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jeudi 11 juillet 2013

Françafrique ou AfroFrance

À lire Mediapart du 10 juillet 2013, après le jugement dans l'affaire Mediapart-Bettencourt, qui a soulevé une indignation, nationale et internationale, aussi légitime qu'unanime, on est tenté de conclure que, si la Françafrique est finie, comme on nous le répète, nous sommes désormais dans l'Afro France, car notre pays va, dans le domaine des affaires, au-delà même de ce que l'on peut observer dans les républiques bananières et les dictatures du Sud.

Deux articles en particulier m'ont amené à introduire ce concept d'Afro France qui me paraît convenable pour décrire la situation de notre pays.

C'est, d'une part, celui de Laurent Mauduit qui nous a fait un compte rendu de "Ce qu'a dit Bernard Tapie pendant sa garde à vue", à croire qu'il s'était changé en souris pour la circonstance (je parle de LM et non de BT en dépit du peu de mémoire du second). Ce qu'a dit Bernard Tapie est à lire dans cet article, toutefois ces propos sont infiniment moins importants que ce que Tapie n'a pas dit !

En effet, à toutes les questions importantes qui lui étaient posées, Nanard avait perdu jusqu'au moindre souvenir des faits sur lesquels on l'interrogeait, des rencontres qui avaient eu lieu, des réunions auxquelles il avait participé comme des déjeuners ou des dîners de travail qui l'avaient amené à rencontrer les principaux personnages de l'entourage élyséen voire même, plus étonnant encore, et à diverses reprises, l'avocat.... de la partie adverse !

Se développe désormais chez nous une culture légale du silence! Tapie n'a pas affecté, dans sa garde à vue, comme il aurait pu le faire la morgue d'un Jérôme Cahuzac qui, à chaque question ou presque, rétorquait avec arrogance qu'il ne répondrait pas à cette question. Bernard Tapie lui s'est cantonné, en quasi permanence et profil bas, dans le rôle de l'amnésique pur et simple devant toutes les questions gênantes.

Je trouve que, faute d'obtenir les réponses qu'ils souhaitaient, ses interrogateurs auraient pu, devant une si évidente et constante mauvaise volonté, certes mettre légalement fin à la garde à vue de trois jours mais boucler Nanard lui-même vu son refus obstiné de répondre à toutes les questions importantes qui lui étaient posées.
L'autre article de Mediapart qui, dans un genre différent, m'a beaucoup amusé dans le numéro du 10 juillet 2013 est celui de Michel Deléan intitulé "Quand Pierre Esnouf réclamait 18 milliards à l'État".

Cette affaire de l'arbitrage Tapie est désormais, en dépit de l'amnésie générale des intéressés, claire, dans sa conception comme dans son montage et son contenu, même si chacun se dérobe ; on se doutait depuis longtemps qu'il y avait là une embrouille politique et il fallait bien que Nicolas Sarkozy fut peu certain de sa victoire en 2007 pour s'offrir l'appui misérable de Bernard Tapie dans l'élection présidentielle ! Mais après tout il y a peut-être des choses que nous connaissons pas (Cécilia ?) et surtout finalement tout cet argent ne sortirait pas de sa poche et, par conséquent, peu lui importait le prix à payer.

En la circonstance, ce qu'il y a de plus intéressant dans l'article de Michel Deléan est un aspect annexe de la fumeuse affaire Bucioli ; elle se situe dans la période 2005 2010, donc précisément au moment du fameux arbitrage. Une des leçons de tout ça est que, dans un souci d'économies, on devrait s'abstenir de donner des retraites aux hauts magistrats qui font dans l'arbitrage, puisque, quand ils cessent leur activité, elle semble devenir alors infiniment plus rémunératrice que leur activité professionnelle passée, si l'on en juge par les émoluments de 330 000 € pour une affaire comme celle qui est en cause. Une pauvre retraite de 5000 € est véritablement inutile et même ridicule pour des gens dont les simples conseils peuvent être vendues à de tels prix et sans que l'État intervienne. Je croyais naïvement qu'une retraite de fonctionnaire ne pouvait être cumulée avec une autre activité, surtout de cette nature et de cette importance.

Coïncidence admirable : la somme que pouvait espérer Monsieur Estoup figure le texte, extrait de l'article de Michel Deléan, que je reproduis ci-dessous
"Selon la convention d’honoraires que nous publions, Pierre Estoup a reçu une provision  de 15 250 euros sur des honoraires fixes de 22 875 euros hors taxe, mais il se verrait – surtout – attribuer un « honoraire de résultats » de 10 % jusqu’à 4 milliards d’euros (soit 400 millions tout de même), et de 5 % au-delà de cette somme..."
"400 millions d'euros" ?

Ce chiffre ne vous rappelle rien ? 400 millions d'euros paraît être l'unité de compte de Monsieur Estoup, puisque c'est exactement la somme que l'arbitrage qu'il a préparé devait attribuer à Bernard Tapie. Ce magistrat en retraite se serait-il trompé dans ses écrits et aurait-il confondu les deux affaires ou réclame-t-il systématiquement 400 millions d'euros dans toutes celles dont il a à s'occuper, que ce soit pour lui ou pour un autre ?

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