Notre spécialiste, après tout, ne confond guère que le Niger avec la Somalie et il y a que quelques milliers de kilomètres entre Niamey et Mogadiscio. J'admets que tout le monde peut se tromper, mais non seulement il ne s'en rend pas compte mais nul ne s'aperçoit de cette bourde (c'est, de sa part, le cas de le dire !) dans son entourage de jouvenceaux hilares et débridés le matin, sans doute faute même, par ignorance de la géographie, de la percevoir.
Cette information étant sinon la plus importante du moment du moins la plus scandaleusement comique, je vous la livre immédiatement et je reviendrai un peu plus tard sur les affaires maliennes pour lesquelles il y a pas mal à dire
11 heures
Honni soit qui
Mali pense (suite)
« L'espoir
changea de camp, le combat changea d'âme ».
Si ce vers de
Victor Hugo figure dans le récit de la bataille de Waterloo (ce n'était pas
Grouchy mais Blücher !), les choses sont en train de changer au Mali où
l'opération "Serval" est à géométrie des plus variables. Entre nous,
drôle de nom pour une opération que celui d'un mini-félin africain plus proche
du chat que de son lointain cousin le lion, qui ronronne (comme le chat ce que
ne fait pas le cousin léonin), qui crache et surtout pisse toutes les deux
minutes !
Les militaires
en retraite érigés en experts (certains ont même ouvert boutique) ne quittent
plus écrans et micros. Selon eux, comme selon notre Président, l'intervention
française devait se situer au plan purement logistique et ne mettre guère en
œuvre que des troupes françaises stationnées en Afrique, au Tchad ou en Côte
d'Ivoire. Or voilà que nos médias se précipitent sur les mamans et les papas de
militaires qui s'envolent toutes affaires cessantes pour Bamako ; on nous
annonce soudain que 2500 soldats français seront engagés dans une opération qui
n'a plus rien de purement logistique. Si l'on ajoute qu'un nombre égal de
soldats africains serait envoyé au Mali par la Communauté de l'Afrique de
l'Ouest, ce n'est pas moins de 5000 ou 6000 hommes que vont devoir affronter le
pauvre millier de désormais "terroristes" qui occupaient le Nord et que les
bombardements auraient poussés à attaquer désormais le Sud..
Pour être simple
et pour ceux qui sont peu familiers avec la géographie du Mali, assez étonnante
d'ailleurs, cet Etat a la forme d'un immense sablier dont la partie haute (le Nord) est
bien plus grande que le Sud. Les djihado-terroristo-indépendantistes qui,
jusqu'à présent, ne se tenaient que dans la partie haute du sablier ont
désormais franchi son rétrécissement médian, en attaquant en particulier
Diabali qui est situé à l'ouest de Mopti, seule ville importante qui se situe,
en gros, juste sur la partie rétrécie du sablier malien.
On peut certes
s'interroger sur les raisons qui ont poussé les troupes du Nord à franchir
cette limite Nord-Sud et à attaquer le Sud. Nos retraités militaires devenus
experts comme un certain nombre de prétendus spécialistes du Mali suggèrent
qu'il y a là une erreur stratégique de leur part, ce que, personnellement (en
tant que "marsouin" deuxième classe de réserve), je ne crois absolument
pas. Ces prétendus experts soulignent que les premières frappes aériennes
françaises sur les villes du Nord occupées qui les auraient poussé à ces
attaques. Je n'en crois rien, pour la simple et bonne raison, qu'elles ont
semble-t-il commencé avant ces
frappes qui n'ont été qu'une riposte. En réalité, les responsables militaires de ces
islamistes ont choisi d'attaquer le Sud pour donner un but militaire et
idéologique à leurs troupes, qui, depuis quelques mois, ne cessaient de
s'opposer voire de s'affronter entre elles. C'est d'ailleurs là l'analyse de ce
journaliste anglophone que je citais hier et qui me paraît plus raisonnable que
nos prétendus experts.
Les troupes
maliennes ont une fois de plus montré à Diabali leur totale incapacité à
résister à des soldats expérimentés bien armés. En revanche, le combat tend à
devenir désormais très inégal tant sur le plan du nombre (5000 ou 6000 hommes du
côté de Bamako contre un gros millier chez les nordistes) comme des armements
(les Français disposent probablement d'une centaine de véhicules lourds, dont
des chars d'assaut qui d'ailleurs ne semblent pas une arme très adaptée aux
configurations du terrain, sans parler - et je l'ai vu de mes yeux - des
missiles anti-chars dont on voit mal l'utilité !). Ajoutons-y l'armada
aérienne qui rendrait la lutte totalement inégale, si elle se déroulait sur un
terrain favorable à de telles actions. En fait, et on le voit déjà, il est
infiniment probable que les nordistes vont engager le combat sur celui de la
guérilla dans un terrain qui leur est parfaitement familier.
Ce qui est le
plus curieux dans cette affaire est le début de la "guerre psychologique"
et là aussi nous sommes bien armés avec les "conseillers médias" de nos
forces ! On peut l'observer, à travers
en particulier des médias mauritaniens qui sont favorables aux islamistes du
Nord ; on y parle déjà, en effet de "retraits tactiques" ou de "replis
stratégiques", lorsque ces troupes du Nord sont obligées de se replier
devant les bombardements et bientôt les assauts. Tout cela cela fait penser à
la propagande allemande de la Deuxième Guerre Mondiale où les déculottées
teutonnes sur le front de l'Est devenaient, dans les médias hitlériens ou vichystes, des "replis
sur des positions préparées à l'avance »!
Quant aux
frappes et aux bombardements, c'est une arme à double tranchant. Si dans les
bombardements de Gao et deTombouctou, on a parlé d'une centaine de morts chez
les combattants djihadistes, il est peu probable que les populations civiles aient
été totalement épargnées ; il semble, en tout cas, du côté de Diabali, que les
nordistes aient commencé à prendre en otages des notabilités locales ainsi que
leurs familles qui serviront de "boucliers humains", sans parler des enlèvements en Algérie (un Français et cinq
Japonais) que j'apprends en écrivant ce blog!
"Quelle connerie
la guerre!", comme écrivait Prévert et chantait Barbara.
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