Extrait du blog d’Olivier dans nouvelobs.com
"Fukushima /explosions multiples - mercredi 16 mars 2011, 20 h 12
Les nouvelles de ce soir ne sont pas meilleures que celles de ce matin .
L' exploitant montre ses efforts mais ne réussit pas à enrayer la progression des destructions. C' est peut-être par les moyens de l'armée américaine qu'on arrivera a éviter le dénoyage des assemblages dans les piscines : amener de l'eau par tous moyens intelligents et possibles ….et essayer de l'introduire à l'intérieur par les brèches des bâtiments-piscines sans irradier « trop » les intervenants ….J’aimerais aussi que la puissance des moyens des USA se montre dans la gestion de refroidissement des cuves par injection tous azimuts d’eau de mer pour éviter leur percement par le corium.
TEPCO cherche apparemment à éviter qu'il y ait des morts par sacrifice héroïque (à la kamikaze) parmi le personnel. Les prochaines 24 heures montreront si le martyre de cette région va continuer et même s’amplifier.
Il est bon quelquefois de savoir reconnaître ses dettes intellectuelles : si ce que je vous ai raconté vous a intéressé : c’est à mon collègue Mr Bernard Sautiez , ancien chef du réacteur OSIRIS à Saclay puis d'OSIRAK et à tous les conseils qu' il m’a prodigués lors de nos inspections des centrales françaises que je dois mes compétences. Il était plus âgé que moi. Je ne sais s'il est encore en vie mais je le remercie de tout cœur pour tout ce qu il m’a appris et qui me sert aujourd’hui.
Ce soir à 23 heures 30, certains points vont dans le sens que j’espérais sur le développement des moyens. Toutefois, je viens d'apprendre que (copier-coller) « l'Agence internationale de l'énergie atomique vient de donner les températures des bassins de refroidissement pour le 16 mars. La piscine du réacteur 4 est à 84 °C (données datant du 15 mars), celle du réacteur 5 à 62,7 °C, et celle du réacteur 6 à 60 °C. En temps normal, elles ne devraient pas dépasser 25°C. L'Agence annonce aussi que ces températures augmentent régulièrement. »"
Ecrit par : Olivier | 17.03.2011
"Les réacteurs étaient privés de courant et donc dans le noir la nuit ! mais la situation va changer : (copier-coller) « Mercredi 0h16 : TEPCO annonce qu'une ligne électrique de remplacement est sur le point d'être achevée à Fukushima 1. Elle permettrait de réactiver les systèmes de refroidissement des réacteurs. L'électricité est coupée depuis le tsunami ». Il y a encore des choses a sauver .
Ecrit par : XYZ [un commentateur du blog d'Olivier] | 17.03.2011
« Je suis allé lire votre C.V [celui d’Olivier Harmenschenne] sur le site indiqué .
On pourrait vous reprocher que votre carrière au CEA vous rende juge et partie, si vous n’aviez pas aussi été ensuite membre de l’IRSN et de l’inspection nucléaire.
Je lis vos bulletins ou commentaires, mais vous restez plus ingénieur que journaliste : ce n est pas toujours très facile de suivre bien que rédigé sobrement et sans effet de manches!
Je me risque à vous poser une interrogation pour laquelle vous allez encore me traiter de « redoutable questionneur » :
comment cela va-t-il finir ? »
Le sort de Fukushima ? Réponse d’Olivier à ce lecteur curieux (XYZ)[cette réponse éclaire sur la carrière et les compétences d'Olivier]
"Aujourd’hui votre question n’est pas seulement redoutable mais elle est aussi embarrassante !
Lorsque j'ai voulu quitter la Division de Chimie que Claude Fréjacques quittait lui-même pour la présidence du CNRS et l’Académie des Sciences, je suis allé lui demander s'il pouvait me faire entrer à l'Institut de protection et de sûreté nucléaire à Fontenay aux Roses. Il m'a répondu que certes cet Institut avait intérêt a prendre de vieux briscards, mais qu il avait encore besoin de moi pour le suivi du démarrage d EURODIF. Ce n’ est donc que quatre ans plus tard, quand les gros soucis ont été réglés, que j’ai rejoint l’IPSN que Tanguy puis Cogne dirigeaient.
A l’époque, l’IPSN dépendait du CEA et du ministère de l’industrie et ce n’est qu’après mon départ que les ministères de tutelle ont changé et qu’il est devenu l’ IRSN …..Votre question sur le fait d’être "juge et partie" était donc valide avant la transformation de l’IPSN en IRSN car le CEA se jugeait en effet lui-même ! Ceci étant, la remarque de Frejacques sur la nécessité de connaître à fond le nucléaire avant d’en être l’inspecteur, impartial mais lucide, se justifiait totalement.
Pour répondre à la suite de votre commentaire je vais devoir vous expliquer que les piscines de désactivation, bien que n’étant pas en géométrie nucléaire critique, doivent être refroidies pour évacuer leur potentiel calorifique. A ce propos, je vous signale que vous pourriez avoir des informations complémentaires aux miennes ici même, à partir de l’excellent blog de Mme Dominique Leglu qui est redac-chef de Sciences et Avenir ( « sciences pour vous et moi").
Comme elle l’explique fort bien, ces piscines sont dans des bâtiments de structure confinée mais légère, et le dénoyage des éléments combustibles serait extrêmement lourd de conséquences en particulier radiologiques ( croyez-moi, j ai souvent visité ces piscines et l’aspect brûlé et noirâtre des assemblages fait peur ) ; Remettre ces éléments dans l’eau au bon niveau est une nécessité absolue car les piscines peuvent contenir plusieurs cœurs usagés.
Vont-ils y parvenir ? Avec divers moyens et peut-être en sacrifiant des opérateurs, il me semble que ce serait possible. Quant aux problèmes des cuves réacteurs elles-mêmes, je vous ai déjà répondu : on n'a pas d’expérience de fusion d'assemblages REB puis corrosion par du corium MOX ….Mais je juge improbable le passage du corium à travers les divers niveaux et l’épaisseur du ravier jusqu' au sol : le « syndrome chinois « est un résidu du film de 1979 et j'espère que la remise du courant sur les tranches pourra rendre la possibilité d’un refroidissement des cuves plus efficace.
Je ne peux savoir directement de quelle ampleur de moyens dispose TEPCO et je ne veux pas harceler de questions l'IRSN / ils ont d autres chats à fouetter qu'à répondre à un vieux Papy retraité de 80 berges !"
Ma propre conclusion : Que ne confie-t-on à ce « papy de 80 berges » le soin de nous informer, de façon compétente et intéressante, au lieu de nous faire débiter des niaiseries par des « journalistes professionnels » ? Ce papy, les Américains l'invitent encore à Princeton comme un Michel Serres, un Luc Montagnier et bien d'autres que la France préfère mettre au rencart et qui doivent aller continuer leurs travaux aux Etats-Unis ou en Chine!
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2 commentaires:
JE N AI PAS DE CARTE VERTE ET N AI PAS LE DROIT DE TRAVAILLER AUX USA ...MAIS L UNIVERSITE DE PRINCETON ET LE CENTER FOR ADVANCED STUDIES PEUVENT ETRE LE LIEU D ECHANGES INTELLECTUELS PASSIONNANTS MALGRE TOUT!
OLIVIER
Olivier,
Il y a longtemps que je tenais à vous féliciter pour l'excellence de vos notes.
Je saute sur l'occasion pour le faire.
Cordialement
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