Il n'est bruit, depuis ce matin, que de la possible décision du procureur de New York de laver DSK de tous les chefs d'inculpation dont on le pensait menacé, récemment encore. Quel que soit le jugement qu'on porte sur la justice américaine, elle apparaît, de toute façon et dans tous les cas, bien inconséquente.
Comme beaucoup, j'avais apprécié chez elle, au départ, le fait qu'elle traitait, peut-être même de façon trop ostentatoire, le directeur général du FMI comme n'importe quel délinquant de base, ce que confirment les quelques scènes d'arrestation auxquelles j'ai pu assister parfois aux États-Unis. Elles sont toujours d'une extrême rudesse pour ne pas dire brutalité, en tout cas si on les compare à des arrestations du même genre opérées en France.
Les choses avaient continué, un moment, dans le même esprit d'une justice qui ne serait pas plus indulgente pour les grands que pour les petits, avec l'exigence d'une énorme caution en rapport avec les moyens du prévenu, et qui faisait suite à une brève mais rude incarcération.
Toutefois, le point sur lequel toute l'affaire a connu une mutation soudaine et totale, et par là même suspecte, tient au personnage de la victime "présumée", Mme Diallo. Les premières investigations menées, durant près d'un mois, avec des moyens de toute évidence considérables, par le procureur comme par les avocats de DSK, lui ont reconnu une image irréprochable, celle d'une femme élevant, à grand-peine, sa fille grâce à deux emplois tenus simultanément et fréquentant assidûment la mosquée de son quartier. Les enquêtes menées, et sans doute à grands frais, jusqu'en Guinée, ont tout à fait confirmé cette image quasiment pieuse.
Tout a changé soudain sans qu'on comprenne trop pourquoi ; Mme Diallo, qui peinait à joindre les deux bouts avec ses deux emplois de bonniche, s'est trouvée titulaire de 100 000 $ déposés sur différents comptes dans différentes villes (notons au passage que la moitié des Guinéens se nomment Diallo!); on a découvert aussi tout à coup qu'elle avait une demi-douzaine d'abonnements téléphoniques sans qu'on sache trop pourquoi et alors que rien n'est plus simple que de souscrire à un nom quelconque (Diallo ou un autre) un abonnement de portable. Elle est apparue soudain au centre d'un trafic de drogue (d'où les 100.000$ en banque).
On s'est rendu compte, également et surtout, qu'elle aurait menti lors de sa demande de droit d'asile, en prétendant avoir été l'objet de violences physiques en Guinée (dont un viol), dont elle n'a jamais parlé dans la suite (on se demande pourquoi elle l'aurait fait ) ; elle avait également fait état d'un second enfant pour bénéficier d'allocations sociales ; je ne sais pas si ce second enfant existe, mais la conception de la famille en Afrique n'est pas la nôtre et on y recueille souvent des enfants qui ne sont pas les siens, surtout en pareil contexte. Notons, en outre, qu'une femme qui a 100.000$ en banque ne devrait pas trop de préoccuper de se faire attribuer indûment une maigre allocation sociale!
La cerise sur le gâteau a été placé avec les accusations de prostitution, aussi bien dans le cadre du Sofitel, où elle était employée, que dans celui de l'hôtel où on l'a contrainte à trouver refuge pour la mettre à l'abri de possibles pressions. Une rapide Madame Diallo et une rusée car elle y était assurément très surveillée
Il est naturellement tout à fait impossible de démêler le vrai du faux dans toutes ces rumeurs, mais il est toutefois raisonnable de faire deux ou trois observations sur ce fatras de calomnies et/ou de vérités.
Mme Diallo, comme tous les demandeurs d'asile, a dû justifier une telle démarche par les violences physiques ou politiques qu'elle aurait subies dans son pays. Tout le monde le sait et la preuve de tels faits est en général très difficile à apporter, ce qui conduit à se référer à la situation globale du pays d'où les migrants sont originaires et à leurs déclarations. Nul, sinon Mme Diallo elle-même, ne sait si elle a été vraiment violée dans son pays ; on ne voit pas, en outre, la moindre raison pour elle de faire allusion à ce viol durant l'instruction de l'affaire DSK. Quant aux déclarations qu'on lit partout sur la gravité d'un mensonge sous serment dans la démocratie américaine, comment ne pas se souvenir qu'un tel mensonge peut-être jugé de façon extrêmement différente, selon qu'on est une immigrante guinéenne où un président des États-Unis en exercice (ce second mensonge étant pourtant infiniment plus grave que le premier).
Ce qui était prévisible et que l'on peut aisément constater depuis une quinzaine de jours est que ce changement de l'image de Mme Diallo est très opportun et bien commode pour tout le monde, sauf naturellement pour Mme Diallo. Dans l'hypothèse où il serait vrai qu'elle était mariée avec un malandrin incarcéré pour trafic de drogue, il est peu vraisemblable que celui-ci, pour la simple défense de son business, n'ait pas mis en garde son épouse contre d'éventuelles conversations téléphoniques, tout prisonnier sachant parfaitement que les conversations avec les condamnés durant leur incarcération sont naturellement surveillées et enregistrés.
Pour ce qui me concerne j'ai toujours pensé et je l'ai écrit dès le début que toute cette affaire finirait en eau de boudin, quel que soit le prix à payer, les moyens de DSK et de Madame leur permettant aisément d'acheter tout le monde, aussi bien des témoins que les membres du jury et éventuellement même les uns et les autres. Le procureur s'est sans doute rendu compte que l'affaire était moins intéressante pour sa carrière qu'il ne l'avait estimé au départ, un peu paniqué par sa réélection ; la mise en cause du témoignage de Mme Diallo lui permet donc aisément de trouver une sortie honorable. Pour DSK lui-même, les frais ne sont pas considérables eu égard à la fortune et à la complaisance de sa femme, même s'il a dû distribuer quelque mallettes de billets de 100 $ à droite et à gauche dans la phase de l'instruction que nous connaissons actuellement. La seule chose qu'on peut espérer est que cette pauvre Madame Diallo, sainte et/ou pute, ne soit pas le seul dindon de la farce et gagne quelques centaines de milliers de dollars (ou plus si affinités) dans cette affaire.
Au fond, contrairement à ce qu'on aurait pu penser, la seule véritable perdante dans tout cela sera la justice américaine. Tout compte fait, elle se révèle égale à celle qu'on pouvait penser d'elle suite à des affaires comme celles d'O.J. Simpson ou de Michael Jackson, c'est-à-dire une justice qui est à l'image de la société elle-même donc totalement asservie au service de l'argent.
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