Les deux sujets de ce matin du 27 décembre 2012 sur
les radios bignoles sont la question des otages du Sahel, suite aux déclarations
d'un des dirigeants de l'AQMI qui devait avoir besoin de sous pour le Noël et
le moral des troupes et l'Afghanistan, dont nous pensions être débarrassés,
mais où nous envisageons de rapatrier les interprètes afghans de nos troupes
car, assurément, s'ils restent au pays, ils y subiront le sort qui fut celui
des harkis autrefois.
Où est le rapport, allez-vous me dire, lecteur impatient
et curieuse lectrice (vous aurez noté le chiasme)?
Il est à la fois dans les otages du Niger et du Mali
(et même désormais du Nigéria) et dans les troupes françaises en Afghanistan
(laissons de côté les interprètes).
Le point commun aux otages et aux militaires est
l'unanime déploration de leur sort alors que les uns et les autres sont allés
sur ce terrain lointain et présumé dangereux, sinon de leur propre initiative,
du moins avec leur accord. Liquidons d'abord l'aspect militaire.
Le deuxième classe de réserve que je suis (je
souligne la rareté de l'espèce dans l'infanterie de marine, corps d'élite dont
je suis issu) sait bien que nul n'a été envoyé en Afghanistan contre son gré
(rappelons qu'il n'y a désormais plus de service militaire, même si certains
rêvent de le rétablir). Non seulement ces séjours lointains sur un terrain
d'opérations ne sont pas une punition, mais ils sont, en général, enviés en
raison des avantages qu'ils présentent sur toutes sortes de plans (soldes,
avancement, carrière, etc.). Il y a bien sûr les risques de blessures voire de
mort. Toutefois, non seulement ils sont inhérents à l'état militaire, mais on
peut dire, si l'on se place sous l'angle purement professionnel, que les
risques n'y sont pas plus grands que dans un certain nombre d'autres métiers.
Le cas des otages est différent.
Vous aurez noté, comme moi, qu'on n'enlève plus de
journalistes comme ce fut un moment la mode, la captivité étant devenue dans
cette branche la principale voie de promotion rapide. La déploration unanime, dont
ces enlèvements faisaient l'objet dans tous les médias, n’était, au fond, que
le masque de l’auto-exaltation de ce métier qu’on présente toujours comme aussi
glorieux que dangereux, mais dont la presse française donne, au quotidien, une
si pitoyable image. Les journalistes sont,, sans doute aussi, devenus prudents
comme le montrent les événements de Syrie qu'ils "couvrent" plutôt
depuis le Liban et la Turquie. Après tout nos Rouletabilles, comme le grand
Lucien Bodard, n’ont qu’à faire leurs reportages « de terrain »
depuis le bar du Hilton à Beyrouth ou à Istamboul. Qu’ont-ils à aller chercher
dans des villages paumés à la rencontre de populations dont ils ignorent tout
et dont ils ne connaissent pas la langue? Ce faisant, ils me font penser à
certains chercheurs français en sciences humaines et sociales qui, par une
analyse du même ordre, faisaient venir à Paris leurs témoins du fond du Sud
pour les interroge à loisir sur le Boulevard Saint-Michel ou à la
Contrescarpe !
Rappelons à cet égard d'un mot, la situation
professionnelle des principaux otages qui sont, sauf erreur, pour le Sahel, au
nombre de sept.
AQMI détient quatre employés du groupe nucléaire
français Areva et de son sous-traitant Satom, enlevés le 16
septembre 2010 à Arlit, dans le Nord du Niger, et deux géologues Philippe
Verdon et Serge Lazarevic, capturés le 24 novembre 2011 dans le nord du Mali. Tout cela sent donc furieusement l'uranium ! Un
septième otage a été enlevé le 20 novembre dans l'ouest du Mali par un autre
groupe islamiste armé, le Mouvement pour l'unicité et le jihad en Afrique de
l'Ouest, le MUJAO. Un autre Français, travaillant pour l'entreprise Vergnet
(société, spécialisée dans l'eau et les énergies renouvelables), a été enlevé
le 19 décembre 2012, dans le nord du Nigeria, par le groupe islamiste Ansaru
qui lié aux extrémistes islamistes nigérians de Boko Haram.
Tous ces otages étaient donc en Afrique pour des
raisons professionnelles, employés par des firmes connues et, faut-il l'ajouter,
avec des salaires très importants qui sont en général trois fois ce qu'ils percevraient ailleurs. Le métier d'"expat." est en effet très
rémunérateur, même sans prendre en compte les embrouilles fiscales, et il est, de
ce fait, très recherché par un certain nombre de salariés.
Le cas de l'otage capturé au Nigéria est assurément
le plus intéressant, car il permet une comparaison avec ce qui se passe dans
des Sociétés étrangères, essentiellement anglaises ou américaines, qui
emploient des expatriés dans cette région avec des risques d'enlèvements plus grands
encore, car cette petite industrie est très pratiquée dans cette zone. Ces
sociétés ASSURENT en effet leur personnel contre ce risque par le biais d'autres
sociétés, en relation avec des compagnies d'assurances qui, en cas d'enlèvement,
prennent en charge toutes les négociations avec les ravisseurs, en vue de la
libération des otages, et payent les rançons, agissant comme une compagnie
d'assurances pour n'importe quel type de dégâts ou de désagréments.
On se demande donc pourquoi Areva ou Satom ne
pratiquent pas le même système et pourquoi, quand il s'agit de Français, on s'en
remet à l'État lui-même en donnant ainsi à un problème crapuleux une dimension
politique. Bien entendu, la France, en dépit de ses dénégations, paiera pour
obtenir la libération de ces otages, que ce soit en espèces sonnantes et
trébuchantes ou en armes, ce qui est probablement le cas le plus souvent, mais qui
permet d'affirmer haut et fort, jésuitiquement, qu'on n'a pas payé de rançon.
Naturellement ces questions ne sont jamais évoquées dans
notre presse ; on nous présente en revanche, avec une émotion touchante, les
familles des victimes sans aborder le fond du problème et en entretenant un
flou absolu aussi bien sur les véritables revendications des ravisseurs que sur
les réponses de l'État, le tout au nom de la sauvegarde des otages. Quant aux sociétés
en cause et aux raisons qui ont conduit les expatriés à se rendre dans ces pays,
le silence radio et télé est de rigueur.
1 commentaire:
meilleurs voeux anticipés
je ne sais pas si j'aime le ton de votre billet en son entier!
mais hier chez Calvi ce flou artistique que vous dénoncez fut évoqué
pour ma part si mes impôts servent à payer des terroristes parce que depuis des années on les localise fort bien et on fait choux blanc du haut en bas de l'Afrique au moins, j'aime pas
si ce sont des compagnies d'assurance je hurle encore plus,jusqu'à quand de manière préméditée on prendra en compte ce risque parce que "c'est comme ça"
les expats comme vous dites, j'en ai un dans ma famille, un jour la Thomson est partie en deux morceaux, il en a suivi un aux EAU, ou c'était la galère!
les militaires ne choisissent pas, mon billet qu'on va finir par les embourber au Mali!
et AREVA, ben vous avez une autre solution pour faire tourner notre nucléaire?
bon, marre de ces sauvages qui couinent sur l'exploitation de l'homme par l'homme
ce sont les leurs qui se sont vendus avec leur peuple eux ont des comptes en Suisse
et maintenant les islamiques regimbent et ils vont en faire quoi de leur sous sol sans le Nord qui gaspille!
je suis subversive je sais
9 personnes vont nous revenir dans des body bag et Usbek, ce sera de notre fait, de ce cinéma qu'on ne gère pas
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