Le fait qu'une partie importante des postes mis aux concours de l'éducation nationale (près d'un millier) n'ait pas été pourvue a fait, aux côtés de DSK et de Tristane, les titres de bon nombre d'organes de presse écrite ou audiovisuelle.
On a pu vérifier ainsi des constantes de nos organes d'information. D'une part, la plupart d'entre eux se sont bornés, comme d'hab., à reproduire la dépêche de l'AFP sur le sujet. À cet égard, Google, qui réunit les principaux articles sur les questions, permet de constater sans effort leur stricte identité, au moindre détail près (par exemple, une ou deux sottises qui sont aussitôt fidèlement reproduites dans toute la presse).
Le plus bel exemple d'ignorance du sujet et de fidélité servile à l'égard de la dépêche d'agence est donnée par les titres de nombre de ces articles, en particulier sur le CAPES (concours d'aptitude au professorat de l'enseignement secondaire) ; tous sont du genre « Faute de candidats, de nombreux postes mis aux concours ne seront pas pourvus! ». Le fait est qu'effectivement 978 postes n'ont pas été pourvus dans quatre concours majeurs. Cette proportion n'est pas la même pour toutes les disciplines, les mathématiques ayant en quelque sorte le record en la matière puisque, alors que 950 postes étaient ouverts, 574 seulement ont été pourvus.
Le pire est que, même à la télévision où l'on pouvait ne pas se contenter d'une dépêche d'agence, et où l'on a fait intervenir des personnes réputées compétentes, les choses n'ont guère été ni plus précises ni plus exactes . Le responsable syndical de service a naturellement accusé la réduction du nombre de postes de fonctionnaires qui découragerait les candidats (ce qui est évidemment faux et même idiot puisque ce devrait être le contraire !) ; la rue de Grenelle n'a pas souhaité qu'on filme son représentant qui s'est borné à donner au téléphone des arguments sans grand rapport avec la question.
Notre presse ne faisant pas son travail, il faut bien entendu, comme toujours, qu'Usbek s'y colle et le fasse à sa place.
Il n'y a, naturellement et fort heureusement, aucune obligation, dans les concours de recrutement de l'éducation nationale à ce que tous les postes soient pourvus et cela n'a jamais été le cas. C'est même le principal pour ne pas dire le seul avantage de ces concours. Il devient plus évident encore quand on voit comment certains masters sont distribués dans certaines universités. Pour votre gouverne, voici prise au hasard cette réflexion si éclairante par sa forme d'un candidat potentiel à l'un de ces concours! : " On a besoin de prof, je pense que certains sont capables d'enseigner et non pas le niveau".
Le nombre de postes pourvus est donc fonction du NIVEAU des candidats et non de leur NOMBRE (Il y a, en gros et en général, un candidat reçu sur 6). Pour illustrer cet aspect par un exemple, on a observé, entre 2005 et 2006, un accroissement spectaculaire du pourcentage des candidats reçus (en 2006, 6837 reçus pour 6862 postes), non pas tellement parce que le niveau des candidats avait soudain monté, mais parce que le nombre de postes avait été diminué de 25 % par rapport à l'année précédente.
Or il est clair que, depuis deux ou trois ans, on observe dans les universités (je parle ici surtout des facultés de lettres que je connais mieux que les facultés de sciences) une diminution très forte du nombre des candidats qui s'orientent vers les filières de concours comme de celui des admissibles à ces mêmes concours. Il y a donc, en, même temps une baisse du nombre et du niveau des candidats. Cette filière attirait naguère encore les meilleurs étudiants, mais la dégradation générale à la fois des conditions générales d'enseignement et de la situation comme de l'image des enseignants détournent de plus en plus de cette voie les étudiants qui sont en mesure de faire autre chose.
Il est donc absurde de dire qu'il y a, en 2011, 978 postes non pourvus « faute de candidats », alors que ce fait est lié de façon très directe, certes, sans doute à la réduction du nombre de candidats mais surtout pour ne pas dire exclusivement à une baisse très sensible de leur qualité et de leur niveau.
Ce qui amène, par exemple, en mathématiques, à recruter 574 candidats et à en écarter 376 n'est pas une décision préalable de réduire le nombre des reçus mais le fait que le 575ème (et a fortiori tous ceux qui ont des notes inférieures à lui) n'a pas obtenu une note suffisante pour qu'on le juge digne d'être reçu. Soyez sûrs d'ailleurs que comme c'est un CONCOURS et non pas un EXAMEN, on est largement descendu au-dessous de la moyenne!
Cette situation n'est pas nouvelle et il y a toujours eu un jeu assez compliqué entre le nombre de concours de postes mis aux concours et le nombre de reçus. Dans les années 60, le nombre des candidats étant très réduit, il est même arrivé que, dans certaines disciplines très déficitaires comme les mathématiques (déjà) et les lettres classiques, on supprime l'écrit à la veille des épreuves et que tous les candidats inscrits soient invités à se présenter à l'oral.
La situation est particulièrement critique en mathématiques ; la chose s'explique aisément quand on sait que déjà le premier cycle des sections de sciences dures des universités n'accueillent guère que des bacheliers qui n'ont pas réussi à entrer dans l'une des innombrables écoles d'ingénieurs. Un étudiant, qui a de bonnes compétences dans cette discipline, à en outre toute facilité de se reconvertir ailleurs qu'en devenant professeur de mathématiques dans un collège. Le nombre des candidats et leur niveau ne peuvent donc que s'en ressentir.
Ces remarques, si elles ont le mérite, bien mince, de rendre un compte plus exact de la situation que les articles de nos journaux ou les sujets de notre télévision, n'apportent en rien une solution au problème de l'enseignement. La constante dégradation de la situation des enseignants et des conditions d'enseignement détournent naturellement de cette vocation tous ceux qui sont en mesure de faire autre chose. Nous voilà bien loin de la situation d'autrefois où les carrières de l'enseignement étaient la voie royale pour tous les bons éléments de nos universités.
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3 commentaires:
L'article du monde est bien
je suis sure qu'il s'agit d'une faute de frappe (dernière phrase du paragraphe 3)
courageuse mais pas téméraire, je ne signe pas...
Chère Anonyme,
Pas trouvé de faute dans la denière phrase du paragraphe 3 sinon dans l'absence de subjonctif imparfait que l'usage présidentiel impose désormais à tous!
Usbek
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