarder fort heureusement, dans de nombreuses émissions radio ou télé où il affichait clairement une vive, quoiqu’étonnante, satisfaction de soi.

Cette publication est évidemment consternante, mais en même temps très significative et elle illustre au fond parfaitement l'état de notre pauvre France, pour ce qui touche aux médias comme à l'édition. Dans un genre un peu différent, mais pas si éloigné somme toute, j'entendais ce matin, sur Europe 1, Fogiel interviewer les jumeaux prognatho-acromégales, les Bogdanov, vous savez ceux qui ont la bosse des sciences dures au menton ! Tout le monde se doute depuis longtemps qu'ils sont des extra-terrestres et des margoulins scientifiques qui se sont introduits, Dieu sait comment (sans doute par un « trou noir ») dans notre galaxie dont ils ont pénétré tous les secrets et plus spécialement dans son univers médiatique où ils semblaient pourtant avoir cessé de sévir. Or, pour ce qui est de l'édition, si le manuel de congélation des nouveaux-nés paraît, sans surprise, ches Michel Lafon, le livre des Bogdanov est publié par Grasset, ce qui a dû faire se retourner dans sa tombe Jean Giraudoux !

Les Bogdanov, qui se disaient « docteurs « depuis vingt ans, ont fini par soutenir, assez récemment, des thèses (l'un en physique, l'autre en mathématiques) que, contre toutes les habitudes en la matière, le CNRS vient de faire expertiser par des commissions spécialisées.

Tout cela est fort étrange et c'est Marianne2.fr qui a découvert et révélé le pot aux roses en publiant des extraits de ces rapports rédigés au vitriol, ce qui est très rare en pareil cas.

Où sont les étrangetés ? me direz-vous. Il n’en manque pas !

Tout d'abord le fait, rarissime, que le CNRS (A quel titre s'il vous plaît ?) se mêle de faire expertiser des thèses dont il n’a que faire, sauf pour des candidats à des postes CNRS? S'il veut le faire pour toutes les thèses qui sont soutenues, il ne manquera pas d'ouvrage. Les conditions quelque peu rocambolesques de soutenances de ces thèses (certains y ont même vu des canulars !) ne justifient pas de telles initiatives de la part du CNRS qui devrait bien s’occuper à fouetter d’autres chats !

Deuxième étrangeté dans le fait que c'est « Marianne2.fr » qui publie les documents en cause. Il semble bien que le but de la manoeuvre soit d'atteindre par là, moins les Bogdanov eux-mêmes (qu’aucun savant ne prend au sérieux ) que Nicolas Sarkozy lui-même dont ils se prétendent les amis ; malgré quelques réticences et devant la lourde insistance de Fogiel, que seul ce détail préoccupait, ils ont fini par en convenir dans l'émission de ce matin 18 octobre 2010.

Cette émission pose une fois de plus le problème de la valeur de l'information et de la compétence de ceux qui la font. La seule vraie question à poser en pareille affaire n'est pas celle des relations des auteurs des thèses avec le président de la République, mais celle des raisons qui ont pu pousser une université française (celle de Dijon en la circonstance) à délivrer le titre de docteur aux auteurs de deux thèses que les experts consultés considèrent, à l'unanimité et sans le moindre ménagement, comme totalement nulles et révélatrices d’immenses ignorances dans les domaines dont elles prétendent traiter.

Certes dans des domaines scientifiques de la nature de celle que les Bogdanov abordaient, aller soutenir à Dijon des thèses qu'on s'attendrait à avoir déposées à Paris-VI ou à Paris-XI, le choix de Dijon a quelque chose de très étrange aussi. Peut-être ont-ils pensé, dans la mesure où leurs thèses étaient rédigées en anglais, que les Bourguignons du coin ignoreraient tout de cette langue, ce qui faciliterait sans doute leurs impostures.

Les Bogdanov s’étant parés du titre de docteurs bien avant d’avoir tenté de soutenir ces thèses et Fogiel le leur rappelant, ils ont eu le front de soutenir, sans trop de risques car Fogiel n’y entend clairement rien, qu’il fallait de 7 à 10 ans pour faire une thèse, alors qu’on doit demander une dérogation à partir de la quatrième année d’inscription

Une autre explication serait que les Bogdanov, en la circonstance, cherchent surtout à créer du buzz pour faire la promotion de leur récent ouvrage " Le visage de Dieu" dont ils prétendent déjà avoir vendu 200.000 exemplaires. Ce genre de ruse est bien connu et je trouve que si le succès éditorial n'est pas au rendez vous et à la hauteur de leurs espérances, ils pourraient essayer de faire un lot avec le livre de Courjault et le leur, et le fourguer sous un titre commun « Chéri j'ai congelé les gosses car ils avaient la gueule de Dieu ». Et le tout pour 10 €.

dimanche 17 octobre 2010

Ignorants ou imbéciles?

Comme je l'avais laissé entendre, j'ai quelque peu délaissé le blog ces derniers temps. À la fois par excès d'occupations mais aussi un peu par lassitude. Ce n'est pourtant pas que manquaient les sujets d'indignation, de colère ou d'amusement.

Ignorants ou imbéciles ? La question se pose, comme toujours pour nos journalistes. Beaucoup semblent avoir perdu leur troisième caractère défintoire qui est la servilité. Ils s’acharnent pour le moment contre le pouvoir, mais ce n’est que la hargne des charognards contre la bête qu’ils jugent affaiblie ou blessée. Peut-être ces « chiens » (comme disait l’autre) redoutent-ils surtout de voir disparaître leur chère niche fiscale (7500 euros par an !).

Ignorants ou serviles ? Les deux sans doute ! La nullité générale de l'information par les médias ne fait que croître et embellir. Une exception cependant que je vous signale. Dans le désert de l'information radiophonique que constituent, en particulier, les matinées des week-ends, toutes vouées, sur toutes nos chaînes, à la bagnole et/ou au jardinage, une oasis d'information précise et intelligente sur BFM radio (tant pis si je me démasque par là comme stipendié du grand capital !). C’est, entre 8:00 et 10:00, une émission qui s'intitule je crois, « Morning week-end » (ou quelque chose comme ça), où débattent de l'actualité politique et sociale du moment des gens qui, sans être des journalistes professionnels, écrivent néanmoins dans des journaux mais sans être de la même farine que les Chazal, Pujadas ou Pernaut.

J'ai lu dans Marianne2.fr un commentaire particulièrement inepte et franchouillard sur l'affaire de la fermeture à Marseille de l'escale de Ryan Air. Je ne sais pas si l'auteur dont j'ai oublié le pseudonyme travaille à Air France mais il est clair que c'est de cette compagnie qu'est partie l'initiative de la mesure en cause et qu’elle devrait en savoir gré à ce blogueur (Un petit voyage à l’oeil ?)

L'astuce de Ryan Air, compagnie irlandaise, est d'avoir une partie de son personnel (autre que celle qui est basée à Marseille même) sous statut irlandais et, par conséquent, sous un régime de taxes et de charges sociales différent de celui la France. Notre blogueur indigné fait allusion dans son texte à la fois aux conditions incertaines ou floues sur le plan de la rémunération et de la sécurité au sein de cette compagnie et au fait que ses salariés, basés en Irlande, au moins sur le plan théorique, ont un régime différent de celui de la France.

Première remarque. La loi européenne (si l'on peut dire) s’impose à la loi française ; on vient de le voir, à nouveau, dans l'affaire d'hommes et la France a été contrainte, dans le passé, des dizaines de fois, de s'aligner sur les dispositions de l'Union Européenne. Ryan Air est donc en parfaite conformité avec la loi européenne et compte d'ailleurs faire appel à la décision française devant la cour de justice européenne, avec toutes les chances de gagner, même si pour traîner Ryan Air devant les tribunaux français on a usé d’un subterfuge juridique.

Deuxième remarque. La mise en cause de la sécurité et du personnel navigant de la compagnie irlandaise semble très discutable, car si les tarifs sont très bas (surtout par réduction de services inutiles et de frais comme de personnels au sol pléthoriques), le personnel navigant semble mieux payé que dans les autres compagnies et tout aussi compétent, les mesures de sécurité étant, par ailleurs, exactement identique.

Troisième et dernière remarque. Coïcidence remarqueble que ne notent ni notre blogueur ni la plupart des journaux, au moment même où l’on fait fermer l’escale Ryan Air de Marseille (un million de passagers par an), Air-France, sous un nom autre que le sien, met en place, dans le même lieu, si opportunément libéré par le départ de Ryan Air, sa propre compagnie low-cost ! Air-France n’en est pas à son coup d’essai et dans deux ou trois ans, cette compagnie (montée à nos frais, directemetn ou non) va mettre la clé sous la porte car elle sera naturellement gérée comme sa maison mère ! Je suggère donc aux deux cents employés provençaus de Ryan Air qui, grâce à Air-France, vont perdre leur emploi d’aller installer des pancartes sur la Canebière, devant les bureaux d’Air-France. Le trottoir y est très large et ils auront même la place pour y dresser leurs tentes.