Connaissez-vous le baron allemand Karl-Theodor Maria Nikolaus Johann Jacob Philipp Franz Joseph Sylvester von und zu Guttenberg ? Dans mon vocabulaire personnel, je l’avais, pour des raisons qui apparaitront dans la suite, nommé Docteur Baron Von Google. J’ai appris depuis, qu’en Allemagne, sa dénomination la plus courante était Baron von Googleberg. Je m’y rangerai donc désormais.
On sait l'importance qu'on attache outre-Rhin au titre de docteur ; cela va au point que son abréviation « Dr. » est souvent liée aux noms propres dans l'état civil lui-même et que les professeurs qui sont docteurs ne manquent pas de le faire savoir par la mention « Professor-Doktor » (Pr.-Dr). Ces habitudes expliquent sans doute le bruit qu’a fait une affaire toute récente dans laquelle on a découvert que ce ministre allemand, possédant, depuis 2007, le titre de docteur de l'université de Bayreuth, avait plus ou moins rédigé sa thèse par le jeu de divers « copier-coller » et d’emprunts à des ouvrages qu’il n’avait pas jugé utile de signaler comme tels. En somme, il avait «pompé » !
La chose n'a rien d'étonnant puisque, désormais, à des niveaux plus modestes de nos grades académiques, il est de plus en plus fréquent de constater que des étudiants de licence ou de master rédigent, plus ou moins, par ce biais, en partie, leurs travaux ou mémoires. Le signe le plus clair pour identifier de tels emprunts tient moins au contenu même des textes qu'ils reproduisent, sans le dire, qu'à l'absence de fautes d'orthographe et de style qui signalent aussitôt aux correcteurs une rédaction autre que celle de l'étudiant.
Il faut toutefois dire un mot des traditions académiques différentes en France et en Allemagne, car on pourrait songer, dans une telle affaire, à mettre en cause les professeurs de l'université de Bayreuth qui figuraient dans le jury du baron-candidat. Notre système de soutenance des thèses (on l'a vu avec l'affaire des thèses des frères Bogdanov) est aussi mauvais que possible. Il l’est à la fois par la distribution généreuse de mentions « très honorable », que ne méritent pas bien des travaux présentés, mais aussi par le mode de composition des jurys où, en général, le directeur de la thèse à soutenir sollicite des collègues, d’avance complaisants, à charge, pour lui, de se montrer également complaisant dans les jurys où il sera lui-même, à son tour, invité par ces mêmes collègues qu'il avait auparavant sollicités. Ces échanges de séné et de rhubarbe académiques sont la pierre angulaire de notre système de thèses.
L'affaire du baron-docteur montre que le système allemand n’est pas forcément meilleur ; il est en tout cas différent et ces différences méritent explication. Il est toutefois impossible de décrire le système allemand pour la bonne raison qu’il n’est pas unique et que chaque université à ses propres règles de soutenance de thèse, alors que le système français est unique et précise que le jury doit toujours être composé selon les mêmes règles avec, en nombre au moins égal, des jurés originaires d'universités autres que celle de la soutenance.
La décentralisation, qui est de règle en Allemagne, fait que chaque université a, par exemple, son propre système de composition des jurys. Pour certaines, dont j'ai eu à connaître, le système fait qu’un seul et même jury va être mis en place, pour toute une année et pour toutes les thèses qui seront soutenues dans une discipline (au sens large). De ce fait, il peut se trouver que, pour un travail donné, le jury ne comporte aucun véritable spécialiste de la question traitée par la thèse. Il est possible qu’un tel cas ait été celui de la thèse de Karl-Theodor von Googleberg, ce qui pourrait expliquer que personne n’ait découvert le pot-aux-roses.
Toujours est-il que l'affaire, devenue politique, puisqu’il s’agissait d’un ministre, a fait grand bruit, au point que l'université de Bayreuth a ouvert une enquête. Elle a fini par retirer son titre de docteur au ministre et ce dernier vient de démissionner le 28 février 2011.
Si l'on peut penser que, chez nous, pour ce qui concerne les thèses de doctorat et les habilitations à diriger des recherches, lorsque les jurys sont composés de façon sérieuse (ce qui est loin d’être le cas comme on l’a vu), ce genre d'affaires ne devrait pas être trop fréquent, les « copier-coller » le sont, en revanche, de plus en plus, pour ce qui concerne les travaux demandés aux étudiants en cours d'étude.
Sans que je sache exactement où en est cette affaire, un problème de plagiat a fait grand bruit dans l'université française et cela d'autant qu'elle concernait une présidente d'université. En effet, la présidente de l’Université du Pacifique a vu un grand nombre de ses collègues faire un relevé de nombre de similitudes entre Des langues et des hommes (qu’elle avait publié en 2000) et l’ouvrage d'Umberto Eco La recherche de la langue parfaite dans la culture européenne, paru en 1993. Certes il ne s’agit pas là d’une thèse, mais force est de constater que cela fait un peu désordre !
mercredi 2 mars 2011
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2 commentaires:
Ayant dirigé 13 théses( pour me relaxer un peu de mes travaux à N programmes toujours minutés pour hier dans le cadre de PIERRELATTE militaire puis de EURODIF) je peux certifier qu en PHYSIQUE EXPERIMENTALE on est dans l obligation de présenter et justifier ses manips .....puis de" théoriser" avec pertinence ses résultats concrets ... Et c 'est là que le bat peut parfois blesser ;;;meme EINSTEIN N EST PAS ENCORE PARTOUT ET DEFINITEMENT EN ODEUR DE SAINTETE!
olivier
Cher Olivier,
Je bats ma coulpe car ce que je disais des thèses françaises valait surtout, et j'aurais dû le dire, pour les sciences humaines et sociales, même si on peut s'interroger par exemple sur les thèses des frères Bogdanov!
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