En Haïti, depuis deux mois, Michel Martelly ("Sweet Micky" ou encore, en créole, "Tet kale") le nouveau président brillamment élu (deux tiers des votants!), n'a toujours pas pu se doter d'un Premier Ministre et donc d'un gouvernement. Les affaires courantes sont réglées par l'ancien Premier Ministre Jean-Max Bellerive démissionnaire. La chose n'a rien d'étonnant puisque le nouveau président ne dispose, au sein de l'Assemblée que constitue la centaine de députés et de sénateurs qui doivent approuver le choix d'un nouveau chef de gouvernement, que de trois partisans avérés!
Ce jeudi encore, le chef de l'Etat n'était pas parvenu à une entente avec le groupe des 16 sénateurs qui s'opposent à la désignation de Bernard Gousse, le second candidat proposé par Michel Martelly, le premier n'ayant même pas pu entamer le parcours du combattant qu'on va voir. La veille du dépôt des pièces de B. Gousse, les deux parties ont encore passé sept heures (comme Merkel et Sarkozy à Berlin! Fatalitas!) à discuter en vue d'une solution à la crise.
Le processus de ratification du choix de Bernard Gousse est toutefois enclenché mais il faut dire qu'il n'est pas simple.
B. Gousse, ancien ministre de la Justice, a soumis à la commission compétente "son acte de naissance et ceux de sa mère, de son père, de sa grand-mère, et de son grand-père", ainsi que "son certificat de nationalité, quatre passeports haïtiens, son matricule fiscal, sa carte d'identification nationale, un certificat de la police judiciaire, une attestation de résidence, un certificat de décharge". "Entre autres..." ajoute l'article qui rend compte de la chose, ce qui donne à penser que ces quatorze pièces ne seront sans doute pas suffisantes!
"Mais c'est pas tout! Mais c'est pas tout!" comme chantait Bourvil dans la "Tactique du gendarme".
Il faut en effet que ces pièces soient authentifiées "au plan technique" par une commission spéciale de neuf membres qui, pour gagner du temps, travaillera en sous-commissions a précisé le sénateur Jean William Jeanty. Toutefois, dans la mesure où cinq des neuf membres de Commission spéciale font clairement partie du groupe des seize sénateurs anti-Gousse et y détiennent donc la majorité, on peut craindre qu'elle ne soit pas très favorable au candidat proposé comme le donnent à penser certains propos de ce même sénateur : « Un certain nombre de pièces a été déposé en fonction de l'article 157 de la Constitution. Nous allons les analyser. Si nous avons besoin d'autres, nous allons les lui demander. On ne peut pas dire d'avance que les documents sont complets... ». Tout cela prend du temps car il faut vérifier l'authenticité de chaque document auprès de chacune des institutions qui les a délivrés. Normal, après tout, Monsieur Gousse est un ancien ministre de la justice !
La candidature de B. Gousse, même acceptée par la commission spéciale, aura toutefois à affronter alors le vote de l'Assemblée dont tout donne à penser qu'il sera négatif.
La démocratie, poussée à ce point, n'a sans doute pas que de bons côtés, surtout face aux urgences de la situation actuelle d'Haïti!
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