La plupart des séances d'audition du Bourbon Comedy Club, parfois nommé Commission Cahuzac, étaient réjouissantes par le ridicule des situations et des propos. On s'achemine sans doute vers un épilogue simplement grotesque, tout finissant en queue de poisson et le vainqueur étant sans doute Cahuzac lui même, fort des dossiers photocopiés à Bercy !
Pourtant, lors de la dernière audition de Jérôme Cahuzac et compte tenu de ses propres contradictions et de celles présentait sa version de la "réunion du 16 janvier 2013 avec celle qu'avait exposée Pierre Moscovici, on s'acheminait vers une ultime audition qui, en confrontant l'un et l'autre, ferait sans doute apparaître la vérité. La version amnésique de Jérôme Cahuzac était d'autant plus insoutenable, ne serait-ce qu'au plan psychologique, qu'il avait dû reconnaître sa visite, aussi insolite qu'inopportune, à Bruno Bézard, à Bercy. Il y avait donc toute chance que la confrontation avec Moscovici, en mettant en évidence les mensonges de Cahuzac (devant la commission, donc sous serment) ouvre un nouveau volet dans cette affaire pour faux témoignage.
Plusieurs intervenants avaient d'ailleurs suggéré la nécessité de cette confrontation et le nul ne semblait s'y opposer. Le rapporteur, le PS André Claeys avait laissé entendre qu'il ferait des "propositions" (et probablement dans ce sens croyait-on comprendre) pour faire apparaître la vérité. Sauf oubli ou omission de ma part, il n'a pas été question de faire venir Jean-Marc Ayrault devant la commission, ce qui simplifiait beaucoup les choses, puisque Pierre Moscovici avait déjà été entendu par elle.
Par ailleurs, son témoignage était inutile puisque Jean-Marc Ayrault avait déjà fait savoir publiquement que Pierre Moscovici disait la vérité à propos de cette réunion informelle qui s'était tenue le 16 janvier en marge du conseil des ministres.
On s'attendait donc à une solution de ce type. Coup de théâtre le lendemain, lors de la nouvelle réunion de la commission sur ces questions, avec seulement 18 membres présents sur les 40 qu'elle comporte (courageux mais pas téméraires !). La commission par dix voix (socialistes sans doute) contre huit ( UMP ?) refuse l'audition de Jean-Marc Ayrault, dont il n'avait absolument pas été question dans la seconde audition de Jérôme Cahuzac.
Il était évident, depuis le début, que la plupart des membres UMP cherchaient, assez stupidement d'ailleurs, à attirer l'affaire sur le terrain politique général et que, au fond, la question de Jérôme Cahuzac, assez claire, était à leurs yeux très secondaire ; la seule chose qui avait pu préoccuper les moins sots d'entre eux étant la morgue irritante de l'ancien ministre.
Christian Jacob, président du groupe UMP à l'assemblée, en tire la conclusion que si le Premier Ministre ne vient pas devant la Commission « ça veut dire qu'il a quelque chose à cacher et on est sans doute encore sur un autre scandale derrière cette affaire Cahuzac". Cette réflexion est évidemment stupide mais la question n'est pas là.
On est simplement en présence de l'habituelle sottise de beaucoup de nos hommes politiques. Je vais donc les éclairer et leur donner quelques conseils, gratuits comme toujours, quoique, depuis l'audition de Monsieur Stéphane Fouks et de la révélation plus ancienne de quelques salaires de conseillers dans d'autres circonstances, on sache que le tarif mensuel du conseilleur politique est au minimum de 12.000 € par mois. Je ferai donc faire de considérables économies (je ne sais pas trop à qui d'ailleurs) en leur faisant quelques suggestions de bien meilleur aloi que leurs pitoyables "éléments de langage" (expression d'ailleurs incorrecte et dépourvue de sens !).
Rien pour Monsieur Jacob qui ferait mieux de retourner à ses labours. Je crois que l'attitude des socialistes comme celle de l'UMP est stupide et ne fait que le jeu des extrêmes c'est-à-dire de Mélenchon et de Marine Le Pen comme d'habitude. Laissons donc ce truisme.
Pour l'affaire Cahuzac; il n'avait jamais été question de faire venir Jean-Marc Ayrault mais Pierre Moscovici ; il fallait s'en tenir là, ce qui était la seule solution à la fois rationnelle, efficace et surtout définitive.
Vu la panique de Claeys en fin de séance, je suppose que les membres du PS (le courageux Désir en tête) ont sauté sur la sotte proposition UMP de convoquer Jean-Marc Ayrault (rien de pire que les imbéciles qui se croient géniaux) pour ne pas reconvoquer Moscovici et se donner la possibilité de refuser la venue d'Ayrault.
S'il se montre un peu astucieux en la circonstance, le seul bénéficiaire de toutes ces sottises comme du retrait de la commission des parlementaires UMP devrait être Jean-Marc Ayrault lui-même, s'il se montre assez habile.
Il doit, de sa propre initiative et à frans son de trompes, DEMANDER à être entendu par la Commission. Résultat des courses ?
Les membres UMP seront bien obligés d'y revenir, penauds, la queue comme l'oreille basses.
Le témoignage de Moscovici, qui prouve le mensonge de Jérôme Cahuzac (sous serment devant la commission) devient inutile car il sera avéré par un nouveau témoignage ; le parjure pourra alors être traduit en justice pour ses mensonges.
Enfin et c'est le plus intéressant pour lui, Jean-Marc Ayrault, qu'on présente toujours comme un mollasson, sans énergie ni idée, apparaîtra soudain comme le grand triomphateur dans cette affaire par son courage, sa volonté d'en finir et de faire se manifester enfin la vérité.
Bravo Jean-Marc Ayrault et qu'est-ce qu'on dit au Monsieur ?
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