Y'en a marre d'être en permanence cerné par les analphabètes, ceux de l'administration s'ajoutant désormais à ceux de nos médias. Ce blog rageur est suscité par une crise que je prends en lisant dix fois par jour des textes qui démontrent que l'immense majorité des Français employés par notre administration ignorent désormais le sens du verbe "renseigner" pourtant des plus clairs et des plus simples . Je croyais jusqu'à présent à l'existence de concours administratifs visant à vérifier au moins chez les candidats, à défaut d'autres compétences ou mérites, une connaissance minimale de la langue française.
Je cite ici le dernier usage de ce pauvre verbe, rencontré il y a cinq minutes et qui a suscité ma juste colère « Votre numéro de mobile n'est pas renseigné dans la rubrique mon compte utilisateur de l'espace client ». Je passe sur l'étrangeté d'une telle formule qui figure dans la rubrique qui permet en principe d'accéder à sa facture Orange.
Cet emploi stupide et scandaleux du verbe "renseigner'" est en effet constant dans le jargon officiel et figure hélas dans la plupart des documents administratifs, car le petit-fils Soupe ignore le français que son grand-père connaissait encore ; on lit donc partout désormais l'ordre, fermement exprimé mais absurde, de « Renseigner la rubrique X. ». Cet emploi, naguère encore occasionnel, est devenu systématique et je soupçonne les ânes qui en usent de le juger plus élégant que le modeste et désuet "Remplir".
On devrait, de ce fait, inclure dans les épreuves des concours administratifs l'usage du Petit Larousse où les rédacteurs de tels textes pourraient trouver aisément la signification réelle du verbe "renseigner". On "renseigne", en effet, une personne ; on ne "renseigne" pas un document qui est une chose. Tout cela est aussi inepte qu'exaspérant !
Je suggérerais également à un très grand nombre de personnes qui souvent, d'un air autorisé et compétent, pérorent dans nos médias de vérifier, dans les pages jadis roses de ce même dictionnaire, la lettre et le sens de l'abréviation « etc. ».
La plupart de nos commentateurs radio et télévision disent en effet « eK cætera » ce qui démontre, à l'évidence, qu'ils ignorent l'origine de cette expression et par conséquent son sens originel pourtant fort simple. La formule développée est en effet "et cetera" (et non pas le "et cætera" que me proposent, à tort, les rédacteurs de mon logiciel Dragon) qui est la vraie formule latine qui veut dire "et les autres choses" , "et tout le reste". Les utilisateurs du "eK cetera" que je dénonce n'ont même pas pris la peine de lire l'abréviation de la formule dont ils usent car elle est sur ce point parfaitement claire.
Vous allez me dire qu'une fois de plus, je pinaille ; j'en conviens mais je le fais d'autant plus que ces mêmes personnes, qui ignorent le sens de "renseigner" et usent de leurs chers "eK cetera", sont parfois les mêmes qui se tordent les mains de désespoir au sujet de la baisse du niveau des élèves de nos écoles. Comment pourrait-il en être autrement et comment les enfants pourraient-ils avoir une pratique du français correct quand on les expose sans cesse, à la télévision comme à la radio, et pis encore dans les documents officiels, à des attentats permanents contre la langue qui ne témoignent au fond que de l'ignorance crasse de ceux qui parlent dans ces médias ou qui rédigent ces documents officiels?
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