J’ai parfois abordé, en passant, le problème de l’Islam africain, qui ne semble pas préoccuper le moins du monde nos politiques qui, comme toujours, ne découvriront l’affaire que quand elle leur explosera à la figure.
Je pose ce problème, depuis quinze ans au moins, pour avoir constaté l’évolution des choses en Afrique même, mais aussi aux Comores, où les Emirats ont essayé, depuis longtemps, de prendre pied, en particulier en offrant d’y créer, à leurs frais, une université islamique. Ce projet avait été contré par la création en 2004 d’une université comorienne mixte qui, à ce moment, accueillait 1707 étudiants dont 43% de filles ! Je ne sais pas où en sont les choses aujourd’hui.
L’islamisation radicale ou plus précisément la wahabisation du Sahel est un processus engagé, sournoisement ici, ouvertement là, depuis longtemps. Cela va du paiement des conversions à l’Islam (stratégie un moment chère à Khadafi, à une époque, avec des tarifs spéciaux pour les chefs d’Etat, comme Bongo qui en a bénéficié – un million de $- ou les Premiers ministres -500.000$ ) et du versement de sommes très modestes à des femmes africaines (au Burkina Faso par exemple), qui consentent, pour trois sous, à se voiler complètement, jusqu’au développement d’un enseignement islamique intégriste (avec, à la clé, des bourses pour les universités du Golfe). Ce nouvel enseignement est naturellement, en Afrique, un concurrent redoutable, vu les moyens, quasi-infinis, dont il dispose (argent et bourses), pour une école musulmane traditionnelle qui est quasi sans ressources,.
S’ajoutent à ces stratégies, comme au Tchad et au Niger, des projets d’enseignement prétendument bilingue (français et arabe), dans lesquels, en réalité, la moitié arabe du programme est exclusivement religieuse, l’enseignement général étant donné en français. De tels projets sont soutenus, à coups de milliards de dollars, par la Banque Islamique de Développement, ce qui est normal, mais aussi acceptés, de façon plus inattendue et inconsciente, par l’UNESCO et la Francophonie.
Ce constat m’a conduit, non seulement à tenter d’alerter sur cette situation (quoiqu’elle ne me concerne en rien de façon directe) et aussi, en raison d’une certaine expérience de ces terrains, à proposer des mesures qui pourraient être mises en oeuvre pour contrer de telles stratégies.
Cela m’a amené à des remarques et, au delà, à des suggestions. Elles ont souvent paru étranges aux hiérarques du Quai d’Orsay ou des institutions internationales, quand ils ont eu la rarissime curiosité de prendre connaissance de mes écrits sur ce point.
En effet, tout cela se passe à l’insu bien sûr, ou en tout cas, dans le silence prudent des responsables de la politique française dans ces zones. Ces derniers, en effet, sont comme les petits singes de la sagesse orientale, qui se cachent les yeux, les oreilles et la bouche pour ne rien voir, ne rien entendre et ne rien dire... du moins pendant les trois ou quatre années, confortables et fort rémunératrices, qu’ils passent en fonction diplomatique dans ces Etats.
Pour faire court, l’Afrique a pourtant trois atouts qui pourraient lui permettre de résister, si on en avait le désir. Allons, en bonne réthorique, du moins important au plus important :
1. L’école coranique traditionnelle, la « médersa » (ou les diverses variantes de ce mot, médrasa, etc.), qui perpétue la tradition séculaire d’un Islam africain ouvert et libéral. Paradoxalement, on devrait donc aider les médersas traditionnelles pour leur permettre de résister à la concurrence et à l’influence des riches et nouvelles écoles d’un Islam intégriste conquérant.
2. Les femmes. Elles sont un moyen puissant de résistance par le statut et la place qu’elles tiennent dans les sociétés sahéliennes africaines et qui n’a rien à voir avec ceux des pays de l’Islam moyen-oriental et des sociétés arabes. L’éducation des filles est donc naturellement un enjeu majeur, ce que chacun répète d’ailleurs à satiété, sans que rien ne se passe.
3. La bière. Ce dernier élément est sans doute un peu inattendu, mais c’est aussi le plus fort, car je vois mal comment un Islam même radical pourrait éradiquer des moeurs africaines cette boisson qui constitue, sans le moindre doute, le transfert de technologie européen le plus réussi.
samedi 25 juin 2011
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