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lundi 14 mai 2012

"Franchement..."

Je ne sais plus quel haut dirigeant nazi (peut-être Goebbels ?) disait que lorsqu'il entendait le mot "culture", il sortait son revolver. Vous pouvez en faire autant si vous entendez un homme politique commencer une de ses phrases par : « Franchement... ».

J'ai eu ces derniers jours (et ce matin encore...) de multiples occasions de vérifier la chose.

Il est vrai que nous sommes passés, un peu brutalement, des présidentielles aux législatives et que le ton et le registre ont bien changé. Aux présidentielles, dans chacun des deux camps, on nous jouait « Embrassons-nous Folleville ». Aux législatives, on est à mi-chemin entre « On purge bébé » et les Atrides.

Tout politique (je devrais dire "politicien" avec la connotation que ce terme a dans notre langue) jette désormais le masque et révèle ses ambitions mesquines comme ses calculs sordides, le tout sous couvert de "Franchement...". Les seules exceptions (et encore) sont constituées par ceux et celles à qui on garantit une élection de maréchal, dans des circonscriptions mitonnées à l'avance, comme Messieurs Guéant ou Guaino, même si des élus locaux, de leur parti évidemment, qu'on vire pour leur faire place, renâclent un peu. Rassurez-vous toutefois on saura leur trouver quelque prébende ici ou là, aux frais de la République. L'amour de la patrie et la défense de la France ont cédé la place au maintien des sinécures et des avantages en place. Ce n'est plus le temps de chanter la Marseillaise, on passe à Dutronc "Et moi et moi et moi!";  la main, naguère  sur le coeur, l'est désormais sur le portefeuille car il faut défendre son bifteck électoral. Chacun s'y emploie avec férocité, tout en niant l'évidence de la démarche avec la plus parfaite impudence : " Franchement... ».

Une des exceptions notables me paraît constituer par le jeu (sans risque, car il reste député européen!) de Jean-Luc Mélenchon, à qui le soudain et inattendu  vedettariat de la précédente campagne électorale semble avoir tourné la tête. Encore un mois de gloire Monsieur le bourreau! Il ne peut plus désormais se passer des applaudissements et ce n'est pas à Strasbourg qu'il pourra s'en gaver, vu le peu d'enthousiasme comme d'assiduité des membres du Parlement européen.

En revanche, un dernier succès électoral n'est pas pour lui déplaire, même s'il n'a pas plus de chances de sortir vainqueur de cette opération que sa rivale (ou son compère) en dépit de la déconfiture locale du parti socialiste. Pour cet ultime tour de piste, Mélenchon s'est même trouvé un Monsieur Loyal avec le patron local du Parti communiste, formation qui ne compte plus que pour du beurre dans la onzième circonscription du Pas-de-Calais. En revanche, les socialistes locaux, assurés de vaincre, dans des élections "normales", font la gueule et déplorent le cirque gaucho-national qui attire vers le Pas-de Calais une attention nationale dont ils se passeraient bien.

Tout cela est évidemment consternant ou du plus haut comique, comme on veut ! Le spectacle des duettistes Jean-Luc et Marine est, en tout cas, bien plus amusant que les modestes rivalités clochemerlesques qui, ici ou là, se font jour entre les écolos et  les socialistes (dissidents ou pas), en dépit du fameux accord d'avant le fatal  2% (que n'y a-t-on mis une clause de résiliation!) ou entre UMP certifiés conformes et ceux qui ne sont pas ou plus, ou qui auraient voulu ou dû l'être, sans parler de la parité, si commode à invoquer ici ou là.

Une fois de plus, la grande perdante de l'affaire est la démocratie elle-même car apparaissent à plein, en dépit de leurs « Franchement... », les véritables motivations de la plupart de nos aspirants à la vie politique.

Prochain épisode avec le cumul des mandats...si on en reparle. Franchement...

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