Le Caire le 11 février 2011
Cher François,
Je vous sais gré, en ces temps troubles pour ma personne, de prendre le temps et même d'avoir le courage d'évoquer vos dernières vacances dans mon cher pays.
Cependant ne me remerciez pas. Les soucis d'intendance, que mes services ont réglés pour vous, ne sont que le témoignage d'une longue tradition d'hospitalité vis-à-vis des hautes autorités de votre pays.
J'ai eu, en effet, le plaisir d'accueillir votre président Nicolas lors d'un noël précédent, mais surtout la joie de recevoir à de très nombreuses reprises un autre François tellement amoureux de l'Egypte que je lui en aurais presque proposé la nationalité si je ne l'avais pas soupçonné, du fait de ses deux épouses, alors que moi je n'en ai qu'une, des sympathies pour les Frères Musulmans dont je tentais de réduire l'influence, ce dont d'ailleurs les occidentaux m'étaient fort reconnaissants. Ils ont d'ailleurs longuement témoigné de cette reconnaissance par une aide indéfectible à mon égard et plus particulièrement à mon armée sur laquelle j'avais appuyé mon pouvoir.
Mais bon, vous savez bien que l'ingratitude règne en ce bas-monde et ainsi ceux qui m'aimaient jusqu'au début de cette année, mes amis occidentaux, mes généraux, ont décidé que j'étais devenu de trop.
Je tiens, à cette occasion, d'ailleurs à vous remercier de votre indéfectible amitié, que désormais nous ferons plus discrète, ce que des mauvaises langues interpréteront comme un manque de perspicacité ou un signe d'opportunisme. Mais laissez dire ! Dans votre pays, je sais que les gens ont la mémoire courte et que les erreurs de jugement, les fautes, les turpitudes diverses, dont sont coutumiers ses hommes politiques, sont oubliées rapidement. On se remet de tout chez vous.
Ici évidemment ce n'est pas pareil. On n'a jamais qu'une chance. Et donc avertis de cette règle, nous, les dictateurs, prévoyons notre avenir. C'est pourquoi je vous demande de ne pas vous inquiéter pour mon sort et celui de mes proches. Tout est prévu depuis le jour de mon accession au pouvoir. Regardez mon ami Ben Ali. Ce n'est pas demain qu'il ira à la soupe populaire.
Bien que j'aie quand même été gêné par le fait que vous ne l'accueilliez pas dans votre pays et que vous geliez ses avoirs. Certaines traditions d'accueil des dictateurs se perdent chez vous. Et c'est d'ailleurs pour cette raison que, bien que j'aie passé la main à mon vice-président, je ne pars pas encore car j'ai quelques dispositions à prendre.
Voilà ! Tout ce qui me reste à espérer pour vous et vos homologues, c'est que ce sera un des mes généraux qui prendra la suite. Ce qui vous permettra de pouvoir continuer à apprécier les charmes et l'hospitalité de ce cher pays qui m'a tant donné mais que je vais bientôt quitter.
Grosses bises à la charmante Pénélope et aux enfants.
Hosni
Cette lettre, par je ne sais quel mystère (Wikileaks?) a été mise en ligne hier comme simple commentaire par Expat. J'ai jugé, avec son accord, qu'elle méritait mieux!
PS. N'empêche que, comme me le disait, au téléphone, Hillary, qui n'a toujours pas digéré sa défaite. "Si j'avais été élue, tout se serait passé autrement : "Comme Président, il est mou Barrack!"."
samedi 12 février 2011
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1 commentaire:
Il paraît que Sarko aurait dit à Fillon, parlant de Moubarak : "J'aurais préféré qu'il restât !"
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