« On nous ment, on nous ment,
C’est du vent, on nous ballade
On nous vend que des salades
Y’en a marre des boniments »
Ne parlons pas de
France-Télévision qui a recruté, sans doute à prix d'or en dépit de sa
situation financière et de la pléthore inouïe de son personnel, un prétendu
économiste qu'on nous inflige désormais à chaque occasion comme une sorte de
Pythie devenue chauve à force de réflexion. La cerise sur le gâteau m'a été
offerte hier lorsque, regardant par hasard le "grand journal" de
Denisot (qui sont de pire en pire de démagogie jeuniste, Denisot et son GJ),
j'y ai vu une figure tutélaire nouvelle (pour moi du moins), un certain Nicolas
Bouzou, réputé également économiste mais qui est, en fait et surtout, le patron
d'un vague centre d'analyse économiste et financière, ce qui donne une
coloration un peu particulière et clairement publicitaire à ses propos (« Vous
êtes orfèvre Monsieur Josse ! ») ; si j'ajoute qu'il enseigne lui aussi dans la
caverne de Sciences-po, je crois que la panorama est complet.
Bref les économistes commencent à
me gonfler et leur aveuglement comme leurs prévisions désastreuses du passé ne
semblent pas leur avoir servi de leçon et les inciter, au moins, à un peu plus
de prudence et de modestie. En fait, comme on a pu le constater dans ce blog où
j'ai parlé à plusieurs reprises de cet économiste, la seule personne dans ce
domaine qui me paraisse offrir toutes les garanties d'honnêteté, de fiabilité
et de compétence est Gaël Giraud, notre jésuite économiste, qui me paraît tenir,
lui, des propos sincères et crédibles, mais qu'évidemment on ne voit jamais sur
aucun de nos plateaux de télévision, comme d'ailleurs les membres du groupe des
"économistes atterrés" qui n'y font que quelques rares et tardives
apparitions.
Mais ce n'est pas cela que je
voulais vous parler, mais plutôt de mes incertitudes et de mes doutes devant
l'affaire Mittal ; l'homme nous est présenté tantôt comme un génie de l'industrie
et de la finance tantôt comme un escroc patenté, ce qui dans notre société
n'est souvent pas sans rapport.
Un détail mais qui me paraît à ne
pas négliger. La belle-fille de Monsieur Lakshmi Mittal est une ancienne de
Goldman Sachs et je crois savoir que le patriarche lui-même est membre du
conseil d'administration de cette patibulaire officine. Faut-il rappeler ici
qu'en 2006 déjà lors de l'OPA hostile sur Artelor, Mittal Steel avait reçu le
soutien de Goldman Sachs? Suivez mon regard. C'est tout dire.
Si l'on regarde les subventions
publiques qu'Arcelor-Mittal a raflées de l'État français sous diverses formes (de
l'Agence de l'environnement et la maîtrise de l'énergie à la Région Lorraine),
on s'interroge! Monsieur Mittal qui, ces temps-ci, se tord les mains de douleur,
suite à la crise du commerce de l'acier, aurait perçu, dit-on, 900 millions d'euros
à titre personnel année dernière. En 2010 (cf. le site abcbourse), les
résultats du groupe étaient de 2 256 000 000 d'euros, ce qui,
même s'ils sont tombés à 1 751 000 000 d'euros en 2011, laisse tout
de même une marge copieuse.
On nous ment tout autant sur
l'affaire du repreneur éventuel; selon diverses sources (dont Aurelie
Filippetti et le Nouvel Obs), un des
repreneurs potentiels éventuels était Bernard Serin qui a redressé, de manière
efficace et rapide, Cokeries Maintenance & Ingénierie, moribonde en 2002 un.
Cette ancienne filiale d'Arcelor a aujourd'hui 4000 salariés en Wallonie.
Monsieur Bernard Serin est un aciériste spécialisé, un véritable industriel et
non pas un financier comme d'autres. Il y avait aussi un autre repreneur
potentiel dont je ne sais plus le nom ; lui est russe mais il est, paraît-il, un
ennemi juré de Mittal et, par conséquent, il a sans doute été écarté d'emblée à
l'initiative de ce dernier.
Dernier point, plus mystérieux encore
que les autres, les dettes de Mittal envers l'État français. Le ministre Arnaud
Montebourg avait annoncé au Sénat :
« Mittal aujourd'hui est redevable aux yeux de l'administration fiscale
française d'une dette fiscale que nous considérons comme astronomique ». Il n'y
a pas eu de chiffre avancé, ni de suite à cette affirmation, mais différents
articles de presse évoquent un redressement fiscal d'un montant de 1,3
milliards d'euros datant de septembre 2011. Certains "économistes" de
la presse française, prompts à prendre la défense de Mittal, allèguent que, "normalement",
une affaire fiscale de ce type est confidentielle et ne peut être divulguée. MDR/LOL
! Défense un peu pitoyable quand on voit les fuites constantes en la matière! Quant à Arcelor-Mittal, il prétend,
naturellement, n'avoir aucune dette fiscale envers la France.
On nous ment!
Que vient faire ici une
nationalisation? Si la dette fiscale existe, on saisit tous les avoirs de
Mittal, en France, Florange, la Lorraine et le reste, à concurrence de son
montant que la France aura elle-même évalué (et pas Goldman-Sachs!) et on vend
les hauts-fourneaux au Russe et/ou à Serin, et si ça déplait à Mittal tant
mieux. Point barre ! Tout bénef !
« On nous ment, on nous ment,
C’est du vent, on nous ballade
On nous vend que des salades
Y’en a marre des boniments ».
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