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mardi 11 décembre 2012

Les rescapés de la loi Pécresse


Si je compte bien, je me suis mis à "bloguer" en 2006, sur le blog du Nouvelobs.com et je n'ai guère cessé depuis. J'ai donc dû écrire environ deux mille textes, ce qui, pour une moyenne d'une page et demie, fait, à la louche, trois mille pages, donc une masse considérable. Disposant pour le moment d'un peu de temps, je me suis mis à relire certains de ces textes et en particulier, pour ce qui concerne deux domaines que je connais un peu mieux que les autres, le CNRS et la recherche d'une part, les universités d'autre part; j'ai tiré des textes sur le CNRS un livre de 200 pages, dont je ne sais pas encore ce que je ferai ; quant aux universités, j'en suis au stade de la relecture cursive des textes que j'ai pu produire, car on commence enfin à prendre conscience de la vaste imposture qu'est la loi Pécresse sur la prétendue autonomie des universités, étrange dénomination qui n'existe d'ailleurs pas!

Ce matin, par hasard, j'ai retrouvé deux figures dont je me suis beaucoup moqué à l'époque (vers 2006-2008) car les stratégies de carrière qu'ils avaient adoptées étaient parfaitement claires : les "leaders" étudiants du moment, Julie Coudry et Bruno (Landau)-Julliard. Honneur aux dames ! Je commence donc par Julie Coudry.

Comme je l'ai un peu perdue de vue, je me suis reporté à son article de Wikipédia dont pour la rédaction est des plus subtilement calculées :

"En 2007, elle milite pour que l'insertion professionnelle des étudiants devienne une mission des universités. En juillet 2007, le gouvernement inscrit dans la loi LRU cette nouvelle mission. Elle demande ensuite à Valérie Pécresse et au gouvernement d'attribuer aux universités les moyens financiers nécessaires pour la mettre en place.

Le 4 mai 2008, au terme de son mandat et après avoir passé cinq ans à la tête de la Confédération étudiante, devenue une organisation étudiante représentative, Julie Coudry ne se représente pas à sa propre succession.

Elle crée en 2008 avec Laurent Bérail une structure, appelée La Manu, destinée à améliorer les relations entre les étudiants et les entreprises soutenue par de grandes entreprises, l'Etat et des universités. Cette structure a disparu en 2011, en raison, selon ses fondateurs, du désengagement financier de l'Etat".

Commençons par le plus innocent : "au terme de son mandat [...] Julie Coudry ne se représente pas à sa propre succession." La présentation sans être tout à fait mensongère est pour le moins biaisée ; Julie Coudry n'a pas du tout quitté son mandat de sa propre volonté, mais tout simplement parce qu'ayant atteint 28 ans, elle n'était plus considérée légalement comme étudiante et ne pouvait donc en aucun cas se représenter.

Plus curieux est son attitude et son rôle dans la préparation et le vote de la loi LRU dans l'été 2007. : "Elle [Julie Coudry] milite pour que l'insertion professionnelle des étudiants devienne une mission des universités. En juillet 2007, le gouvernement inscrit dans la loi LRU cette nouvelle mission. Elle demande ensuite à Valérie Pécresse et au gouvernement d'attribuer aux universités les moyens financiers nécessaires pour la mettre en place".

Tout cela tient du miracle, car elle va être la première bénéficiaire de cette disposition qu'elle a elle-même sollicitée, si opportunément prise par la ministre, un peu comme les présidents d'universités qui, eux aussi, s'étaient montré si accommodants ; en effet, Julie Coudry crée, aussitôt, dès 2008, "une structure, appelée La Manu, destinée à améliorer les relations entre les étudiants et les entreprises soutenue par de grandes entreprises, l'Etat et des universités.". Le hasard fait décidément bien les choses.

Hélas! Trois fois hélas ! On lit avec douleur la suite : "Cette structure [La manu] a disparu en 2011, en raison, selon ses fondateurs, du désengagement financier de l'Etat".  L'engagement initial n'est donc pas repris par le successeur de Madame Pécresse (et la boucle estudiantine se referme tandis que se ménage ma transition puisqu'il s'agit du maire du Puy L. Wauquiez qui a succédé à la mairie de cette ville à Maman Landau la mère de Bruno Julliard-Landau !).

Un épisode de plus dans les mystères de la loi Pécresse.

Rien de tel avec les succès de Bruno Landau-Julliard qui a fait une carrière fulgurante puisqu'il est passé en quatre ans de l'UNEF (où il était lui-aussi l'innocente victime de la limite d'âge) au cabinet ministériel. A peine avait-t-il quitté l'UNEF qu'il lève un premier masque, celui de l'apolitisme, en étant inscrit d'emblée sur les listes électorales du PS pour le conseil de Paris. Avec, semble-t-il, la faveur du maire de Paris, il y a été mis en position éligible ; élu, il est aussitôt choisi comme adjoint pour assurer la matérielle. Le voilà d'emblée aussi, la même année, Secrétaire à l'éducation du Parti socialiste.  Il jette un second masque, un peu transparent aussi, en faisant son coming-out et, depuis juin 2012, il se retrouve conseiller auprès du ministre de l'Éducation nationale.

Bravo l'artiste! A faire pâlir de jalousie la pauvre Julie !

A propos, je pense que vous avez noté aussi avec satisfaction que Jacques Chérèque, dont la carrière professionnelle avait été très brève avant son entrée dans le syndicalisme, a été nommé, à son terme, Inspecteur général à la satisfaction (également) générale! Je rappelle que n'importe qui peut être nommé inspecteur général (Mitterrand avait même nommé sa secrétaire!), ce qui est une promotion fort agréable puisqu'elle ne suppose aucune condition préalable et surtout assure une rémunération confortable pour une activité modeste!

1 commentaire:

Anonyme a dit…

Concernant les relations Pecresse/Wauquiez ce serait carrément la haine selon quelqu'un qui m'est proche et qui, ayant approché V.Pécresse, est en contact quotidien avec un intime de Wauquiez. Si là dessus se rajoute un conflit municipal avec la mère de Julliard, on peut comprendre pourquoi les prébendes accordées à la demoiselle Coudry ont subitement été supprimées.