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mercredi 16 janvier 2013

Otages : la meilleure du jour. Honni soit qui Mali pense (suite)

9h08 sur radio "bignoles" RMC, Jean-Jacques Bourdin exprime son indignation devant la manœuvre des shebabs qui veulent organiser la mise en scène de l'exécution de l'otage français qui est sans doute déjà mort. Bourdin, avec ces accents d'indignation dans lesquels il excelle et dont il use de plus en plus à tout propos, annonce solennellement que, pour lutter contre cette ignoble propagande, il ne dira plus un mot à propos de l'otage de… Niamey.

Notre spécialiste, après tout, ne confond guère que le Niger avec la Somalie et il y a que quelques milliers de kilomètres entre Niamey et Mogadiscio. J'admets que tout le monde peut se tromper, mais non seulement il ne s'en rend pas compte mais nul ne s'aperçoit de cette bourde (c'est, de sa part, le cas de le dire !) dans son entourage de jouvenceaux hilares et débridés le matin, sans doute faute même, par ignorance de la géographie, de la percevoir.

Cette information étant sinon la plus importante du moment du moins la plus scandaleusement comique, je vous la livre immédiatement et je reviendrai un peu plus tard sur les affaires maliennes pour lesquelles il y a pas mal à dire

11 heures

Honni soit qui Mali pense (suite)

« L'espoir changea de camp, le combat changea d'âme ».

Si ce vers de Victor Hugo figure dans le récit de la bataille de Waterloo (ce n'était pas Grouchy mais Blücher !), les choses sont en train de changer au Mali où l'opération "Serval" est à géométrie des plus variables. Entre nous, drôle de nom pour une opération que celui d'un mini-félin africain plus proche du chat que de son lointain cousin le lion, qui ronronne (comme le chat ce que ne fait pas le cousin léonin), qui crache et surtout pisse toutes les deux minutes !

Les militaires en retraite érigés en experts (certains ont même ouvert boutique) ne quittent plus écrans et micros. Selon eux, comme selon notre Président, l'intervention française devait se situer au plan purement logistique et ne mettre guère en œuvre que des troupes françaises stationnées en Afrique, au Tchad ou en Côte d'Ivoire. Or voilà que nos médias se précipitent sur les mamans et les papas de militaires qui s'envolent toutes affaires cessantes pour Bamako ; on nous annonce soudain que 2500 soldats français seront engagés dans une opération qui n'a plus rien de purement logistique. Si l'on ajoute qu'un nombre égal de soldats africains serait envoyé au Mali par la Communauté de l'Afrique de l'Ouest, ce n'est pas moins de 5000 ou 6000 hommes que vont devoir affronter le pauvre millier de désormais "terroristes" qui occupaient le Nord et que les bombardements auraient poussés à attaquer désormais le Sud..

Pour être simple et pour ceux qui sont peu familiers avec la géographie du Mali, assez étonnante d'ailleurs, cet Etat a la forme d'un immense sablier dont la partie haute (le Nord) est bien plus grande que le Sud. Les djihado-terroristo-indépendantistes qui, jusqu'à présent, ne se tenaient que dans la partie haute du sablier ont désormais franchi son rétrécissement médian, en attaquant en particulier Diabali qui est situé à l'ouest de Mopti, seule ville importante qui se situe, en gros, juste sur la partie rétrécie du sablier malien.

On peut certes s'interroger sur les raisons qui ont poussé les troupes du Nord à franchir cette limite Nord-Sud et à attaquer le Sud. Nos retraités militaires devenus experts comme un certain nombre de prétendus spécialistes du Mali suggèrent qu'il y a là une erreur stratégique de leur part, ce que, personnellement (en tant que "marsouin" deuxième classe de réserve), je ne crois absolument pas. Ces prétendus experts soulignent que les premières frappes aériennes françaises sur les villes du Nord occupées qui les auraient poussé à ces attaques. Je n'en crois rien, pour la simple et bonne raison, qu'elles ont semble-t-il commencé avant ces frappes qui n'ont été qu'une riposte. En réalité, les responsables militaires de ces islamistes ont choisi d'attaquer le Sud pour donner un but militaire et idéologique à leurs troupes, qui, depuis quelques mois, ne cessaient de s'opposer voire de s'affronter entre elles. C'est d'ailleurs là l'analyse de ce journaliste anglophone que je citais hier et qui me paraît plus raisonnable que nos prétendus experts.

Les troupes maliennes ont une fois de plus montré à Diabali leur totale incapacité à résister à des soldats expérimentés bien armés. En revanche, le combat tend à devenir désormais très inégal tant sur le plan du nombre (5000 ou 6000 hommes du côté de Bamako contre un gros millier chez les nordistes) comme des armements (les Français disposent probablement d'une centaine de véhicules lourds, dont des chars d'assaut qui d'ailleurs ne semblent pas une arme très adaptée aux configurations du terrain, sans parler - et je l'ai vu de mes yeux - des missiles anti-chars dont on voit mal l'utilité !). Ajoutons-y l'armada aérienne qui rendrait la lutte totalement inégale, si elle se déroulait sur un terrain favorable à de telles actions. En fait, et on le voit déjà, il est infiniment probable que les nordistes vont engager le combat sur celui de la guérilla dans un terrain qui leur est parfaitement familier.

Ce qui est le plus curieux dans cette affaire est le début de la "guerre psychologique" et là aussi nous sommes bien armés avec les "conseillers médias" de nos forces !  On peut l'observer, à travers en particulier des médias mauritaniens qui sont favorables aux islamistes du Nord ; on y parle déjà, en effet de "retraits tactiques" ou de "replis stratégiques", lorsque ces troupes du Nord sont obligées de se replier devant les bombardements et bientôt les assauts. Tout cela cela fait penser à la propagande allemande de la Deuxième Guerre Mondiale où les déculottées teutonnes sur le front de l'Est devenaient, dans les médias hitlériens ou vichystes, des "replis sur des positions préparées à l'avance »!

Quant aux frappes et aux bombardements, c'est une arme à double tranchant. Si dans les bombardements de Gao et deTombouctou, on a parlé d'une centaine de morts chez les combattants djihadistes, il est peu probable que les populations civiles aient été totalement épargnées ; il semble, en tout cas, du côté de Diabali, que les nordistes aient commencé à prendre en otages des notabilités locales ainsi que leurs familles qui serviront de "boucliers humains", sans parler des enlèvements en Algérie (un Français et cinq Japonais) que j'apprends en écrivant ce blog!

"Quelle connerie la guerre!", comme écrivait Prévert et chantait Barbara.

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