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mardi 7 juin 2011

Météo ou grenouille?

Depuis quelques semaines les météorologues (ou apparentés) régnaient en maîtres sur nos écrans de télévision. Ils venaient gravement nous expliquer la sécheresse et les maux qu'elle allait entraîner pendant dans les semaines à venir, sans oser toutefois nous prédire de façon sûre une canicule meurtrière. À la veille du viaduc de l'Ascension, des millions de Français se sont donc rués sur les routes (ce qui était prévu) pour recevoir à leur arrivée sur leur lieu de villégiature des cataractes de pluie ou des tombereaux de grêlons dont nul n’avait entendu parler par nos experts dans les prévisions météorologiques de la période en cause. A peine ici ou là avait-on évoqué la possibilité de quelques orages…

Le plus drôle est qu’avec ce sens aigu de l’opportunité qui caractérise souvent notre administration, Météo France a lancé, ces jours-ci, une campagne de publicité auprès des PME en faveur du recours par elles à ses services. Belle illustration de ses capacités de prévision !

Je suggérerais donc volontiers, dans le cadre de la RGPP (la Révision Générale des Politiques Publiques), de réduire, très sensiblement et au plus vite, les effectifs des services de la météorologie nationale et de revenir au bon vieux temps des grenouilles dont les prédictions d’antan n'étaient, somme toute, pas plus mauvaises.

Les lamentations de nos paysans devant leurs champs grillés par le soleil ou leurs prairies asséchées, dont on nous avait abreuvés des semaines durant, se sont soudain éteintes (mais pas les demandes de subventions !). Il est vrai que la Communauté Européenne, émue par les plaintes paysannes et les meuglements des vaches affamées, a permis, dans sa grandeur bruxelloise, que l'on fauchât, pour nourrir ces animaux, les 700 000 hectares de jachère qu’elle avait imposées. Il est vrai que pareille décision a nécessité, de sa part, de longues réflexions ; nous ne pouvons donc que savoir gré aux technocrates européens de ne pas avoir laissé les vaches crever de faim auprès de champs en jachère qu'elles n'auraient pu goûter qu'au prix de la violation insupportable d'une règlementation européenne.

Voilà que nos braves paysans qui se lamentaient de la sécheresse sont désormais poussés au désespoir par la pluie, les inondations voire la grêle qui a saccagé plantations de melons et vergers ! Je ne parle même pas des zones qui ont été inondées et qui ont reçu sournoisement (Dame Nature avait omis de prévenir nos météorologues patentés) en deux ou trois jours les quantités de pluie qui tombent habituellement en six mois.

Peut-être le modèle météorologique de l'avenir est-il celui qu’a adopté le « Grand Journal » de Denisot sur Canal+, par de savants et progressifs glissements. On y est passé de la classique carte météo du lendemain, présenté par une aguichante potiche, (toutes se sont orientées dans la suite vers le cinéma) a des bulletins météo sans contenu mais qui se veulent facétieux. Y officie actuellement une jeune Québécoise à la bouche en cul de poule dont les bouffonneries laborieuses ne font guère rire que Michel Denisot à qui le regretté Bruno Gaccio (quand il officiait aux Guignols de l’info) faisait toujours énoncer un piteux « Désolé ! », après lui avoir fait raconter une blague parfaitement stupide. J’ignore la nature exacte des services que rend cette jeune Québécoise dans cette émission, mais il faudra la remplacer car il paraît qu’elle est déjà sollicitée par le cinéma français.

Je dois dire que je suis un peu agacé par un tic de langue des bulletins météo ; une formule consacrée s’y s'est répandue avec la vitesse de propagation de la maladie du concombre espagnol ou du colza allemand. Elle consiste à prévoir toute température selon la formule : "Les thermomètres afficheront une température de X. degrés». Or les thermomètres n'affichent rien du tout ; ils se bornent à indiquer la température, sans avoir ni besoin ni la possibilité de l'afficher.

Au risque de passer pour un vieux con (ce qui m’arrive assez fréquemment) et suite à une conversation téléphonique que je viens d’avoir, je soulignerai que, dans beaucoup de cas, une pratique simplement correcte de la langue française facilite beaucoup la communication.

Je me suis ainsi battu, il y a une demi-heure, avec le numéro d’appel téléphonique d'une carte de crédit que je ne citerai pas ; on m’y demandait, pour m’identifier de façon sûre, la date de naissance de ma mère. Soit. Multiples échecs car en donnant cette date, je coupais chaque fois la communication ! En désespoir de cause j'ai fini par me demander si ce que l'on me demandait en fait n'était pas la date de son anniversaire (soit quatre chiffres et non pas huit !). Cette hypothèse s'est révélée bonne et comme j'avais échoué une bonne demi-douzaine de fois dans cette entreprise, j'ai pris la liberté de tenter d'expliquer à mon interlocutrice qu’en français, « date de naissance » n'est pas synonyme de « date d'anniversaire » puisque, dans ce second cas, on ne mentionne pas l'année. Je ne suis pas totalement sûr d'avoir été compris par la « conseillère », mais comme j'avais néanmoins réussi dans mon entreprise, je me suis montré plein de mansuétude, à défaut d'être capable de faire comprendre la différence à quelqu'un qui était fermement résolu à ne rien changer.

Nous voilà bien loin de la météo ! Si les écluses du ciel largement ouvertes ces derniers jours sur toute la France nous épargnent l'impôt sécheresse, nous devons peut-être nous préparer à subir l'impôt pluviosité

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