Nous voilà pourvus, pour la prochaine présidentielle et contre toute attente, d'une candidate « à sauts et gambades » comme disait Montaigne. Mon "contre toute attente" fait allusion d'abord à la victoire, contre toutes les prédictions et les sondages, face à Nicolas Hulot qu'elle a mis en vacances beaucoup plus vite que ne le pensaient les sondages et les augures qui, après coup, nous ont comme toujours expliqué que, sans toutefois le dire, ils avaient bien prévu la chose. Air connu !
Je pense aussi et plutôt à la déclaration inattendue et même insolite, sur le défilé du 14 juillet et la proposition de suppression de la revue militaire au bénéfice d'un défilé « citoyen ». De la part d'une non-francophone native, je ne reviens pas sur l'horreur que m'inspire cet emploi adjectival, impropre et inutile, du beau substantif "citoyen" ; il s'est malheureusement répandu à la vitesse qui est celle de toutes les impropriétés que nos ignorants de journalistes et d'hommes politiques mettent à la mode via les médias qui seront le tombeau de notre langue. Je ne sais pas, en outre, ce que pourrait être un défilé « citoyen», car cette formule donne à penser que nos militaires et nos pompiers ne sont pas eux-mêmes, des citoyens ! "Civil" serait donc, chère Madame, infiniment préférable en la circonstance, si je comprends bien votre intention.
En tout cas, volontairement ou non, Mme Joly a non seulement réussi à faire parler d'elle mais elle a créé contre son propos et sa personne une unanimité rare ; il a fallu l'insigne maladresse de notre Premier Ministre pour la faire cesser en permettant de le taxer de racisme anti-norvégien.
Cette circonstance m'a toutefois conduit à étudier dans Wikipédia la vie et la carrière de Mme Joly que je ne connaissais guère ; j'avoue y avoir trouvé non seulement des circonstances pittoresques mais quelques explications du personnage qu'elle se donne.
Je trouvais étrange ses lunettes rouges mais je n'en suis plus étonné maintenant que je sais que la lignée de ses ancêtres maternels était producteurs de framboise. Voilà qui explique aisément le choix, singulier mais assurément atavique, de la couleur de ses lunettes.
On peut aussi s'interroger aussi sur son rapport, semble-t-il, un peu étrange avec l'armée qu'elle entend désormais exclure des Champs-Élysées. La chose tient sans doute à ce que son père a été, durant sa vie, employé comme tailleur dans une usine de fabrication d'uniformes ce qui explique une forme de haine ancestrale pour la vêture militaire. Mais, comme souvent la haine et l'attirance font assez bon ménage, s'explique ainsi qu'en 1996, Eva ait été auditrice à l'Institut des hautes études de défense nationale ! Y aurait-elle été harcelée par quelques galonnés libidineux? Cet ultime fréquentation des militaires l'aurait alors confortée dans sa rancoeur.
Il est plus étrange d'apprendre, de sa bouche même semble-t-il, qu'à 18 ans, elle s'est présentée au concours de Miss Norvège et qu'elle y a fini troisième, ce qui n'est pas si mal après tout pour une demoiselle qui se prénomme "Gro" !
La vie et sa carrière en France sont aussi, pour le moins, « à sauts et gambades » (Mon logiciel Dragon qui a repéré le mot "norvégien" me suggère dès lors "saumon" en lieu et place de "sauts"). Gro Eva, fut ainsi et tour à tour, fille au pair (elle épousera le fils de la maison!), dactylo, couturière, décoratrice d'intérieur, elle a fini par trouver sa voie en se lançant dans des études de droit (j'ai omis dans son curriculum vitae, la pièce la plus singulière puisqu'elle fut un moment secrétaire d'Eddy Barclay, sans aller toutefois comme d'autres jusqu'à l'épouser !).
Devenue magistrate, elle s'illustrera surtout par ses interventions dans des affaires médiatiques (Bernard Tapie, affaire Elf, frégates de Taïwan et affaire Dumas-Deviers-Joncours, etc.) ; en plus, et elle s'en flatte, elle mettra à son tableau de chasse des pièces aussi illustres que Loïc Le Floch-Prigent, Roland Dumas et même DSK. Ce dernier lui vaudra, même, bien plus tard, le prix du club de l'humour de la presse politique pour sa formule : "DSK je le connais bien. Je l'ai mis en examen!"
Elle répond volontiers aux mises en doute de sa francité par le fait qu'elle est en France depuis 50 ans, ce qui est exact puisqu'elle y est venue à 18 ans (après le concours de Miss Norvège), sans toujours préciser qu'elle a tout de même quitté la France, pour quelques années, en 2001 après le suicide de son mari.
Si bien des aspects de la vie d'Eva Joly sont assez inattendus, on ne peut guère mettre en doute l'indépendance et la force de son caractère, même si on ne manque pas de souligner perfidement, ici ou là, qu'elle ne s'est retrouvée à la tête des Verts que parce que François Bayrou ne lui a pas laissé au MoDem la place qu'elle jugeait bon d'y revendiquer. Volià qui rappelle l'histoire de Fabius qui finit rue de Solférino faute d'avoir été reçu rue de Lille!
Les choses ne seront sans doute guère plus simples chez les Verts et on pourrait sans doute, d'ores et déjà, lui conseiller de faire sien le mot célèbre de Voltaire: « Mon Dieu, gardez-moi de mes amis, mes ennemis je m'en charge!" ».
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