Je ne vous apprendrai sans doute pas grand-chose en vous disant que nous vivons désormais sous le règne de la communication. Le pire de la chose, me semble-t-il, est que la communication, du moins telle que nous la vivons, est la fille de la publicité.
Je m'explique. Je ne connais pas fort heureusement les spécialistes de la communication et en particulier les conseillers en communication de notre gouvernement. Toutefois, je constate que, depuis 30 ans, la communication gouvernementale est plus ou moins passée en totalité dans les mains des publicitaires ; l'incarnation historique, désormais un peu passée, de cette mutation est naturellement Jacques Séguéla.
Les publicitaires ont cette particularité qu'ils se croient, tous, plus malins que tout le monde, surtout une fois qu'ils se sont bourrés le pif, ce qui semble être leur état permanent. Dès lors, ils s'imaginent tous que toutes leurs pauvres idées sont géniales et qu'ils vont tromper la terre entière. On le constate, tous les jours, dans les programmes publicitaires, de plus en plus ineptes, que nous infligent, en permanence, les radios et les télévisions. En fait, leurs ficelles sont des cordes et leurs gros sabots font trop de bruit pour qu'ils puissent passer inaperçus, même quand ils avancent sur la pointe de leurs grands pieds.
Un exemple d'actualité avec « la règle d'or » qui est la dernière combine dont ils essayent d'user dans le contexte difficile de l'élection de 2012.
Comme d'hab., les choses marchent d'autant mieux que nos journalistes audiovisuels surtout sont, comme toujours, totalement serviles et qu'on peut envoyer devant les micros et les caméras, les ministres, même les moins habiles, affronter des interlocuteurs qui, pour la plupart, ne sont pas très vindicatifs, c'est le moins qu'on puisse dire. Ainsi ce matin étaient en mission de communication, Valérie Pécresse sur France Info et Jean Leonetti sur RMC. Pas la peine d'aller ailleurs, les instructions de communication et l'argumentaire sont les mêmes pour tous.
Il s'agissait, en apparence du moins, de vendre "la règle d'or" que le Parti Socialiste semble vouloir de pas voter, ce qui correspond tout à fait, me semble-t-il, au plan de com'. et à la stratégie du gouvernement.
Il ne vous a pas échappé (comment pourrait-il en être autrement!) que ladite "règle d'or" consisterait à « graver dans le marbre » de la Constitution l'obligation de ne pas dépasser 3 % dans les impasses budgétaires (sur la note de service pour les ministres est clairement mentionnée l'obligation d'user de cette métaphore ; pour les multiples références au Président de la république, pas besoin de préciser leur nombre, le concours interministériel est ouvert).
Je n'ai entendu aucun journaliste rappeler aux porte-parole du gouvernement (officiel ou autre) que cette "règle d'or" s'imposait déjà à tous les Etats de l'Union européenne depuis le 7 février 1992, date du traité de Maastricht, et que nul ne l'avait pourtant respectée... sauf le Luxembourg et la Finlande.
Il est vrai que nos journalistes sont en seulement serviles mais également et surtout ignorants. Ne l'auraient-ils pas été qu'ils auraient pu ajouter que, depuis près de 20 ans, chacun sait que tous les différents gouvernements successifs ont maquillé les comptes nationaux pour masquer les déficits budgétaires, ou du moins les réduire, même s’ils l'ont fait de façon plus discrète et habile que les Grecs dont les impasses budgétaires étaient des boulevards qu'on pouvait difficilement dissimuler au regard, même avec l'aide, très onéreuse, de Goldman-Sachs.
En réalité, tout donne à penser que cette proposition de "règle d'or" dans le contexte électoral actuel est une illustration d'un nouveau principe de gouvernement qui est le "perdant gagnant". En effet dans la mesure où Nicolas Sarkozy semble espérer être réélu (et le seul qui pourrait l'en empêcher est Jean-Louis Borloo qui sans doute n'ira pas, volens nolens, au bout de ses rodomontades électorales), il n'a pas intérêt à s'imposer à lui-même, dans son prochain quinquennat, une "règle d'or" dont il sait bien qu'il ne pourra pas la respecter.
Le but est donc clair. Il s'agit de proposer l'inscription dans la Constitution de cette fameuse "règle d'or", en sachant très bien qu'il ne réunira pas la majorité des trois-cinquièmes du Congrès qui seule permettrait de faire passer un tel texte. La cerise sur le gâteau est, comble de l'hypocrisie du "perdant gagnant", l'astuce d'écrire, personnellement, à chaque membre du Congrès ; ça ne coûte que le prix du timbre et seule compte l'ostentation du geste dont on sait et dont on espère fermement qu'il sera vain.
Le principe du "perdant gagnant" est donc très clair et très évident ; en perdant volontairement et avec préméditation, la bataille de la modification constitutionnelle, Nicolas Sarlozy se donne le beau rôle de celui qui a tout fait pour mettre de l'ordre dans nos finances, ce que le parti socialiste l'a empêché de faire ; s'il est élu, comme il l'espère, il pourra donc, cinq ans durant, faire danser l'anse du panier tout à sa guise, en chantonnant, comme l'autre, "après moi le déluge"!
Bravo l'artiste !
Cela dit, si le PS avait deux sous de jugeote et de bon sens, il se précipiterait à Versailles pour voter, comme un seul homme, la "règle d'or". Tel serait alors pris qui croyait prendre.
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