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jeudi 21 juillet 2011

Au loup !



Le retour des loups désole les éleveurs et réjouit les écologistes, même si Gro Eva Joly ne s'est pas fait entendre sur la question, préférant diriger ses traits sur le défilé militaire du 14 juillet. Sans doute était-elle secrètement satisfaite mais moins toutefois qu'une corporation qui non seulement est oubliée mais dont l'existence même est probablement ignorée de beaucoup. Je ne mettrai pas ici au concours (avec pour premier prix la traditionnelle tringle à rideaux chère à Coluche) la réponse à cette énigme. Cher lecteur, chère lectrice, donnez-vous votre langue au chat, à défaut de la donner au loup (c'est tout de même moins dangereux!) ?

Ce sont les lieutenants de louveterie! Ne levez-pas un sourcil dubitatif qui ne m'a pas échappé. Je le tiens, ce matin même, de la bouche du ministre compétent Madame NKM. Elle nous appris, en effet, et c'était sur RMC le scoop du jour (avec le remplaçant de Bourdin qui, entre nous, est bien meilleur que le titulaire, sans espoir toutefois de lui succéder puisque ce dernier, par prudence, a donné son nom à l'émission elle-même). Les méchants loups, si leur condamnation à mort est prononcée (et ce ne sera pas simple, quels que soient leurs ravages), ne pourront être abattus que par les gardes-chasse ou, mieux encore, par les "lieutenants de louveterie"!

Voilà qui devrait ravir Gro Eva Joly!

Comme notre école, la louveterie a été créée, chez nous,en 804, par Charlemagne avec ses "luparii" ; le terme de "louvetier" n'apparaît que bien plus tard (1308) et les louvetiers peuvent alors percevoir un impôt dans les lieux qu'ils débarrassent d'un loup! La fonction sera supprimée, par souci d'économie, peu avant la révolution. Le service sera rétabli par Napoléon et, comme bien d'autres institutions, nous l'avons toujours, quoique les loups aient disparu en France vers 1930 alors qu'un siècle auparavant on en tuait chaque année des milliers!

En 1992, des loups, protégés désormais par la convention de Berne, ont réapparu, dans le parc du Mercantour, venant d'Italie par la montagne. Fort heureusement, le corps des lieutenants de louveterie, lui, existe toujours, même si ses missions ont été modifiées en 1971 par le législateur français "dans sa grande sagesse". Faute de loups, les lieutenants de louveterie (le titre lui n'a pas changé!) sont aujourd’hui chargés des "battues administratives par arrêté préfectoral et des battues municipales", de la "police de la chasse" et de "missions spéciales : reprise de daim" (????)"

Ouf, on respire! Au cas où vous aspireriez à entrer dans ce noble corps, quelques détails :
"Les lieutenants de louveterie sont des agents de l'État bénévoles assermentés, nommés par le préfet sur proposition du Directeur départemental de l'agriculture et de la forêt et sur avis du président de la Fédération départementale des chasseurs pour une durée de cinq années renouvelable.
Ils doivent être de nationalité française et jouir de leurs droits civiques, être âgés de 75 ans au plus, avoir un permis de chasse depuis au moins cinq ans, posséder la compétence cynégétique nécessaire pour remplir correctement leurs fonctions, résider dans le département où ils sont nommés (ou un canton limitrophe), ne pas avoir fait l'objet de condamnation pénale en matière de chasse, de pêche et de protection de la nature".

Dans l'exercice de leurs fonctions, les louvetiers doivent être porteurs d'un insigne (voir ci-dessus) représentant "une tête de loup dorée avec en exergue une courroie de chasse émaillée bleue portant l'inscription « lieutenant de louveterie » en doré". Ils s'engagent par écrit à entretenir, à leurs frais, soit un minimum de quatre chiens courants réservés exclusivement à la chasse du sanglier ou du renard soit au moins deux "chiens de déterrage".

Mesdames, ne soyez pas désespérées, la fonction vous est ouverte et en 2005, il y avait douze femmes lieutenants de louveterie en France.

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