Entendant ce matin, pour
la nième fois, le couplet sur les enseignants, les 43.000 postes mis au
concours en 2013 et le manque de formation comme de candidats, je recherche
dans mes archives, un vieux post, de mars 2007, qui montre à quel point les
choses n'ont guère changé, sinon pour empirer! Le voici :
"France Inter. 13
mars 2007. Emission du matin sur les enseignants. Collège Georges Duhamel dans
le 15e. Je ne connais pas la géographie scolaire parisienne, mais je doute que
Monsieur Balladur, député de cet arrondissement, ait choisi comme terrain de jeux
politiques un quartier « difficile » » ou même un "quartier" tout
court comme on dit désormais. J’y ai d’ailleurs entendu, au début, vers 7
heures 45, en prenant en marche l’émission de Nicolas Demorand, que les élèves,
qui arrivent en classe, restent debout ou, s’ils sont déjà assis, se lèvent à
l’arrivée du professeur.
Deux hypothèses se sont
alors, en un instant, télescopées dans ma tête. Ou bien tous mes amis
enseignants, qui me racontent leur quotidien, me mentent et tous leurs élèves
sont, en réalité, disciplinés, polis, etc., ou bien le Collège Georges Duhamel
dans le 15e parisien, sous la double, auguste et bénéfique influence de Georges
et d’Edouard, est, comme la tente d’Holopherne chez Giraudoux, le seul lieu du
monde exempté du péché originel et ses élèves, les seuls en France, continuent
à s’y comporter comme autrefois. Je ne me risquerai pas à trancher !
Revenons au sujet. N. Demorand recevait, ce matin, un certain Jacques Durand, président de la conférence des directeurs d’IUFM.
Pour ceux qui l’auraient oublié, les Instituts de Formation des Maîtres (IUFM) ont été créés, en 1989, par Lionel Jospin, alors ministre de l’éducation nationale, mais, en fait, surtout par celui qui était alors son conseiller spécial, son ami de trente ans, Claude Allègre. L’idée était de parer les anciennes écoles normales des oripeaux des sciences de l’éducation, tout en y agrégeant quelques universitaires, à qui les IUFM offraient, par raccroc, des postes de maîtres de conférences ou de professeurs, dont les universités elles-mêmes ne les jugeaient pas dignes. La chose était d’autant plus étrange que, comme je l’ai déjà dit, dans mon blog, C. Allègre était un adversaire résolu et lucide des sciences de l’éducation dont il aimait à se moquer. Je pense ici au ballon que les sciences de l’éducation nomment le « référentiel bondissant » dans un exemple que C. Allègre lui-même se plaît à rappeler. La formule complète (je cite de mémoire) est que le joueur « doit se situer dans le temps et dans l’espace par rapport au référentiel bondissant », ce qui, en langage normal, veut dire « recevoir ou intercepter la balle ».
L’échec a été patent et, selon le bon vieux principe du pendule si cher à l’administration française, on va revenir au point de départ, en aggravant la situation. On va donc réintégrer les IUFM dans les universités, au lieu de les supprimer [C'est chose faite!] . Comment le faire d’ailleurs car que ferait-on des enseignants des IUFM, dont une partie relève statutairement du secondaire et n’a pas le statut des enseignants du supérieur ? 0n ne va donc rien changer aux défauts des IUFM, tout en créant de nouveaux problèmes dans les universités [C'est également chose faite].
En fait, tout ce que j’ai dit, dans des blogs précédents, des sciences de l’éducation et de Philippe Meirieu, s’applique ici. Ph. Meirieu a été non seulement le gourou de la création de ces Instituts mais, pas fou, s’est lui-même récupéré, au terme de sa faveur politique, à la direction de l’IUFM de Lyon.
Un des moments forts – l’un des rares passages intéressants et surtout sincères de l’émission - a été celui où un jeune enseignant a osé expliquer qu’alors que le stage IUFM commençait en septembre, c’est en février qu’on donnait les formations sur la lutte contre la violence en classe (arts martiaux, etc… ?) ? Vu l'intérêt et la nature de telles « formations », cela ne me paraît pas trop grave, simplement inepte, comme bien d’autres choses.
Revenons au sujet. N. Demorand recevait, ce matin, un certain Jacques Durand, président de la conférence des directeurs d’IUFM.
Pour ceux qui l’auraient oublié, les Instituts de Formation des Maîtres (IUFM) ont été créés, en 1989, par Lionel Jospin, alors ministre de l’éducation nationale, mais, en fait, surtout par celui qui était alors son conseiller spécial, son ami de trente ans, Claude Allègre. L’idée était de parer les anciennes écoles normales des oripeaux des sciences de l’éducation, tout en y agrégeant quelques universitaires, à qui les IUFM offraient, par raccroc, des postes de maîtres de conférences ou de professeurs, dont les universités elles-mêmes ne les jugeaient pas dignes. La chose était d’autant plus étrange que, comme je l’ai déjà dit, dans mon blog, C. Allègre était un adversaire résolu et lucide des sciences de l’éducation dont il aimait à se moquer. Je pense ici au ballon que les sciences de l’éducation nomment le « référentiel bondissant » dans un exemple que C. Allègre lui-même se plaît à rappeler. La formule complète (je cite de mémoire) est que le joueur « doit se situer dans le temps et dans l’espace par rapport au référentiel bondissant », ce qui, en langage normal, veut dire « recevoir ou intercepter la balle ».
L’échec a été patent et, selon le bon vieux principe du pendule si cher à l’administration française, on va revenir au point de départ, en aggravant la situation. On va donc réintégrer les IUFM dans les universités, au lieu de les supprimer [C'est chose faite!] . Comment le faire d’ailleurs car que ferait-on des enseignants des IUFM, dont une partie relève statutairement du secondaire et n’a pas le statut des enseignants du supérieur ? 0n ne va donc rien changer aux défauts des IUFM, tout en créant de nouveaux problèmes dans les universités [C'est également chose faite].
En fait, tout ce que j’ai dit, dans des blogs précédents, des sciences de l’éducation et de Philippe Meirieu, s’applique ici. Ph. Meirieu a été non seulement le gourou de la création de ces Instituts mais, pas fou, s’est lui-même récupéré, au terme de sa faveur politique, à la direction de l’IUFM de Lyon.
Un des moments forts – l’un des rares passages intéressants et surtout sincères de l’émission - a été celui où un jeune enseignant a osé expliquer qu’alors que le stage IUFM commençait en septembre, c’est en février qu’on donnait les formations sur la lutte contre la violence en classe (arts martiaux, etc… ?) ? Vu l'intérêt et la nature de telles « formations », cela ne me paraît pas trop grave, simplement inepte, comme bien d’autres choses.
Moment comique aussi
quand le même jeune enseignant, dans la consternation générale, évoque l’une
des perles du pédagogisme des sciences de l’éduc. Les stagiaires, assis sur des
tapis de sport, sont invités à pratiquer collectivement un exercice dans lequel
ils se voient, tour à tour, lancer une balle dont la réception leur accorde une
minute de temps de parole. Au terme de la minute, qu’ils aient parlé ou non et
quel que soit le propos, ils repassent la balle à l’animateur, qui va la
renvoyer à un autre stagiaire. Cette affaire est si ridicule qu’aucun des
participants n’ose même en parler, le dénommé Jacques Durand, pressé par N.
Demorand, finit par noyer le poisson dans un flot de propos généraux ! On a
tout de même eu un bref instant de sincérité et de vérité.
Tout confirme que les sciences de l’éducation sont en fait un « pédangogisme » dans lequel les recettes d’une prétendue didactique sont plaquées sur des connaissances disciplinaires de plus en plus réduites et incertaines. Il est significatif de voir que les étudiants se plaignent, d’une seule voix, du niveau trop élevé des concours qui pourtant n’a guère varié.
En fait, sauf à considérer comme de réelles formations les discours théoriques sur la lutte contre la violence ou les pitreries de passage de parole par l’envoi d’un ballon…les IUFM ne forment à rien du tout et leur création n’a rien changé. Autrefois, pour prendre l’exemple du CAPES d'antan, celui ou celle qui était reçu à ce concours faisait un stage, une année durant, avec en général deux maîtres de stage différents et en alternant stage actif et passif. En fin d’année, on passait un CAPES « pratique » avant de rejoindre son premier poste.
Les IUFM n’ont à peu près rien
changé sur ce point pourtant essentiel. Il y a toujours une année de formation
plus ou moins bidon, avec, en plus, à l’IUFM, les discours sur la lutte contre
la violence et les jeux de ballon évoqués ci-dessus. Les enseignants continuent
donc à ne pas être formés. On peut d’ailleurs s’interroger sur la possibilité
même de former réellement à un tel métier. L’enseignement, comme la médecine,
est un art ; il y a des gens doués, sans voir jamais appris à enseigner, comme il
y en a qui ne le sont pas et qu’il faudrait, en vain peut-être, essayer de
former, si l’on ne peut les inviter à faire un autre métier. En, revanche, ce
qui est inévitablement catastrophique est de ne pas bien connaître ce que l’on
prétend enseigner, car on ajoute l’insécurité à la maladresse.Tout confirme que les sciences de l’éducation sont en fait un « pédangogisme » dans lequel les recettes d’une prétendue didactique sont plaquées sur des connaissances disciplinaires de plus en plus réduites et incertaines. Il est significatif de voir que les étudiants se plaignent, d’une seule voix, du niveau trop élevé des concours qui pourtant n’a guère varié.
En fait, sauf à considérer comme de réelles formations les discours théoriques sur la lutte contre la violence ou les pitreries de passage de parole par l’envoi d’un ballon…les IUFM ne forment à rien du tout et leur création n’a rien changé. Autrefois, pour prendre l’exemple du CAPES d'antan, celui ou celle qui était reçu à ce concours faisait un stage, une année durant, avec en général deux maîtres de stage différents et en alternant stage actif et passif. En fin d’année, on passait un CAPES « pratique » avant de rejoindre son premier poste.
C’est ainsi qu’au CAPES interne de physique, par exemple, on propose au candidat un problème de 4ème, au prétexte que c’est logique, puisqu’il enseignera la physique à ce niveau. En réalité, si on lui donnait un VRAI problème du VRAI Capes de physique (le concours externe) pour évaluer son VRAI niveau de compétence en cette matière, il ne saurait pas le faire. Rien d’étonnant à cela, puisque la très grande majorité de ceux et celles qui passent le concours interne ont, dans le passé, échoué au concours externe !".
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