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mardi 30 juillet 2013

Jean-François Copé est-il un "zeru zeru" ?

Jean-François Copé est-il un "zeru zeru" ? Vous n'en savez rien et la question vous paraît de toute évidence saugrenue. Vous n'avez pas à rougir de cette ignorance car un zeru zeru est, en swahili et dans l'Afrique orientale et centrale, un "fantôme" et, plus particulièrement c'est le nom que l'on donne aux albinos, dont j'ai parlé dans un précédent billet sans m'attirer les remarques que je craignais.

Les albinos passent en effet pour jouer un rôle important dans les pratiques magiques traditionnelles ; posséder une partie du corps d'un albinos donnerait un pouvoir immense pour guérir (forniquer avec une femme albinos guérit même le sida!), acquérir la richesse ou réussir en politique. C'est ce qui explique les disparitions et les meurtres de ces pauvres albinos que l'on enlève et dépèce ensuite pour faire commerce de leurs membres et de leurs organes ; un bras d'albinos se négocie aux environs de 2000 $ en Tanzanie et la tête ou le sexe bien davantage encore, en raison des puissances magiques qu'ils recèlent.

Rassurez-vous, Jean-François Copé n'est assurément pas un albinos et il n'est pas exposé à un sort si cruel dans son séjour africain, mais ses singularités font qu'il semble en avoir les vertus magiques aux yeux de certains Africains, en raison sans doute de ses caractères exceptionnels. Ils peuvent évoquer celui des mélanodermes sans mélanine, quand on entend ce contempteur vengeur de la xylolalie pratiquer la langue de bois avec autant de constance que de talent. N'est-il pas d'ailleurs, selon Wikipédia, le fils d'un proctologue-comédien réputé, lauréat de nombreux prix pour ses films sur l'anus et par ailleurs acteur dans la série "Plus belle la vie"?

La presse française fait, en ce moment grand cas des 30 000 € (son entourage conteste le chiffre et parle d'un simple défraiement) qu'il aurait touchés pour faire une conférence à Brazzaville. La somme paraît assurément considérable pour certains, mais elle modeste pour d'autres, puisque le tarif de Nicolas Sarkozy est considérablement plus élevé, ce qui n'est sans doute pas pour plaire à Jean-François Copé,. La presse française fait ses choux gras de cette affaire, dénonçant "l'affairisme" de l'UMP, en oubliant simplement que certains dignitaires du PS en font tout autant.

Peu importe d'ailleurs, car l'intérêt de cette affaire est ailleurs et en particulier dans l'organisme qui finance toute cette opération. Cette prétendue conférence du 23 juillet 2013 à Brazzaville n'a sans doute pas été prise en charge, en dépit des apparences, par l'État congolais (il s'agit du Congo-Brazzaville qui n'est pas la RDC, le Congo dit démocratique, situé de l'autre côté du fleuve), mais par le magazine américain Forbes dont on ne connaît que le côté pipole mais qui est bien autre chose. Depuis deux ans, en effet, il tente, avec lui-même des financements plus discretssans doute, de s'installer sur le terrain africain. Il y a juste un an dans cette même ville de Brazzaville, on a lancé le magazine Forbes Afrique, à grand son de trompe, avec comme parrains françafricains Dominique de Villepin et Jean-Pierre Raffarin. L'offensive américaine double celle de la même entreprise éditoriale : Forbes Africa, lancé en 2011 à Johannesburg et reprise, il y a quelques semaines, à Libreville au Gabon, à travers le « New York Forum for Africa ». Ne comptez pas sur la presse française pour vous en parler, allez plutôt faire un tour dans le réseau Nerrati-Press !

Tout cela procède naturellement de l'offensive américaine sur l'Afrique et ces divers avatars de Forbes sont naturellement des chevaux de Troie africains des Etats-Unis qui s'efforcent, sur des terrains différents, de contrer la mainmise de plus en plus forte des Chinois sur l'Afrique. Si officiellement, le président Obama a choisi de s'opposer à la Chine essentiellement en Asie, cela n'empêche nullement de placer des pions sur le terrain africain, au Nord comme au Sud, en essayant de jouer la carte des dirigeants et des industriels sur un terrain différent de celui de la Chine. Il n'est d'ailleurs pas indifférent que les trois versions du Forbes Magazine lancent leurs offensives depuis le Gabon, la RSA et le Congo. Ce n'est évidemment pas par hasard si n'ont pas été choisis des Etats qui auraient pourtant plus besoin encore de l'aide au développement qui est la tarte à la crème de ces nouveaux forums.

Pour comprendre quelle est la finalité réelle de ces actions, il suffit de voir d'ailleurs quels en sont les invités (en dehors de Jean-François Copé lui-même qui ne fait pas mystère du fait qu'il a le soutien des principaux industriels français implantés en Afrique;  ils auraient même promis quelques millions d'euros de dons, selon une stratégie bien connue mais qui est rarement suivie d'effet). Un des principaux est l'inévitable Kofi Annan qui, avant d'être secrétaire général des Nations Unies, avait été à la tête de la "United Bank for Africa"! Tout cela n'a rien d'étonnant, quand on se souvient que le magazine Forbes, depuis sa création, a toujours été très proche du parti républicain des États-Unis, à travers les présidents Reagan et Bush et du lobby de l'immigration cubaine pré-castriste, très présente aux États-Unis. Forbes et le développement MDR ou LOL au choix !

Une des curiosités de ce forum africain est la présente de deux Français dont on ne parle guère ; le premier est Bernard Kouchner qui a curieusement fait une réapparition soudaine dans les médias et dont les honoraires étaient infiniment supérieurs à ceux de ce pauvre Jean-François Copé puisqu'on se souvient qu'il avait touché d'Omar Bongo, dit-on, 400 000 € en 2004 pour un rapport d'une vingtaine de pages, ce qui met le record du prix de la page très au-delà de celui qu'avait établi Madame Tiberi. Le second Français, ou plutôt la seconde Française (quoiqu'elle soit d'origine belge) est Christine Ockrent qui, réduite aux maigres émoluments de France-Culture, ne dédaigne pas de faire des "ménages" pour les Américains, mettant ainsi à profit ses compétences linguistiques si rares dans le milieu journalistique français. Sa présence favorisera-t-elle, selon la thématique de la réunion "l'émergence des classes moyennes en Afrique", on peut en douter. Espérons pour elle que ses honoraires seront au moins égaux à ceux de Jean-François Copé. De toute façon on ne peut que souhaiter que l'émergence des classes moyennes en Afrique affecte, de ce fait, au premier chef, le Congo Brazzaville puisque cet Etat n'est qu'à la 142e place selon l'indicateur de développement humain du PNUD.

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