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mardi 18 décembre 2012

La mort en libre service

Il me semble qu'on a fait, autrefois, la chasse à des articles qui avaient été publiés sur Internet, plus ou moins sous des titres du genre « Suicide : mode d'emploi » ; ils indiquaient des recettes et des moyens relativement simples, discrets et commodes pour mettre un terme à sa vie et, comme disait le poète, « sortir de la vie ainsi que d'un banquet.». Mon logiciel de dictée avait écrit "ainsi que de la banque", ce qui pourrait en effet être le cas !

A l'occasion du dernier rapport sur l'euthanasie, en date d'aujourd'hui même, et qui; heureux hasard, a été confié à un médecin ("Vous êtes orfèvre Monsieur Josse") et qui me paraît un leurre politico-médiatique de plus, on nous ressort les argumentaires éculés qu'on entend depuis des années.

Ils ont deux sources majeures.

Soit une médecine, à la fois conservatrice, hypocrite mais surtout mercantile ; elle est en fait plus désireuse de prolonger, aussi longtemps que possible, la vie de patients qui constituent, il faut bien le dire une rente sûre et commode, que d'éviter les risques qui pourraient être liés à des utilisations, plus ou moins perverses, de l'euthanasie.

Soit l'église, même si elle-même me paraît avoir mis pas mal d'eau dans son vin de messe, plus que ses sectateurs les plus rétrogrades en tout cas. J'ai assisté récemment à un office religieux, lors des obsèques religieuses d'un de mes amis lors qui s'était pourtant suicidé ; outre le fait que la célébration était manifestement religieuse, les propos qui y ont été tenus par l'officiant étaient fort loin de condamner la voie que le défunt avait choisie pour quitter cette vallée de larmes.

L'argumentaire, le plus commun et le plus faible à mes yeux, est évidemment celui de l'utilisation perverse qui pourrait être fait de la mise à disposition du public de moyens commodes, efficaces et indolores de quitter cette existence, ce qui ne concerne pas que des vieillards malades et ou gagas. "Eu - Thanasie" vient du grec "eu" (en gros "bien") et "thanatos" ( = mort"), c'est donc le "bien mourir" et il n'y a là nulle référence à la maladie ni à la souffrance!

En vertu de ce même principe de l'éventualité d'une utilisation détournée voire perverse, on devrait absolument et en priorité, interdire la construction des immeubles de plus d'un étage, la fabrication des automobiles et des trains, sans parler des ponts et de l'indispensable comblement des abîmes de toute nature qui peuvent permettre de s'y précipiter.

Tout cela est évidemment idiot et ne masque, assez maladroitement d'ailleurs, que le jeu, de plus en plus incertain d'une église en perte de vitesse et un mercantilisme médical auquel les agonies prolongées permettent de remplir ses hôpitaux et ses hospices de vieillard. Il suffit d'ailleurs de voir que, dans l'histoire économique récente, l'investissement majeur est devenu, après les laveries automatiques d'autrefois et les plus récents containers, les maisons de retraite, puisque bientôt, on imposera, la main sur le coeur et la voix chevrotante d'émotion, aux petits-enfants qui survivent à peine , l'entretien coûteux de leur grands-parents égrotants et gagas.

Je ne vois pas de quel droit une minorité, avec des argumentaires aussi fallacieux que stupides, peut continuer à refuser à quiconque le droit de quitter ce monde sans imposer à ses proches des modalités de suicide compliquées, difficiles, douloureuses pour les intéressé(e)s et traumatisantes pour les autres.

Pourquoi ne pas permettre enfin à celles et ceux qui le désirent, en bonne santé ou malades, de quitter la vie, après avoir organisé, avec leurs amis, leurs proches et leurs familles, une fête du style de celle que permettent des associations comme "Exit" qui, en Suisse, assurent, si on le choisit, une fin de vie simple, efficace voire festive !

N'est-ce pas là l'exercice suprême et ultime d'une liberté et d'un libre arbitre qu'on prétend nous reconnaître sur nombre d'autres plans dont on ne soucie guère, où ils ne nous apportent que fort peu et dont, en réalité, on nous prive, la plupart du temps, par diverses ruses politiques et/ou moralisantes?

3 commentaires:

Anonyme a dit…

avec la nouvelle tarification, T2A, à
l'acte, il est peu rentable de "maintenir" des patients pour faire du chiffre, en fin de vie c'est le temps postes qui est nécessaire, ça coûte et ne paie pas

j'en fais un fromage! peux aps imaginer prendre l'ordonnance, aller à la pharmacie et ranger le pardis artificiel dans un placard, omerta requise en famille! les rapports vont être biaisés

j'en fais une pendule à treize coups, je ne peux envisager qu'on anticipe à dix ans ce que nous désirerons au jour J à l'heure H et l'instant T

la mort est un mystère, croyez moi pas besoin de lois compliquées bien souvent, elle est là la vraie liberté Usbek

quand au létal per os, je dois avoir loupé des trucs,techniquement c'est un peu plus compliqué que ce que l'on croit

bien à vous

Anonyme a dit…

L'un des points abordés par le livre, jadis interdit, "Suicide, mode d'emploi", dont je suis heureux de posséder un exemplaire, est l'inégalité profonde qui existe face au suicide. Pour les riches une balle dans la tête, un cocktail de médicaments fourni par un médecin ami de la famille, pour les pauvres des méthodes aléatoires et douloureuses : la pendaison (numéro 1 pour les hommes), une surdose de n'importe quoi pour les femmes. Parfois c'est ignoble : une connaissance s'est percé le crâne avec sa perceuse. Imaginez-vous un médecin mourir ainsi ? Et vos problèmes de fin de vie, savez-vous ce qu'ils en pensent ?

Anonyme a dit…

Tout à fait d'accord avec le second commentaire. Usbek