Messages les plus consultés

mardi 19 juillet 2011

En revenant de la revue..



"Je suis l'chef d'une joyeuse famille,
Depuis longtemps j'avais fait l'projet
D'emmener ma femme, ma soeur, ma fille
Voir la revue du quatorze juillet.
Après avoir cassé la croûte,
En choeur nous nous sommes mis en route
Les femmes avaient pris le devant,
Moi j'donnais le bras à belle-maman.
Chacun devait emporter
De quoi pouvoir boulotter,
D'abord moi je portais les pruneaux,
Ma femme portait deux jambonneaux,
Ma belle-mère comme fricot,
Avait une tête de veau,
Ma fille son chocolat,
Et ma soeur deux oeufs sur le plat."

La célèbre chanson de Paulus ( 1886, et, comme on le verra, la date a son importance) illustre plus notre patrimoine culinaire, désormais reconnu par l'UNESCO, que notre goût prétendument atavique pour les défilés militaires. Le refrain prouve d'ailleurs que le lieu même de notre revue, que d'aucuns voient se perdre dans la nuit des temps, date de moins d'un siècle :

" Gais et contents, nous marchions triomphants,
En allant à Longchamp, le coeur à l'aise,
Sans hésiter, car nous allions fêter,
Voir et complimenter l'armée française"

Il est vrai qu'on pourrait facilement et à peu de frais actualiser le refrain :" En allant sur les Champs...".

Quoiqu'elle ne descende pas de son drakkar, Gro Eva Joly comme la plupart des commentateurs, ignore l'histoire de France, ce qui, malice du destin, la prive de son argument le plus solide. A défaut d'avoir été "citoyen" (car à cette époque on parlait encore français), le premier défilé du 14 juillet célébrant la prise de la Bastille était en tout cas "populaire" ("civil" donc) et non militaire, ne le devenant que sous le Directoire avant de disparaître sous l'Empire.

Ce n'est qu'en 1880 que le 14 juillet devient fête nationale, un défilé militaire y étant peu après associé. La date n'est pas indifférente bien entendu (la défaite de 1870 est passée par là et on ne rêve que d'Alsace et de Lorraine!). Dès lors le défilé du 14 juillet a lieu dans le cadre champêtre de l'hippodrome de Longchamp et comme le souligne la chanson, on en profite pour pique-niquer au grand air.

"Je grimpe sur un marronnier en fleur,
Et ma femme sur le dos d'un facteur
Ma soeur qu'aime les pompiers
Acclame ces fiers troupiers,
Ma tendre épouse bat des mains
Quand défilent les saint-cyriens,
Ma belle-mère pousse des cris,
En reluquant les spahis,
Moi, je faisais qu'admirer
Notre brave général Boulanger."

Le vers final montre que l'exploitation politique du défilé n'est pas non plus très nouvelle! Passons, le premier défilé sur les Champs n'aura lieu qu'en 1919 avec en tête du cortège, caracolant à cheval, les vainqueurs de la Grande Guerre, Foch, Joffre et...Pétain. Ces brillants généraux passent alors SOUS l'Arc de Triomphe où (et c'est tout un symbole), le soldat inconnu, qui n'est pas encore là, n'y sera fort heureusement enterré que deux ans plus tard!

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Il me semble bien que la fête nationale a été fixe au 14 juillet non pour commémorer la prise de la Bastille mais pour l'anniversaire de la fête de la Fédération du 14 juillet 1790, fête de l'unité nationale retrouvée.

Anonyme a dit…

Cher Anonyme
Exact mais la date de l'une a été fixée en commémoration de l'autre. alors...
Usbek