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lundi 18 juillet 2011

DGRH au MENJVA

Connaissez-vous Mme Josette Théophile ? Probablement pas ! Je vous vois déjà supposer, à lire un pareil patronyme, qu'il s'agit là d'une de ses ultra-marines qui sont désormais à la mode et qu'on fait défiler, en robes fleuries et en madras, sur les Champs pour le 14 juillet, ce qui aurait dû combler d'aise Gro Eva Joly. Rien de tel pourtant.

À lire la notice du Who's Who qu'elle a elle-même rédigée (comme l'est toujours ce genre de texte), son ascendance n'a pourtant rien d'ultramarin et elle est née à Périgueux. On s'interroge toutefois à cette lecture car, pour la rubrique "profession" Josette Théophile déclare « directeur de société ».

En fait pour ne pas vous maintenir trop longtemps dans l'incertitude et sur le gril de l'angoisse, Mme Josette Théophile est la DGRH du MENJVA. Vous n'êtes guère avancés, protestez-vous déjà, impétueux lecteur et impatiente lectrice. Votre légitime curiosité va être satisfaite, mais j'avoue, à ma courte honte, que, jusqu'à une date récente et aux commentaires qu'ont suscités, dans la presse, les résultats des derniers CAPES et surtout le fait que tous les postes n'aient pas été pourvus, j'ignorais même qu'il y eût un service des ressources humaines au MEN (je n'en connaissais que les DIPER) dont il m'avait aussi échappé qu'il se fût, en toute discrétion, mué en MENJVA.

Je n'ai pas pu trouver quand a été créée cette direction des ressources humaines ; j'avais bien vu pourtant qu'on commençait beaucoup à causer management au MEN, ce qui est un signe qui ne trompe pas, et qu'on pouvait y voir la "patte" du ministre - si j'ose dire. Le fait est relativement récent, à voir les dates des textes sur le sujet et le fait que Mme Josette Théophile n'a été nommée en conseil des ministres que le 30 septembre 2009. Je crois qu'on ne sait toujours pas, au juste, combien de fonctionnaires ou d'agents dépendent de ce ministère, mais, en tout cas désormais, tous sont sous la houlette d'une directrice générale des ressources humaines qui se préoccupe, entre autres, de leur "éthique" et de leur "déontologie".

Il faut dire que Mme Josette Théophile est titulaire d'un doctorat de philosophie (de troisième cycle, il est vrai) et qu'elle est un pur produit du CELSA, créé en 1968 pour donner des débouchés dans le domaine des affaires aux littéraires de Paris-IV. Mme Josette Théophile a donc commencé sa carrière chez Lesieur (c'est sans doute là qu'elle a appris à mettre de l'huile dans les rouages des entreprises) et l'a poursuivie chez Bull (dont l'acharnement thérapeutique de l'État, à de multiples reprises (encore 517 millions d'euros en 2005), a permis la survie dans des conditions et sous des formes que j'ai renoncé à comprendre). Toutefois son titre de gloire principal et son plus long séjour professionnel sont à la RATP où elle a passé 15 ans, qui se sont achevés par un titre national dans la compétition entre les directeurs de ressources humaines.

En tout cas, en arrivant au MENJVA (mais rue Regnault dans le 13ème, et non au 110 dans le septième - fi donc ! -), même si elle devient Directrice GENERALE, tout semble porter à croire qu'elle n'a pas bénéficié d'une "promotion canapé"!

Pour ce qui est de son si admirable et si fructueux séjour à la RATP, à entendre les Parisiens et lors de multiples séjours parisiens, je n'ai jamais eu l'occasion de constater qu'il y eût là un modèle en matière de gestion des relations humaines, en tout cas pour celles qui concernent les clients usagers. Il semble que le principal triomphe de Mme Théophile Josette (son oeuf de Christophe Colomb en quelque sorte) est d'avoir découvert et fait connaître qu'il était préférable que les grèves fussent précédées par des tentatives de négociations entre la direction et les syndicats. C'est là son titre de gloire majeur que l'on désigne, dans son hagiographie, du joli terme d'"alarme sociale". S'il y a désormais des alarmes sociales à la RATP, il n'empêche que s'y multiplient, en tout cas sur les lignes que je suis contraint d'emprunter, les "mouvements sociaux" inopinés qui se déclenchent dès qu'un voyageur regarde de travers un conducteur ou un agent de la RATP.

Je ne veux pas faire ici l'exégèse des propos de Mme Josette Théophile, me bornant à constater, à quelques détours d'un discours technocratique convenu, qu'elle ne semble pas faire la différence entre l'enseignement primaire et secondaire (où il y a des élèves) et l'enseignement universitaire où il est d'usage de parler d'étudiants ("Elèves de licences et de masters" dit-elle en effet). Mais après tout, elle n'est en fonction que depuis deux ans!

Ce qui m'amuse dans cette affaire est la reproduction d'un phénomène que j'ai déjà souvent constaté ; il conduit des responsables à s'entourer de gens qui ont, au fond, le même parcours de carrière qu'eux-mêmes et donc pensent et s'expriment dans les mêmes termes qu'eux. Le ministre actuel Luc Chatel a en effet également fait carrière dans le privé et en particulier, lui aussi, dans les relations humaines, chez l'Oréal (ce qui, tout compte fait, me rappelle quelque chose). Rien d'étonnant donc à ce qu'il ait choisi Josette Théophile qui, au fond, a le même profil et le même discours, jugeant sans doute que sa propre réussite devrait être le signe et la promesse du succès de la nouvelle directrice générale des ressources humaines.

À lire les propos de Mme Josette Théophile je crains qu'elle n'ait encore beaucoup à apprendre moins sur les ressources (humaines ou pas) que sont les enseignants que sur la formation et les activités de ces mêmes personnels.

Reste un point que je n'ai vu précisé nulle part et qui est pourtant essentiel. Dans quelles conditions et sur quelles bases (parlons net... avec quel salaire) Mme Josette Théophile a-t-elle été recrutée dans cet emploi ? J'espère que ce n'est pas avec les 1350 € mensuels qui sont le salaire d'un professeur certifié de base en début de carrière !

2 commentaires:

Marc a dit…

Un DRH de société moyenne/grande, c'est à dire de 1000 employés à plus si affinités touche a minima 10.000€ par mois, hors primes et autres hochets ... J'en ai fréquenté quelques-uns qui gagnaient lieux ...

Martine a dit…

Ah ah ah !!!! Figurez-vous, que, comme vous, je cherchais à quoi correspondait ce mystérieux et nouvel acronyme, (je ne savais même pas que "notre" ministère s'appelait le MENJVA ! depuis quand ? on me cache tout...)et que vous êtes le seul à ma connaissance, sur le réseau planétaire, à donner sa signification, et le patronyme de sa chef, à consonance "ultramarine", comme vous le dites si bien, ce qui m'a fait mourir de rire en cette belle matinée !!!
Merci !
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