Si les antagonismes et les dissensions au sein de l'UMP sont multiples (mais pas plus qu'ailleurs sans doute sauf lorsqu'apparaît un fromage à l'horizon), tout le monde les connaît depuis longtemps. Les Guignols de l'Info ont même, naguère, fait une de leurs spécialités des affrontements entre les uns et les autres, Bertrand et Chatel rivalisaient dans la flagornerie auprès du maître ; on savait aussi que le "collaborateur" Fillon n'était pas non plus, forcément, en odeur de sainteté auprès de Nicolas ni des ténors de son propre parti qui tous, de ce fait même, guignaient sa place.
On sait aussi que pour des raisons, qui lui appartenaient sans doute, Nicolas Sarkozy, sans élection, avait mis Jean-François Copé à la tête de l'UMP, en le flanquant toutefois, explicitement et étroitement, de son cher Hortefeux chargé de le surveiller et de le contrôler sur tous les points et qui, dans les circonstances présentes est curieusement absent.
On s'est interrogé sur la prise de position soudaine de François Fillon alors qu'elle était pourtant parfaitement claire et totalement prévisible, si l'on avait écouté, dans les jours précédents, Jean-François Copé. Celui-ci, en effet, se prévalait de sa position à la tête de l'UMP pour revendiquer la gouvernance du parti, au moins jusqu'au congrès de l'automne et plus si affinités! Il avait bien l'intention de mitonner la suite à son profit.
Il est clair que François Fillon ne pouvait laisser s'accomplir ce plan ; faute d'être en mesure de laisser les choses en l'état, il fallait qu'il provoque un incident propre à remettre les cartes sur la table. C'est très exactement ce qu'il a fait et la suite à montré que c'était effectivement là le comportement à tenir. Jean-François Copé a été conduit à battre aussitôt en retraite, affirmant, toujours sans rire (car cet homme est d'un sérieux imperturbable), qu'il n'était pas question que quiconque revendique la direction du mouvement qu'il s'était pourtant lui-même approprié, explicitement et publiquement, quelques jours auparavant.
Comble de malheur, dans tout cela, nous avons été hélas privés des commentaires éclairés de Jean-Michel Patati, le grand expert en la matière, qu'une situation économique difficile avait conduit, durant la présidentielle, à accepter de faire des "ménages" alimentaires dans Gala (Je vous jure que c'est vrai car j'ai eu en mains les pièces à conviction chez mon coiffeur !). En plus gravement touché, en ces lieux insalubres, par le virus people, il a, dans la foulée, retour de Gala, fait sa valise pour filer à Cannes faire le pitre au Grand journal festivalier de Denisot où l'on n'a guère causé politique !
Bref ! On a donc eu samedi 26 mai 2012, une jolie reprise de "je t'aime moi non plus" par les duettistes de l'UMP ( en attendant l'entrée en scène ultérieure d'un choeur plus étoffé car piétinent et font des vocalises, derrière le rideau NKM - si elle survit aux législatives -, Wauquiez, Juppé, Bertrand, etc.).
Copé qui avait préparé la salle était installé au premier rang de la manifestation (normal car c'est lui qui recevait, somme toute) ; Fillon est arrivé après et l'a rejoint dans une scène d'anthologie, où les deux rivaux se sont tout de même serré la main pour la photo, mais sans s'accorder le moindre regard ni échanger la moindre parole.
Après "Je t'aime moi non plus", ce fut donc, deux heures d'horloge durant, "Embrassons-nous Folleville" avec toute la gamme des protestations d'unité ("dans la diversité" bien sûr) et de parfait accord dans la campagne des législatives ; chaque grosse nuque de l'UMP a repris tour à tour ce refrain aussi éculé qu'inattendu, avant qu'un farceur, en fin de séance, pose la question de savoir s'il n'aurait pas fallu faire appel, en ces circonstances difficiles, au « meilleur d'entre nous », comme à l'accoutumée « droit dans ses bottes ».
L'histoire ne dit pas si Alain Juppé a modestement rosi en la circonstance.
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