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lundi 13 juin 2011

De la schizophrénie publicitaire

Les nouvelles publicités pour les organismes de paris qui ont envahi, à toute vitesse et en masse (et on le sait désormais avec le concours, peut-être inconscient, de Mamie Zinzin!), nos médias audiovisuels illustrent, une fois de plus, l’hypocritissime modèle dominant.

On vous presse désormais de toutes parts de venir tenter votre chance sur les paris en ligne , avec les mêmes slogans, alléchants et surtout mensongers qui devraient être totalement interdits (« On parie que vous allez gagner » vous susurre-t-on !), mais on y ajoute aussitôt, mezza voce, que le jeu est dangereux et, en gros, que mieux vaudrait s’en abstenir ! Comment pousser jusqu’à un tel point la malhonnêteté, sinon avec la complicité active d’un Etat, qui se fait, en la circonstance, clairement proxénète ! Notre fameux "Bureau de vérification de la publicité" aurait-il été supprimé?

Certes on ne fait là que reprendre le modèle désormais dominant partout qui tolère ou même, il faut bien le dire, encourage les publicités pour le tabac (tout en précisant que le tabac tue !), pour l’alcool (dont la consommation excessive est dangereuse et dont il faut user "avec modération") ou tous les produits qui engendrent l’obésité, contre laquelle on prétend pourtant lutter et les maladies cardio-vasculaires, qu’on feint par ailleurs de déplorer (tout en vous recommandant de consommer moins de ces graisses et de ce sucre qu’on vous vend et de faire de l’exercice !). Cela dit (mais chut!) ça fait toujours autant de retraites en moins à payer!

Que les producteurs et les marchands de ces produits reconnus funestes veuillent continuer leur coupable industrie et leur commerce funeste, fût-ce au détriment de la santé globale de la population, je le comprends tout à fait. Ce qui est, en revanche, totalement immoral, inadmissible et même totalement stupide tient à la tolérance et même l’encouragement systématiques de cette schizophrénie communicationnelle qu’on trouve désormais partout, c’est le jeu de l’Etat lui même.

Certes par la fiscalité (TVA + impôts sur les sociétés, patentes, etc. ) et par les profits directs (avec les sociétés d’Etat pour le tabac et les jeux, sans parler même des copinages politiques), l’Etat engrange, à très court terme, des ressources directes mais au prix, chacun le sait, dans tous les domaines concernés, de coûts individuels et collectifs, matériels, sanitaires, moraux et sociaux qui sont gigantesques et absolument sans commune mesure avec les bénéfices immédiats qu’il en retire.

Il y a sans doute aussi pour nos politiques des profits moins directs et moins visibles. On n’en prend conscience que quand, pour revenir à l’exemple des autorisations de paris en ligne, on regarde d’un peu près quels sont les promoteurs et, par là même, les grands bénéficiaires de ces opérations ou quand on songe aussi aux immenses profits que tirent de tout cela les officines de publicité et de marketing qui, le moment venus, en période électorale, seront sans doute tout à fait disposées à renvoyer les ascenseurs aux politiques !

Bref, tout vous invite à fumer deux paquets de clopes par jour et à vous saoûler la gueule en vous vautrant toute la journée sur votre canapé pour vous y gaver de charcuterie arrosée de coca-cola, avec des paquets de sucreries à portée de la main tout en pariant à la télé sur un match de foot et le tour de France ou, à défaut, en faisant un petit poker avec Patrick Bruel. Si vous êtes trop fauché, pas de problème ! Les pubs des organismes de prêts sont aussi sur le petit écran et dans toute la presse populaire. mais attention, LE TOUT AVEC MODERATION !

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